

Avant le XXᵉ siècle, le monde vivait une pandémie par siècle. Depuis le début du XXIᵉ siècle, les autorités sanitaires en ont comptabilisé six : SRAS, grippe A H1N1, MERS-CoV, Zika, Ebola et Covid-19. « Les trois quarts des maladies sont d'origine zoonotique, et le micro-organisme concerné est le plus souvent un virus », rappelle fin mai 2025 Pierre Bessière, vétérinaire et chercheur en virologie dans un podcast de RTS sur les zoonoses.
Ce nom barbare a fait couler beaucoup d’encre durant la pandémie de Covid-19. Mais à quoi correspond-il au juste ? Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté définit les zoonoses comme « des maladies ou infections qui se transmettent des animaux vertébrés à l'homme, et vice versa. Les pathogènes en cause peuvent être des bactéries, des virus ou des parasites. La transmission de ces maladies se fait soit directement, lors d'un contact entre un animal et un être humain, soit indirectement par voie alimentaire ou par l’intermédiaire d'un vecteur (insectes, arachnides…) ». Chez les humains, les zoonoses représentent 60 % de toutes les maladies infectieuses.
Le vrai danger vient parfois du plus petit des animaux
Aussi incroyable qu’il n’y paraît, l’animal le plus dangereux pour l’homme n’est pas le requin, comme les croyances populaires nous le font penser. Le plus grand meurtrier est bien plus petit. Son nom : le moustique. Selon Santé publique France, il est responsable d’un million de décès chaque année.
Mais cet insecte, qui se donne un malin plaisir à perturber les soirées et les nuits de nombreux Français en plein été, ne porte pas toutes les épidémies sur ses seules ailes. D’autres animaux sont des vecteurs courants de zoonoses, comme la chauve-souris, les rongeurs, les chiens, les bovins et les oiseaux.
"On a des antibiotiques, on développe des antiviraux, on sait de mieux en mieux faire des vaccins. On a toutes les armes pour lutter contre ces micro-organismes"
Selon l’OMS, les agents pathogènes zoonotiques peuvent se propager à l’homme par n’importe quel point de contact avec des animaux domestiques, agricoles ou sauvages. « Il y a encore beaucoup de virus à découvrir dans le monde. Environ 1,7 million selon les prédictions des scientifiques. Certains d’entre eux mutent très rapidement, donc c'est une certitude que, dans le lot, certains peuvent favoriser une prochaine pandémie », explique Pierre Bessière.
La plupart des virus ne sont pas pathogènes
Cependant, le vétérinaire tient à rester rassurant. « La science a fait des progrès considérables. Si le virus de la grippe espagnole, qui a décimé la population mondiale à partir de 1918, était apparu aujourd’hui, les conséquences auraient été nettement moins dramatiques. On a des antibiotiques, on développe des antiviraux, on sait de mieux en mieux faire des vaccins. On a toutes les armes pour lutter contre ces micro-organismes », rappelle le scientifique.
« Il n’y a pas de raison de paniquer. Il y a toujours eu des virus dans la nature, notamment dans les forêts tropicales, et tant qu’on laisse la nature tranquille, il y a peu de chance que ces virus arrivent à franchir la barrière d’espèce et, in fine, nous contaminer. La plupart des virus ne sont pas pathogènes », ajoute-t-il.
Pour continuer sur le sujet, voici un diaporama de sept zoonoses.
Leptospirose

La leptospirose est une maladie causée par une bactérie appelée Leptospira interrogans. Cette bactérie peut survivre plusieurs années dans des endroits humides et ombragés.
Les animaux infectés peuvent transmettre la maladie, même s’ils ne sont pas malades. On peut attraper la leptospirose si la peau ou les muqueuses (bouche, nez, yeux) entrent en contact avec de l’eau ou de la terre contaminée, par exemple en se baignant dans une rivière.
La maladie se transmet aussi par contact direct ou indirect avec l’urine d’animaux infectés, ou avec des tissus provenant d’un avortement animal.
Les symptômes apparaissent en général 1 à 2 semaines après l’infection : fièvre, frissons, maux de tête, douleurs musculaires et fatigue. Dans 10 à 15 % des cas, les organes tels que le foie, les reins et le sang sont touchés, provoquant une jaunisse. La guérison peut prendre de quelques jours à plusieurs mois.
Fièvre Q

La fièvre Q est causée par une bactérie appelée Coxiella burnetii. Chez les animaux, elle provoque surtout des problèmes de reproduction. La bactérie peut rester vivante dans l’environnement plusieurs années.
On peut attraper la fièvre Q par contact avec des excréments, de l’urine, du lait ou le placenta d’animaux infectés, ou encore en respirant des poussières contaminées. Boire du lait cru contaminé peut aussi transmettre la maladie.
Les symptômes apparaissent 2 à 4 semaines après l’exposition. La fièvre Q peut passer inaperçue ou ressembler à une grippe : fièvre prolongée, gros maux de tête, sueurs, douleurs musculaires et articulaires, nausées, vomissements, diarrhée ou pneumonie.
Rarement, la maladie peut devenir chronique et toucher le foie ou le cœur. Chez les femmes enceintes, elle peut provoquer un avortement ou un bébé mort-né.
La durée des symptômes dépasse rarement 14 jours.
Grippe aviaire

La grippe aviaire est un virus de type A qui touche surtout les oiseaux. Il peut tuer de nombreux volatiles d’élevage et causer de gros dégâts sur les volailles.
Le virus passe rarement des oiseaux aux humains. Quand cela arrive, ce sont souvent des travailleurs exposés à la volaille (élevages, abattoirs, marchés). La maladie ne se transmet pas facilement d’une personne à l’autre.
Chez l’humain, elle provoque surtout une conjonctivite et des symptômes proches de la grippe saisonnière. Avec le virus H5N1, des problèmes digestifs, une pneumonie ou une détresse respiratoire peuvent survenir.
Se faire vacciner contre la grippe saisonnière réduit le risque d’être infecté par les deux virus en même temps, ce qui pourrait créer un virus plus dangereux.
Tularémie

La tularémie est causée par une bactérie appelée Francisella tularensis. Elle touche surtout les lièvres et les rongeurs, mais peut aussi infecter les humains, provoquant des symptômes sur la peau, dans le ventre ou les poumons.
Les premiers symptômes apparaissent en général entre 3 et 5 jours après l’infection : fièvre, frissons, douleurs musculaires, fatigue et maux de tête.
Les autres symptômes dépendent de la façon dont la bactérie est entrée dans le corps :
Par la peau : ulcère sur la peau et ganglions enflés.
Par ingestion : mal de gorge, maux de ventre, vomissements, diarrhée
Par inhalation : pneumonie.
Les formes digestives ou pulmonaires peuvent être graves et parfois mortelles.
Rage

La rage est une maladie virale, contagieuse et mortelle. Le virus attaque le système nerveux et touche tous les mammifères, y compris l’humain.
Il se transmet surtout par la salive, à travers une morsure ou une plaie. Une fois les symptômes apparus, il n’existe pas de traitement et la mort survient en quelques jours.
Il existe différents « variants » du virus selon l’espèce animale qui le transmet. Même si un animal peut être infecté par un variant qui n’est pas habituel pour lui, le virus ne s’installe pas durablement dans cette nouvelle espèce.
Après une incubation de 1 à 2 mois, la rage provoque une inflammation du cerveau avec anxiété, agitation, troubles de la conscience, hypersalivation, dérèglements cardiaques et respiratoires. L’hydrophobie (peur de l’eau) peut apparaître à cause de spasmes.
Virus du Nil occidental

Le virus du Nil occidental (ou VNO) est transmis par les moustiques. Ceux-ci piquent des animaux infectés puis peuvent transmettre le virus aux humains.
Dans 80 % des cas, l’infection passe inaperçue. Pour les autres, après 3 à 6 jours d’incubation, une forte fièvre apparaît, souvent accompagnée de maux de tête, douleurs musculaires, toux, ganglions gonflés, éruptions cutanées, nausées ou diarrhée.
Des complications graves, comme une méningite ou une encéphalite, surviennent dans moins de 1 % des cas. D’autres complications (hépatite, pancréatite, myocardite) sont plus rares. La plupart des malades guérissent, mais des séquelles peuvent rester et le virus peut être mortel, surtout chez les personnes âgées.
Yersiniose

Les bactéries Yersinia regroupent 26 espèces, dont trois sont dangereuses pour l’humain : Y. pestis (la peste), Y. pseudotuberculosis et Y. enterocolitica.
Y. enterocolitica et Y. pseudotuberculosis se trouvent dans le monde entier, surtout dans les pays tempérés ou froids. Ce sont la 3ᵉ cause de diarrhées bactériennes en France et en Europe (après Salmonella et Campylobacter). On les attrape souvent en mangeant des aliments contaminés.
En France, les cas sont sous-estimés car ces bactéries sont difficiles à détecter et rarement recherchées.
Le porc est le principal réservoir de Y. enterocolitica ; cette bactérie provoque la plupart des cas humains en France. Les infections augmentent l’été.
Y. pseudotuberculosis est présente dans l’environnement et chez de nombreux animaux, comme les lièvres. Elle est plus rare que Y. enterocolitica et touche surtout l’homme en hiver.