Ammoniac, Acétone... Les odeurs caractéristiques des maladies !© vladimirfloyd - Fotolia.com
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Certaines maladies peuvent se manifester par des odeurs corporelles particulières : haleine fruitée, sueur d’ammoniac, odeur de poisson… Souvent ignorés, ces signaux olfactifs peuvent pourtant révéler un dysfonctionnement grave. Comment les reconnaître ? Quels sont leurs sources ? On fait le point.

Pourquoi le corps dégage-t-il des une mauvaise odeur ?

Le corps humain possède plusieurs types de glandes qui produisent des substances odorantes. En temps normal, la sueur, l’urine, ou encore la salive peuvent avoir une odeur, généralement discrète. Cette odeur ont pour source la dégradation des substances naturelles par les bactéries présentes sur la peau ou dans la bouche.

Mais lorsque le corps ne fonctionne pas normalement, ces odeurs peuvent changer. Pourquoi ?

  • Les maladies métaboliques, comme le diabète, modifient la façon dont le corps utilise le sucre ou les graisses. Cela peut entraîner une production excessive de corps cétoniques, qui ont une odeur caractéristique.
  • Les reins et le foie, lorsqu’ils sont endommagés, n’éliminent plus correctement les déchets. Ces toxines s’accumulent dans le sang… et finissent par être évacuées par d’autres voies : la sueur, la respiration, l’urine.
  • Certaines maladies génétiques rares provoquent des anomalies enzymatiques qui empêchent la dégradation de certains composés. Résultat : ils s’accumulent et génèrent des odeurs corporelles très spécifiques.

Dans tous les cas, l’apparition d’une odeur corporelles inhabituelle, persistante, voire désagréable, doit pousser à la vigilance.

Pourquoi l’odeur corporelle change-t-elle ?

L’odeur corporelle résulte d’un mélange complexe de substances produites par le corps (sueur, sébum, urine, salive…) et de leur dégradation par des bactéries présentes sur la peau ou dans la bouche. Elle varie naturellement selon les individus, mais certains facteurs internes et externes peuvent la modifier de façon notable.

Des changements hormonaux

  • Puberté, règles, grossesse, ménopause : les hormones modifient l’activité des glandes sudoripares et sébacées.
  • Cela peut rendre la transpiration plus odorante ou acide.

L’alimentation

  • Certains aliments comme l’ail, l’oignon, le curry, le poisson ou les crucifères (chou, brocoli…) libèrent des composés soufrés ou azotés qui passent dans la sueur.
  • Une consommation excessive de protéines ou un régime cétogène peut donner une haleine d’acétone ou une sueur ammoniaquée.

Les médicaments et compléments

  • Certains traitements (antibiotiques, antidiabétiques, multivitamines) peuvent altérer l’odeur de la sueur, des urines ou de l’haleine.
  • Les compléments riches en soufre (comme certains produits pour les cheveux ou la peau) peuvent également être en cause.

Une infection ou un déséquilibre microbien

  • Bactéries, champignons ou levures peuvent provoquer des mauvaises odeurs :
    • Mycoses (odeur de levure)
    • Infections vaginales (odeur de poisson)
    • Infections ORL ou dentaires (haleine fétide)

Une transpiration excessive ou mal gérée

  • En cas de stress, chaleur ou hyperhidrose (maladie de la sueur), la production accrue de transpiration favorise la prolifération bactérienne, donc les odeurs.

Une maladie sous-jacente

Certaines maladies internes modifient le métabolisme, ce qui entraîne la libération d’éléments inhabituels par la peau, l’urine ou la respiration :

  • Diabète mal équilibré → odeur fruitée (acétone)
  • Insuffisance rénale → odeur d’ammoniac
  • Insuffisance hépatique → haleine "douceâtre", parfois métallique
  • Maladies génétiques rares → odeurs spécifiques (poisson, chou, etc.)

Ces odeurs corporelles qui peuvent trahir une maladie

Le nez peut parfois être un outil diagnostique. Certaines mauvaises odeurs corporelles sont typiquement associées à des pathologies bien précises. En voici les plus connues et leur signification médicale.

Une odeur d’ammoniac : attention aux reins !

Lorsque la sueur ou l’urine dégage une odeur piquante, semblable à celle de l’ammoniac (comme l’odeur d’eau de Javel diluée), cela peut révéler :

  • Une insuffisance rénale, surtout si l’odeur est persistante. Les reins n’éliminent plus correctement les déchets azotés, qui s’accumulent dans l’organisme.
  • Une déshydratation importante, qui concentre l’urine et accentue son odeur.
  • Un régime trop riche en protéines ou un jeûne prolongé : en l’absence de glucides, le corps puise dans les protéines, ce qui génère des déchets azotés en excès.

Une haleine fruitée ou odeur d’acétone : un signal d’alerte du diabète

Une haleine sucrée, aux accents de fruits fermentés ou de vernis à ongles, n’est jamais anodine. Elle peut être le signe de :

  • L’acidocétose diabétique, une complication grave du diabète. Elle survient quand le corps, faute d’insuline, brûle les graisses de manière excessive, produisant des corps cétoniques odorants.
  • Un régime cétogène strict ou un jeûne prolongé, qui induit aussi une production de cétones, mais sans danger immédiat pour une personne en bonne santé.

Une odeur de poisson : la triméthylaminurie ou d’autres troubles

Une mauvaise odeur persistante de poisson avarié, émanant du corps, de l’urine ou de la sueur, peut évoquer :

  • La triméthylaminurie, une maladie génétique rare. Elle empêche le corps de décomposer la triméthylamine, un composé odorant produit lors de la digestion.
  • Certaines infections bactériennes, notamment des bactéries présentes dans le vagin (vaginose bactérienne), peuvent aussi produire cette odeur caractéristique.

Une odeur de levure ou de moisi : penser aux mycoses

Une odeur de pain fermenté, de moisi ou de levure est souvent liée à une prolifération fongique, notamment de Candida albicans.

  • Cela peut concerner les mycoses cutanées (pieds, plis de peau, aisselles) ou génitales.
  • L’odeur est généralement localisée, accompagnée de démangeaisons, de rougeurs ou de dépôts blanchâtres.

Une haleine fétide persistante : le foie ou l’estomac en cause ?

Une mauvaise haleine résistante au brossage peut refléter plus qu’un simple problème bucco-dentaire :

  • Reflux gastro-œsophagien (RGO) ou troubles digestifs chroniques.
  • Infections ORL chroniques (sinusite, angines, amygdalites).
  • Insuffisance hépatique ou rénale, dans les cas avancés, peut aussi donner une haleine fétide ou métallique.

Faut-il s’inquiéter ? Quand consulter ?

Pas de panique à la moindre odeur un peu forte : le corps peut naturellement émettre des odeurs plus ou moins marquées selon l’alimentation, la transpiration ou les hormones (notamment durant la puberté, la grossesse ou la ménopause).

En revanche, certaines situations doivent vous alerter :

  • Une odeur nouvelle, inhabituelle et persistante, qui ne disparaît pas malgré une bonne hygiène.
  • Des odeurs accompagnées d’autres symptômes : fatigue, douleurs, amaigrissement, troubles urinaires, digestifs ou cutanés.
  • Un changement brutal d’odeur corporelle, surtout si vous êtes atteint d’une maladie chronique (diabète, insuffisance rénale, etc.).
  • Une gêne sociale importante ou une souffrance psychologique liée à une odeur corporelle incontrôlable.

Dans ces cas-là, parlez en à votre médecin traitant. Il vous orientera si besoin vers un spécialiste (endocrinologue, néphrologue, ORL, dermatologue…).

Comment ces odeurs sont-elles diagnostiquées ?

Les médecins ne se contentent pas de "sentir" une odeur : ils s’appuient sur des examens médicaux précis pour identifier sa source.

Les étapes du diagnostic :

  • Interrogatoire médical détaillé : alimentation, hygiène, antécédents médicaux, médicaments, moment d’apparition…
  • Examen clinique : inspection des zones concernées, examen de la bouche, de la peau, des urines…
  • Analyses biologiques :
    • Bilan rénal (créatinine, urée)
    • Bilan hépatique
    • Glycémie et cétonurie
    • Bilan infectieux ou mycologique
  • Examens spécialisés :
    • Imagerie si suspicion d’organe atteint
    • Tests génétiques (en cas de suspicion de triméthylaminurie, par exemple)
    • Examen ORL ou gastro selon les cas

Un diagnostic précis est essentiel pour éviter les erreurs d’interprétation et proposer un traitement adapté.

Le dépistage olfactif par des machines

Bien que ces odeurs soient souvent trop subtiles pour être détectées par l'homme, elles peuvent être identifiées par des machines spécialement conçues. Un test de l’haleine, par exemple, a récemment été développé pour le dépistage du cancer du sein.

Les chercheurs espèrent mettre au point des dispositifs olfactifs pour le dépistage d'autres maladies. Ces outils proposeraient une méthode de détection précoce, facile et non invasive, facilitant la mise en œuvre rapide d'un traitement approprié.

La corrélation entre les types d'odeurs et certaines maladies ouvre des horizons prometteurs dans le domaine du diagnostic médical. Bien que cette science en soit à ses débuts, elle représente un potentiel immense pour le dépistage précoce et la prise en charge des maladies.

Comment éliminer ces odeurs corporelles ?

Dans de nombreux cas, oui il existe des solutions, à condition d’agir sur la cause de l’odeur.

Quelques conseils utiles :

  • Surveillez votre alimentation : certains aliments (ail, oignon, épices, poisson, crucifères) peuvent accentuer certaines odeurs corporelles.
  • Évitez les régimes extrêmes, comme le jeûne prolongé ou les diètes hyperprotéinées sans suivi médical.
  • Maintenez une bonne hygiène corporelle : douches régulières, vêtements propres et respirants, hygiène buccale rigoureuse.
  • Hydratez vous suffisamment, surtout en été ou en cas de maladie rénale.
  • Traitez rapidement les infections (bactériennes, fongiques ou digestives) pour éviter qu’elles deviennent chroniques.
  • Respectez votre traitement si vous êtes diabétique, insuffisant rénal ou hépatique, car un bon équilibre médical limite les troubles métaboliques à l’origine des odeurs.

Comment avoir une bonne odeur corporelle naturellement ?

Hormis le cas d'une maladie spécifique qu'il faudra soigner, avoir une odeur corporelle agréable ne dépend pas uniquement du parfum ou du déodorant qu’on utilise. Il est tout à fait possible de sentir bon grâce à des solutions naturelles, en ayant une bonne hygiène personnelle, en prenant soin de son alimentation et de son équilibre de vie.

Avoir une bonne hygiène personnelle au quotidien

  • Douchez vous régulièrement, surtout après une activité physique. Privilégiez les savons doux, sans parfum agressif.
  • Séchez bien les plis (au niveau des aisselles, aine, pieds), car l’humidité favorise les odeurs.
  • Portez des vêtements propres et respirants (coton, lin), en particulier les sous-vêtements et les chaussettes.
  • Changez souvent vos draps et serviettes, qui peuvent retenir les odeurs.

Entretenir sa bouche et sa digestion

  • Brossez-vous les dents après chaque repas, et n’oubliez pas la langue (souvent responsable de mauvaise haleine).
  • Buvez suffisamment d’eau pour éviter la bouche sèche.
  • Consommez des fibres et des aliments fermentés (yaourts, kéfir) pour équilibrer la flore intestinale, qui influence aussi l’haleine.

Adopter une alimentation “neutre”

  • Limitez les aliments odorants : ail, oignon, épices fortes, café, alcool…
  • Favorisez les fruits et légumes frais, les herbes aromatiques douces (persil, menthe), et les graines de fenouil ou de cardamome, qui aident à purifier naturellement.
  • Évitez les excès de viande rouge, qui peut rendre la transpiration plus forte.

Transpirer sans complexer, mais gérer

  • La transpiration est normale et saine, mais vous pouvez la réguler avec des solutions simples :
    • Des vêtements adaptés,
    • Une alimentation légère,
    • Une gestion du stress (le stress peut accentuer les odeurs corporelles via les glandes apocrines).

Miser sur les solutions naturelles

  • Essayez les huiles essentielles (lavande, tea tree, palmarosa), à diluer dans une huile végétale ou à intégrer dans un déodorant naturel.
  • Utilisez le bicarbonate de soude ou la pierre d’alun en guise de déodorants pour neutraliser les odeurs.
  • Le vinaigre de cidre, appliqué en petite quantité sur la peau, peut aussi rééquilibrer le pH.

Notre corps parle, parfois plus qu’on ne l’imagine… et les odeurs qu’il émet peuvent être de véritables signaux d’alerte. Ammoniac, acétone, poisson, levure… ces odeurs inhabituelles ne sont pas seulement gênantes ou taboues : elles peuvent traduire un trouble métabolique, rénal, hépatique, infectieux ou digestif.

Il est essentiel de ne pas les ignorer, surtout si elles sont nouvelles, persistantes ou associées à d’autres symptômes. Mieux vaut consulter un professionnel de santé pour en identifier la cause et agir à temps.

Dans de nombreux cas, une hygiène adaptée, un bon régime alimentaire équilibré et une écoute attentive de son corps permettent de retrouver naturellement une odeur corporelle saine et agréable.