Laura : « Je ne pouvais plus tourner la tête du côté où était la tumeur » : grâce à la cryothérapie, elle a vaincu une tumeur rare

Publié par Elodie Vaz
le 07/10/2025
Tumeurs desmoides
Autre
Laura Rodrigues
Atteinte d’une tumeur desmoïde à 10 ans, Laura a retrouvé espoir grâce à la cryothérapie, une technique innovante qui détruit les cellules tumorales par le froid. Aujourd’hui reconnue et remboursée, cette méthode redonne de l’espoir aux patients touchés par cette maladie rare et douloureuse.

En pleine adolescence, Laura, 10 ans, voit apparaître une grosse boule au niveau de son cou. Très vite, une douleur s’installe, laissant planer l’inquiétude dans les yeux de la jeune fille et de ses parents. « Je ne pouvais plus tourner la tête du côté où était la tumeur », raconte-t-elle. Ils voient plusieurs médecins, réalisent de nombreux examens, et un jour, le diagnostic tombe : c’est une tumeur desmoïde, une lésion bénigne des tissus mous pouvant infiltrer les nerfs, les vaisseaux sanguins et les organes aux alentours, entraînant des douleurs chroniques.

Cette maladie invalidante, aussi appelée fibromatose agressive, touche environ 4 000 personnes en France. Sa rareté rend le diagnostic difficile à établir. « Les premiers médecins m'ont dit que l'on ne pouvait rien faire. Ils m’ont orientée vers des médecins plus spécialisés », se rappelle Laura, alors âgée de 10 ans. Les anti-inflammatoires étant inefficaces, les médecins lui proposent rapidement la chimiothérapie pour réduire la taille de la masse. « Avec ce traitement, je pesais 38 kg, j'avais des cloques sous les pieds, je ne mangeais plus, je vomissais souvent, j'avais beaucoup de crises d’angoisse. » Une situation difficile à vivre pour une adolescente.

De la chimiothérapie à la cryoablation

L’équipe médicale en charge de Laura lui propose alors un traitement particulier, en essai clinique : la cryothérapie. Ce traitement est réservé aux patients chez qui une première thérapie a échoué et dont la tumeur n’est pas localisée dans l'abdomen. « Ça a été miraculeux pour moi, témoigne Laura. En deux, trois semaines, la tumeur a régressé et j'ai été guérie. Aujourd'hui, cela fait 12 ans que j'ai eu l’intervention et je n'ai pas un seul effet secondaire. La cryothérapie m’a sauvée », sourit la jeune femme.

La cryochirurgie est une technique d’imagerie interventionnelle qui consiste à détruire les cellules tumorales par le froid, un traitement à manier cependant avec une grande précaution. « L’idée est d'insérer une ou plusieurs aiguilles au sein de la tumeur et d'abaisser considérablement la température, jusqu'à –150 °C, pour induire une mort cellulaire. Aller détruire la tumeur en son sein, quand c'est bien fait, ça marche très, très bien. On a 86 % des patients pour lesquels on arrive à avoir un contrôle de la maladie à un an, avec de très, très belles réponses », décrit le professeur Lambros Tselikas, de l’Institut Gustave-Roussy à Villejuif, lors d’une conférence de presse organisée à l’Académie de chirurgie de Paris, le 24 septembre.

Une technique de pointe désormais accessible

Cette thérapie par le froid coûte environ 1 000 euros par injection. « Une ou deux suffisent à guérir », précise le spécialiste. En comparaison, le traitement par thérapies ciblées coûte 4 000 euros par mois et donne de moins bons résultats. Depuis le mois de juin, la cryoablation est prise en charge par l’Assurance maladie. Un espoir pour les 4 000 personnes touchées par cette maladie invalidante.

 

 

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Conférence de presse sur les tumeurs desmoides à l'Académie de chirurgie le 24 septembre 2025.

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