
"Les certificats électroniques qui mentionnent la grippe comme cause du décès sont en nette hausse ces deux dernières semaines et atteignent la valeur de 6 % en semaine 1", alerte Sibylle Bernard-Stoecklin, épidémiologiste et coordinatrice de la surveillance de la grippe saisonnière à Santé publique France, dans Midi Libre le 11 janvier. Une situation exceptionnelle qui place cette saison comme particulièrement virulente. Selon les experts, trois facteurs entrent en ligne de compte : la diminution des gestes barrières, le manque de vaccination et un virus plus sévère au moment des vacances scolaires.
Entre le 30 décembre et le 5 janvier, Santé publique France a dénombré 18 391 passages aux urgences pour un syndrome grippal, dont 3 946 hospitalisations. Selon le virologue Bruno Lina, "cette circulation importante du virus est en partie attribuable aux échanges de virus intenses pendant la période des fêtes", explique-t-il à l’AFP.
Comme pour les années précédentes, cette grippe touche essentiellement les personnes âgées. "Mais cette année, elle est particulièrement virulente chez les plus de 15 ans", explique Brigitte Autran, directrice du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires, à France Bleu. Parmi les 471 décès liés à cette épidémie déclarés lors de la première semaine de 2025, 435 concernaient les plus de 65 ans, 33 étaient des personnes entre 15 et 64 ans, et 3 avaient moins de 14 ans.
Environ 7 % déclarent ne jamais se laver les mains
En cause, la circulation de trois virus grippaux : H1N1, H3N2 et B-Victoria. "Le virus B-Victoria est bien décrit pour avoir un impact plutôt chez les enfants. Le virus H1N1 est capable de faire de grosses épidémies, notamment chez les jeunes adultes. Et le virus H3N2 est bien décrit pour être particulièrement sévère chez les personnes âgées", explique Sibylle Bernard-Stoecklin.
La diminution des gestes barrières explique en partie ce phénomène de transmission. Selon une étude de Santé publique France publiée à l’automne, quatre Français sur dix déclarent ne jamais porter de masque en cas de symptômes de maladies contagieuses. Plus inquiétant encore, environ 7 % déclarent ne jamais se laver les mains avec du savon ou du gel hydroalcoolique. "Les gestes barrières, le réflexe du lavage des mains, des solutions hydroalcooliques, d’aérer, sont moindres ces derniers temps. Ça fait partie des éléments de transmission", souligne Urfan Ashraf, secrétaire général de SOS Médecins, à France Bleu.
Il n’est pas trop tard pour se faire vacciner.
Le troisième facteur pointé du doigt est la faible couverture vaccinale. "Les premières données de ventes et de dispenses de vaccins nous montrent qu’elles se situent à des niveaux inférieurs à ceux des années précédentes. Pourtant, le vaccin reste un des moyens de se prémunir contre le virus", alerte, dans Midi Libre, Sibylle Bernard-Stoecklin. Selon les experts, il n’est pas trop tard pour recevoir son injection.