« J’avais l’impression que tout descendait » : le combat d’Helen contre un prolapsus encore tabou

Publié par Elodie Vaz
le 09/12/2025
Prolapsus génital
Istock
Après son accouchement, Helen Ledwick découvre un prolapsus pelvien méconnu. Entre peur, solitude et tabou, son témoignage brise le silence et aide d’autres femmes à reconnaître les symptômes.

Il y a près de dix ans, Helen Ledwick, ancienne journaliste à la BBC, tape une question anodine dans Google : « Pourquoi ai-je l’impression que mes organes descendent ? » Elle ne le sait pas encore, mais cette recherche va bouleverser sa vie. Deux semaines plus tôt, elle a accouché de son deuxième enfant, un accouchement difficile. Ce jour-là, en se levant du canapé, elle ressent soudain une sensation étrange, comme un tampon mal placé. « J’ai senti tout bouger. J’ai tout de suite compris que quelque chose n’allait pas », confie-t-elle dans les colonnes de BBC news en novembre 2025. 

En attrapant un miroir et son téléphone pour comprendre ce qui se passe, Helen découvre un mot qu’elle n’avait jamais entendu : prolapsus des organes pelviens, ou POP. Une affection pourtant fréquente – une femme sur douze en souffrirait après un accouchement – mais largement méconnue. Le prolapsus survient quand la vessie, l’intestin ou l’utérus glissent de leur place et appuient sur la paroi vaginale, provoquant une gêne, parfois une boule perceptible. « Certaines disent que c’est comme s’asseoir sur une balle de tennis », résume un médecin dans le média britannique.

Un trouble fréquent mais entouré de silence

Pour Helen, c’est surtout la peur et la solitude qui frappent. « Je m’attendais à des réponses, un plan, quelque chose. Mais je n’ai eu que du flou », se souvient-elle. On lui recommande d’éviter de courir, de sauter, de porter des charges. « J’avais l’impression qu’on me disait de ne plus vivre. » Le silence autour de ce trouble pèse autant que les symptômes. « On se sent seule au monde », dit-elle à la BBC. Constatant que même certains soignants restent vagues, elle comprend que le sujet est encore tabou.

En quête de soutien, Helen se tourne vers Instagram. Elle y découvre d’autres femmes, perdues, inquiètes, parfois honteuses de parler de sexualité ou de pesanteur vaginale. Ce choc la pousse à créer un podcast, puis un livre,Why Mums Don’t Jump (« Pourquoi les mamans ne sautent pas »). Son ambition : briser le silence autour de la santé pelvienne et offrir les informations qui lui ont tant manqué. « J’étais en colère. Alors j’ai décidé de parler. »

Les médecins rappellent que les symptômes ne sont pas toujours visibles. « Il peut y avoir seulement une pression diffuse, parfois dans le bas du dos ou même près du nombril », explique la docteure Nighat Arif. Le prolapsus peut survenir après un accouchement par voie basse, mais aussi avec l’âge, après une hystérectomie, en cas de constipation chronique ou de port de charges lourdes.

Se reconstruire pas à pas

Pour poser le diagnostic, un simple examen clinique suffit le plus souvent, parfois associé à une manœuvre de Valsalva. Le traitement dépend de la gêne : exercices du plancher pelvien, pessaires vaginaux, crèmes à base d’œstrogènes ou chirurgie dans les cas avancés. « Cela peut modifier complètement la qualité de vie », rappelle la gynécologue Christine Ekechi.

Pour Helen, la route vers la reconstruction a été longue. Un travail progressif de renforcement, puis l’aide d’un kinésithérapeute, lui permettent un jour de recourir. « Je pensais ne plus jamais pouvoir le faire. Ça a été un moment décisif. » Aujourd’hui, elle s’est même inscrite à une course de 10 km. « J’ai toujours un prolapsus, mais il ne contrôle plus ma vie. Je suis en train de gagner la bataille. »

Son combat, devenu public, permet désormais à d’autres femmes de mettre enfin des mots sur ce que beaucoup vivent dans le silence. « Je veux qu’aucune femme ne se sente plus jamais seule face à ça », affirme Helen. Grâce à elle, un tabou se fissure.

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https://www.bbc.com/afrique/articles/c1wl221nvnqo 

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