Peut-on faire une crise cardiaque en dormant ?Istock

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On associe volontiers la crise cardiaque à un moment d'effort, de tension ou d’émotion intense. Logiquement, la nuit, quand le corps est au repos, semble un moment "hors de danger". Cette croyance, encore très répandue, est pourtant fausse. Oui, un infarctus peut survenir en plein sommeil, même si c’est plus rare que dans la journée.

Le problème ? Beaucoup de patients et même certains soignants minimisent encore les signaux nocturnes, convaincus qu’un cœur qui bat lentement ne peut pas lâcher dans le silence de la nuit. Or, c’est précisément dans ce contexte de repos que certains troubles, comme l’apnée du sommeil ou l’hypertension non contrôlée, deviennent des déclencheurs redoutables.

Alors, pourquoi cette méconnaissance persiste-t-elle ? Quels profils sont réellement exposés ? Et surtout, quelles fausses idées faut-il corriger pour mieux prévenir le risque cardiaque nocturne ?

Une crise cardiaque pendant le sommeil, est-ce vraiment possible ?

La première idée fausse à balayer est celle qui voudrait que l’infarctus soit réservé aux moments d’effort ou de stress. En réalité, un infarctus du myocarde peut se produire à tout moment, y compris la nuit, comme le rappelle la cardiologue Virginie Marchal lors d’une publication sur son compte Instagram @dr.ducoeur. La fréquence cardiaque ralentit pendant le sommeil, ce qui diminue globalement le risque, mais ne le supprime pas. Le cœur continue de battre, de pomper le sang, de subir des variations de pression : il reste donc exposé.

Certes, la majorité des infarctus surviennent en journée. Mais selon un article de Science & Vie, une revue scientifique, les décès nocturnes d’origine cardiovasculaire existent, notamment chez les personnes à risque. Le danger n’est pas lié au fait de dormir, mais aux pathologies silencieuses qui peuvent agir dans l’ombre.

Mais l’un des grands coupables silencieux, c’est l’apnée du sommeil, un trouble respiratoire qui passe souvent inaperçu, car il agit précisément quand le patient dort.

Qui sont les plus exposés aux crises cardiaques nocturnes ?

Une autre idée reçue consiste à penser que seuls les patients gravement malades du cœur sont concernés. En réalité, certains profils présentent un risque accru, même s’ils ne ressentent rien au quotidien. Ce sont notamment les personnes souffrant d’hypertension non contrôlée, d’antécédents cardiaques, de diabète, de surpoids, ou d’une consommation excessive de tabac ou d’alcool.

Mais l’un des grands coupables silencieux, c’est l’apnée du sommeil, un trouble respiratoire qui passe souvent inaperçu, car il agit précisément quand le patient dort. Trop souvent minimisée ou confondue avec un simple ronflement, cette pathologie fragilise considérablement le cœur.

L’apnée du sommeil peut-elle vraiment provoquer un infarctus ?

C’est sans doute l’idée fausse la plus dangereuse : croire que l’apnée du sommeil est bénigne. En réalité, c’est un facteur de risque cardiovasculaire majeur. Les arrêts répétés de la respiration pendant la nuit provoquent des chutes d’oxygène dans le sang, des micro-réveils permanents, et une élévation chronique de la pression artérielle.

Selon la Fédération Française de Cardiologie, cette situation expose à des troubles du rythme cardiaque, à une surcharge du muscle cardiaque, et donc à un risque accru d’accident coronarien. Comme le rappelle Virginie Marchal, ronflements importants, fatigue persistante au réveil et somnolence diurne doivent alerter. Un test de dépistage du syndrome d’apnée du sommeil peut changer la donne, à condition d’y penser.

Les symptômes sont-ils toujours visibles la nuit ?

Autre piège : croire qu’une crise cardiaque serait toujours brutale, spectaculaire, et donc impossible à rater. C’est faux. Certaines douleurs peuvent réveiller la personne, mais être interprétées comme des troubles digestifs ou de l’anxiété. D’autres fois, l’infarctus est dit “silencieux” : aucun symptôme clair, mais des lésions bien réelles au niveau du muscle cardiaque.

Les douleurs thoraciques nocturnes, les oppressions, les sueurs froides ou les difficultés à respirer ne doivent jamais être ignorées, même s’ils surviennent à trois heures du matin. Mieux vaut déranger les secours pour rien que de passer à côté d’un infarctus.

Les femmes et les bons dormeurs sont-ils moins concernés ?

Il serait tentant de croire que les femmes, ou les personnes qui dorment bien, sont protégées. Là encore, c’est une idée fausse. Les infarctus touchent aussi les femmes, notamment après la ménopause. Et leurs symptômes sont souvent atypiques : douleurs abdominales, nausées, fatigue extrême... ce qui conduit à des retards de diagnostic.

Quant aux bons dormeurs, ils ont effectivement un avantage en matière de récupération cardiaque. Mais si d’autres facteurs de risque sont présents, comme l’hypertension ou le tabac, la qualité du sommeil ne suffit pas à annuler le danger. Dormir profondément n’est pas une assurance tous risques.

Que peut-on faire pour réduire le risque de crise cardiaque pendant la nuit ?

Le premier réflexe à adopter est la vigilance. Si vous présentez des facteurs de risque, même sans symptômes évidents, un suivi régulier chez votre médecin ou votre cardiologue est essentiel. Le dépistage de l’apnée du sommeil, en particulier, est encore trop rarement proposé alors qu’il pourrait éviter bien des drames.

Sur le plan du mode de vie, éviter le tabac, surveiller sa tension artérielle, limiter l’alcool et maintenir un poids stable sont des leviers efficaces pour protéger son cœur, de jour comme de nuit. Bien dormir, c’est important. Mais savoir ce qui se passe pendant qu’on dort, c’est vital.