Quand le corps parle : les maladies que révèlent nos odeurs

Publié par La Rédaction Médisite
le 02/09/2025
the woman in the yellow shirt covered her nose with her hands because she was sweating in her armpits and had a bad smell health care concept
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Nos odeurs corporelles ne sont pas qu’une question d’hygiène : elles peuvent révéler l’existence de maladies, parfois avant même les premiers symptômes. De Parkinson au diabète, la science explore ce langage invisible du corps pour en faire un outil de diagnostic précoce.

Et si l’odeur de notre corps en disait plus que n’importe quel examen médical ? Depuis plusieurs années, chercheurs et médecins s’intéressent de près aux signaux chimiques que nous émettons. Ces arômes particuliers pourraient être la clé d’un diagnostic précoce pour des maladies graves, allant de la maladie de Parkinson au cancer, en passant par le diabète ou le paludisme.

L’histoire incroyable d’une « super-nez »

Tout commence en Écosse avec Joy Milne, une infirmière à la retraite. Elle remarque chez son mari une odeur musquée inhabituelle, bien avant qu’on ne lui diagnostique la maladie de Parkinson. En rencontrant un neuroscientifique à Édimbourg, elle confie avoir reconnu la même senteur chez d’autres patients. « C’était incroyable », raconte le chercheur Perdita Barran dans un article publié sur la BBC. « Elle a diagnostiqué la maladie à l’avance, comme elle l’avait fait pour son mari », ajoute-t-il.

Mise à l’épreuve, Joy identifie sans erreur six malades parmi douze volontaires en sentant leurs vêtements, allant même jusqu’à signaler un cas qui sera confirmé l’année suivante. Elle souffre d’hyperosmie héréditaire, un odorat surdéveloppé. Depuis, son flair inspire la recherche : « Nous avons décidé de voir si elle avait raison… et elle ne perdait pas son temps », se souvient Perdita Barran.

Quand les odeurs deviennent des biomarqueurs

Notre organisme rejette en permanence des composés organiques volatils, issus du métabolisme. Chez une personne malade, ce profil chimique change. Ces altérations expliquent pourquoi certaines pathologies dégagent des odeurs typiques. 

Les chiens et les machines à l’affût

Les performances canines sont spectaculaires pour repérer des odeurs indétectables par les êtres humains. Certains d’entre eux détectent le cancer de la prostate avec 99 % de précision, ou encore le paludisme et les crises de diabète. Mais leur dressage est long et tous les chiens ne conviennent pas.

La science tente donc de reproduire leur flair. Grâce à la chromatographie en phase gazeuse et à la spectrométrie de masse, l’équipe de la chercheuse Perdita Barran a identifié une trentaine de lipides dans le sébum qui trahissent systématiquement la maladie de Parkinson. « Nous voulons un test très rapide et non invasif qui permette de classer les patients efficacement », explique-t-elle sur la BBC.

Chez RealNose.ai,  le physicien Andreas Mershin va plus loin. Ses capteurs utilisent de véritables récepteurs olfactifs humains, analysés ensuite par intelligence artificielle. « Les ingrédients d’un gâteau nous en disent peu sur son goût ou son odeur. Ce qui compte, ce sont les schémas d’activation sensorielle, proches de ce que fait le cerveau », souligne t-il sur le média britannique. 

L’avenir du diagnostic olfactif

Joy Milne travaille aujourd’hui aux côtés des chercheurs. « Nous ne l’utilisons plus beaucoup pour la détection : il peut analyser au maximum dix échantillons par jour, et c’est épuisant », reconnaît Perdita Barran. Mais son héritage est immense. Elle a ouvert une voie nouvelle où l’odeur devient un outil médical. « La morale de cette histoire, conclut Barran, est que chacun devrait se sentir habilité à observer sa santé ou celle de ses proches, et agir s’il pense que quelque chose ne va pas. »

Alors vous voulez connaître les maladies qui dégagent une odeur si particulière que la plupart des humains peuvent les sentir ? Voici un diaporama.

Diabète

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gros plan sur une femme médecin donnant un choix entre pomme et beignet
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"L’haleine d’une personne diabétique peut avoir l’odeur de la pomme reinette. C’est un signe d’une acidocétose diabétique. Elle est due à la présence de cétone dans son sang", explique Yves Gouiffes Yan, infirmier en cabinet libéral. C’est une urgence médicale qui doit être prise en charge. "Le diagnostic se fait avec une analyse d’urine où l’on retrouve un taux de sucre élevé et des corps cétoniques et une prise de sang qui montre une diminution du pH sanguin et une hyperglycémie", ajoute le professionnel de santé. "L’éducation d’un patient diabétique à domicile sur le risque d’acidocétose est notre rôle en tant qu' infirmiers libéraux."

Maladies du foie

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Une mauvaise haleine peut être un signe significatif d’une maladie du foie. "Les composés sulfurés volatils, normalement éliminés par le foie, peuvent s’accumuler dans le sang et être expirés par les poumons, provoquant une haleine désagréable. Ce symptôme peut être particulièrement notable chez les patients souffrant de cirrhose ou d’autres formes de dommages hépatiques où la capacité du foie à filtrer le sang est altérée", précise la clinique Elsan sur leur site.

Vaginose bactérienne

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"Chez les femmes, une odeur de poisson peut être liée à une vaginose bactérienne. Maintenir un pH vaginal équilibré est crucial pour éviter les infections responsables de mauvaises odeurs", explique la la docteure en gynécologie Anne de Kervasdoué.

Tuberculose

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Ärztin hört die lunge einer patientin ab
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Une étude menée en 2014 par les chercheurs du Karolinska Institut et de Stockholm montre que les personnes touchées par la Tuberculose ont une haleine de bière. 

Selles très odorantes

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en utilisant les toilettes une jeune femme utilise une toilette avec un rouleau de papier toilette à la main
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"Certaines maladies infectieuses dégagent également des odeurs caractéristiques. Des selles odorantes pourraient être le signe d'une infection au choléra ou à la bactérie Clostridioides difficile , une cause fréquente de diarrhée", précise la BBC dans son article. 

Stress

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Le stress peut provoquer une odeur d’ail ou d’oignon sous les aisselles, liée à la dégradation bactérienne.

Fluctuations hormonales

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Autre

Si votre sueur sent le vinaigre, cela peut venir de fluctuations hormonales telles que la puberté, la ménopause, ou encore les règles.

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