

En France, environ 18 000 personnes sont atteintes de la maladie de Huntington, dont environ 6 000 présentent des symptômes. Derrière ce nom encore trop méconnu se cache une pathologie neurodégénérative incurable qui bouleverse des vies entières. Elle reste cependant rare, avec 10 cas pour 100 000 habitants, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Troubles cognitifs, psychiatriques ou moteurs : cette pathologie laisse des traces dans toutes les fonctions de l’organisme.
Une maladie dégénérative du cerveau
Découverte au XIXᵉ siècle par le médecin américain George Huntington, cette affection héréditaire est liée à la mutation du gène codant pour une protéine nommée huntingtine. « Chez un individu en bonne santé, la séquence du gène de la huntingtine possède 35 répétitions du triplet de nucléotides CAG. Au-delà de 36 répétitions, il y a un risque de développer la maladie », explique la Fondation pour la recherche médicale sur son site. À partir de 40 copies, l’individu développera obligatoirement la maladie.
Une transmission des parents par les gênes
Une partie des 18 000 personnes touchées porte la mutation génétique qui cause la maladie, mais est asymptomatique. Pour les autres, ils développent d’abord des troubles de l’humeur, de l’irritabilité ou de l’anxiété, avant que n’apparaissent les mouvements involontaires caractéristiques, appelés chorées. Progressivement, la coordination motrice se dégrade, le langage devient difficile, la mémoire s’effiloche et l’autonomie se perd. L’évolution est lente mais inexorable. L’espérance de vie après le début des symptômes varie entre 15 et 20 ans.
Pas de traitements curatifs à ce jour
En France, la filière Maladies rares neurodégénératives pilote la coordination de la prise en charge. Mais les ressources restent limitées. Il n’existe pas de traitement curatif de la maladie à ce jour. « Cependant, il est démontré que l’adhésion des patients aux soins et leur maintien dans un environnement stimulant socialement et intellectuellement sont très favorables. Une prise en charge qui inclut des exercices adaptés, une rééducation, ainsi qu’une lutte contre le stress et la fatigue, peut ralentir l’évolution des symptômes », précise l’Inserm dans un communiqué.
L'espérance de vie
Au niveau de la recherche, les avancées scientifiques en cours pourront probablement conduire à des progrès transposables à d’autres maladies de cette famille, comme les ataxies spinocérébelleuses (un groupe de maladies héréditaires dans lesquelles on observe une dégénérescence du cervelet, une région située à l’arrière du crâne et qui joue un rôle essentiel dans le contrôle moteur).
Côté associatif, l’Association Huntington France (AHF) joue un rôle crucial. Elle informe, soutient les familles et milite pour une meilleure reconnaissance de la maladie. « Le sentiment d’isolement est terrible », confie Jean-Pierre, dont la sœur est atteinte. « Il faut parler de Huntington, casser le silence et donner de l’espoir. »
Les premiers symptômes
Dans la plupart des cas, les symptômes apparaissent à l'âge adulte, aux alentours de 40 ans. Mais, dans de rares cas, la pathologie peut se déclarer avant 20 ans ou à un stade beaucoup plus tardif, après 70 ans. L'évolution de la maladie est directement liée à la perte de neurones dans le striatum. Voici un diaporama des différents signes cliniques.
La chorée

C’est le symptôme le plus fréquent. La chorée correspond à des mouvements involontaires et incontrôlés. On parle aussi de mouvements choréiques. Ils sont fluctuants et souvent accrus par la fatigue, le stress et les émotions.
Bradykinésie

La bradykinésie se définit par une lenteur des mouvements volontaires, pouvant aller jusqu’à l’incapacité totale à réaliser un mouvement, que l’on nomme l’akinésie.
Dystonie

La dystonie se caractérise par des contractions musculaires involontaires, intermittentes ou prolongées, dans une ou plusieurs parties du corps, qui aboutissent à long terme à des postures corporelles « anormales ».
Dépression

En plus des symptômes moteurs, la maladie de Huntington s’accompagne de troubles psychiatriques plus ou moins importants. On retrouve notamment une irritabilité, une dépression, de l’anxiété, une perte pathologique de motivation, voire de l’apathie.
Psychose

Dans environ 10 % des cas, les patients manifestent des états psychotiques, et 15 % d’entre eux présentent des obsessions.
Démence

La maladie de Huntington est une maladie neurodégénérative qui atteint les fonctions cognitives. Elle peut progressivement évoluer vers la démence.
Troubles du sommeil

Il n’est pas rare d’observer des troubles du sommeil, de type insomnie, chez les patients atteints de la maladie de Huntington.
Difficultés d’apprentissage

Chez les jeunes, la maladie de Huntington se présente différemment. Elle touche notamment l’apprentissage et le comportement.