Grippe : les scientifiques s'inquiètent du virus H3N1, beaucoup plus virulent, qui s'impose en Europe

La saison de la grippe débute en France, et l’Île-de-France, la Normandie et la Nouvelle-Aquitaine viennent de passer en situation de pré-épidémie alors que l’épidémie continue de faire rage à Mayotte. Et comme chaque année, c’est un peu la loterie : quel virus grippal va s’installer et quelle sera l'efficacité du vaccin ? Il semblerait bien que les signaux soient au rouge pour cette saison 2025-2026 en raison notamment d’un nouveau virus de la grippe A, H3N2.

Le Réseau mondial de virologie (GVN) alerte sur la présence d’un nouveau virus de la grippe A en Europe

Fin novembre, les experts du Réseau mondial de virologie (GVN), une coalition de virologues de renom issus de plus de 40 pays, ont publié une déclaration concernant l’émergence d’un nouveau variant du virus de la grippe A (H3N2), connu sous le nom de sous-clade K. Ce variant se propage rapidement et pourrait contribuer à une saison grippale plus intense à l’échelle mondiale. Les agences de santé publique du Royaume-Uni , de plusieurs pays d’Europe, du Japon et de certaines régions d’Amérique du Nord ont signalé une forte augmentation hebdomadaire des cas de grippe liés à ce sous-clade, signe d’une accélération de la propagation mondiale. 

Mais d’où vient ce nouveau virus ? “Ce nouveau variant H3N2 sous-clade K n'est pas un virus entièrement nouveau, mais une forme plus évoluée des souches grippales auxquelles nous sommes confrontés chaque année, explique le Pr Peter Palese, directeur du GNV. Nous observons une dérive génétique, ce qui signifie que le virus a progressivement accumulé de petites mutations dans ses protéines de surface au fil du temps.” Le problème ? Ces mutations peuvent “rendre plus difficile la reconnaissance complète du virus par le système immunitaire, même chez les personnes déjà infectées ou vaccinées” et ainsi entraîner des formes plus sévères de la maladie. Il risque aussi de se propager plus rapidement, pour les mêmes raisons. 

Le nouveau virus de la grippe A, H3N2, déjà bien installé en Europe, notamment au Royaume Uni 

Au Royaume-Uni, le virus H3N2 a déjà pris ses quartiers d’hiver : “De nouvelles données rapportées dans le British Medical Journal (BMJ) ont montré une augmentation significative des taux de grippe au Royaume-Uni, principalement chez les jeunes adultes et les enfants d’âge scolaire. Les cas sont dominés par une nouvelle souche H3N2” indique Medscape, un média à destination des professionnels de santé.  La France est aussi touchée d'après le Réseau mondial de virologie, les prochaines semaines devraient être décisives. 

“Le virus grippal A (H3N2) actuellement en circulation a acquis sept nouvelles mutations au cours de l’été, ce qui signifie que le virus est assez différent de la souche A (H3N2) incluse dans le vaccin de cette année”, précise  Antonio Ho, maître de conférences et consultant en maladies infectieuses à l’Université de Glasgow en Écosse. Les données anglaises rapportées par le BMJ montrent clairement une épidémie plus précoce que les autres années et avec une progression plus forte. 

Grippe : faut-il se faire vacciner malgré le nouveau virus ? 

Oui, clament tous les experts. Car le vaccin, même imparfait compte tenu de la mutation estivale du virus ralentit la progression virale et protège des formes graves. “Même un vaccin mal assorti offre des bénéfices protecteurs, a ainsi indiqué Lori Handy, directrice adjointe du Vaccine Education Center à l'hôpital pour enfants de Philadelphie, à Medscape. À l’approche du début de la saison grippale, ceux qui ne sont pas encore vaccinés devraient se faire vacciner dès que possible”. Un avis partagé par le GVN et entendu par les Français, semble-t-il. 

En début de semaine, France Info relayait les premiers chiffres de la campagne de vaccination de cette année : 8 millions de Français se sont déjà fait vacciner contre la grippe depuis le début de la campagne, lancée le 14 octobre, soit 21% de plus que l’an dernier à la même époque.