
Tous âges confondus, 25 à 40 % des femmes déclarent être touchées par une incontinence urinaire selon l’Association Française d’Urologie (AFU). Mais le risque de fuites augmente dans tous les cas avec l’âge, aussi bien chez les femmes que chez les hommes.
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“Je savais que je risquais d’avoir des bouffées de chaleur ou de prendre du poids, explique Isabelle, 51 ans, mais je n’aurais jamais imaginé que je serais confrontée à des fuites urinaires en même temps ! Pourtant, j’ai bien fait la rééducation périnéale après mes deux enfants, et je n’ai jamais eu de fuites avant. D’ailleurs, jamais ma gynécologue ne m’avait parlé d’un risque d’incontinence urinaire en lien avec la ménopause et je trouve que l’on ne n’est pas assez informé sur cette problématique.”
Risque-t-on plus vraiment d’avoir des fuites urinaires à cause de la ménopause ? Chez les femmes, on note deux pics de fréquence et de sévérité de l’incontinence, à partir de la ménopause, vers 50 ans, et après 75 ans. “L'incontinence urinaire est un symptôme fréquent lors de la ménopause avec une prévalence comprise entre 15 et 30 % et une incidence annuelle comprise entre 5 et 10 %”, appuient des médecins français de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre dans une étude publié en 2012 dans la revue Progrès en Urologie.
Fuites urinaires et ménopause : des causes plurielles
La chute des oestrogènes déclenche une cascade d’effet dans l'organisme des femmes, avec les symptômes que l’on connaît. Pour ce qui concerne les trouble urinaires, l’Assurance maladie rappelle que la chute hormonale peut avoir des effets sur les deux principales causes des fuites urinaires :
- L’affaiblissement des tissus et des muscles du périnée qui ferment en bas le bassin et assurent le soutien de l'urètre.
- La faiblesse du sphincter urinaire, muscle qui ouvre ou ferme l'urètre permettant de vider la vessie ou au contraire d'en assurer l'étanchéité.
Ces effets pourraient aussi être en partie dus à la diminution de production du collagène induite par la chute hormonale, le collagène étant une protéine indispensable à l’élasticité des tissus.
Ces causes imputables à la ménopause s’ajoutent évidemment à toutes celles que l’on peut retrouver en cas d’incontinence urinaire, tous sexes confondus : un prolapsus génital ou les suites d’une grossesse ou d’un accouchement difficiles, un cancer ou une chirurgie de la prostate chez l’homme, les séquelles d’une chirurgie ou d’une radiothérapie de la zone urinaire ou du bassin… Les fuites urinaires peuvent aussi être consécutives à certaines maladies neurologiques comme “la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, la paraplégie ou les démences comme la maladie d'Alzheimer”, ajoute l’Assurance maladie.
Ménopause : incontinence d’effort ou par impériosité ?
Les deux types d’incontinences urinaires peuvent se retrouver à la ménopause. Dans 50 % des cas (tous âges confondus), l’incontinence est un mix de ces deux types d’ailleurs.
Pour rappel, il existe deux types distincts d’incontinence urinaire, l'incontinence urinaire dite d’effort et l’incontinence urinaire par hyperactivité de la vessie (dite aussi incontinence urinaire par urgenturie ou impériosité). Comme son nom l'indique, l’incontinence urinaire d’effort survient quand on fait un effort, on soulève une charge lourde par exemple, mais aussi quand on fait du sport (notamment les sorts qui impliquent des sauts) ou plus quotidiennement simplement quand on tousse, que l’on rit ou que l’on éternue. La fuite survient sans avoir eu envie d’uriner. L’incontinent par hyperactivité vésicale se distingue par, nous précise l’assurance maladie, “une fuite involontaire des urines, précédée d'un besoin urgent et incontrôlable d'uriner (besoin impérieux, envie pressante d'uriner). Elle peut survenir au repos, et même la nuit.
Fuites urinaires à la ménopause : il n’est pas trop tard pour agir !
Les femmes se sentent souvent désarmées, quand en plus de devoir gérer les symptômes courants de la ménopause elles doivent composer avec des fuites urinaires, qu’elles associent pas forcément à la ménopause. Pourtant, plus tôt on agit, mieux c’est.
D’autant que les solutions traditionnellement proposées pour prévenir les fuites urinaires chez les femmes non ménopausées fonctionnent une fois la ménopause installée. Il n’est jamais trop tard notamment pour faire ou refaire de la rééducation périnéale (chez un professionnel de santé ou à domicile, avec des stimulateurs électriques) et pour adapter son hygiène de vie (le surpoids, la constipation, le tabac ou la sédentarité par exemple augmentent risque et sévérité de l’incontinence urinaire). D’autres solutions (médicamenteuses ou chirurgicales) peuvent être discutées avec le médecin. En attendant, le port de protections ou de sous-vêtements dédiés peut aider, mais ils ne traitent jamais le problème (et peuvent au contraire l’entretenir faute de prise en charge).