Mouiller son lit à l’âge adulte n’est pas si rare. Mais on n’en parle jamais, ou presque, y compris à son médecin. La honte s’invite généralement dans l’équation et biaise la prise en charge, d’autant que l’énurésie peut être ponctuelle, on évite donc d’y penser jusqu’à la prochaine fois. Difficiles à anticiper les “accidents” isolent, les personnes concernées peuvent éviter de dormir à l’extérieur de chez elles, se priver de vacances ou refuser des invitations. Multifactorielle, l’énurésie nocturne n’est pourtant pas une fatalité. En parler, consulter, permet d’en déterminer la ou les causes et de mettre en place des solutions.
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Dans les deux cas, on mouille ses vêtements de nuit, voire ses draps. Mais à la différence de l’incontinence, l’énurésie est un réflexe de miction : on vide totalement sa vessie, alors que la fuite urinaire peut-être plus légère. Chez les personnes âgées, les plus touchées par l’incontinence (elle touche 15 à 20 % des plus de 60 ans, et jusqu’à 30 % des femmes), les deux phénomènes peuvent toutefois facilement se cumuler et se confondre. Ils ont en outre les mêmes causes et les mêmes conséquences, les solutions sont aussi généralement similaires. De plus, plus l’incontinence diurne est installée, plus les risques d'accidents nocturnes augmentent. Un relâchement du périnée (après la ménopause) ou une hypertrophie bénigne de la prostate sont des causes fréquentes d'incontinence urinaire chez les personnes âgées, traiter la cause de l’incontinence permet de facto de limiter les symptômes et risques d’énurésie nocturne.
Quelles sont les causes du pipi au lit à l’âge adulte ?
Comme dit plus haut, les causes de l’énurésie de l’adulte sont plurielles, l’énurésie en elle-même n’est pas une maladie mais le symptôme d’un autre problème de santé, ce peut également être le signe d’un dysfonctionnement temporaire, lié à une situation passagère (opération chirurgicale par exemple, traitement médicamenteux, période de stress…). Dans la plupart des cas toutefois, l’énurésie nocturne de l’adulte est due à l’une de ces causes suivantes.
Troubles et fuite urinaires nocturnes : un dysfonctionnement hormonal
Connaissez-vous l’ADH (pour antidiuretic hormone) ? Cette hormone appelée aussi pitressine ou vasopressine a une action antidiurétique en bloquant la production d’urine la nuit, de manière à conserver une bonne hydratation et utilisation des fluides à un moment - la nuit - où le corps n’est pas alimenté en eau. Si cette hormone ne fonctionne pas correctement ou n’est pas sécrétée aux bons moments, cela peut conduire à des mictions la nuit.
Le diabète
L’incontinence diurne et nocturne est l’un des signes associés du diabète, de type 1 ou 2. “Il existe aujourd’hui des preuves épidémiologiques solides qui lient diabète et incontinence : ainsi, la prévalence de l'incontinence urinaire est de 50 à 200 % plus élevée chez les femmes atteintes de diabète de type 2 que chez les femmes à glycémie normale”, détaille Santé Log, le magazine des professionnels de santé qui relaie une étude* sur l'incontinence des femmes diabétiques.
Des troubles neurologiques
Un accident vasculaire cérébral (AVC) ou des maladies neurodégénératives comme Alzheimer peuvent entraîner des épisodes d’énurésie. Parfois de façon purement mécanique : le patient n’identifie par le besoin d’uriner, ne retrouve pas les toilettes, ne peut se lever du lit.
Enurésie chez l’adulte : les causes physiologiques
Une malformation physiologique (petite capacité vésicale) peut être à l’origine d’une énurésie nocturne, débutée dans l’enfance et qui perdure à l’âge adulte. La cause physiologique est à rechercher chez le jeune adulte.
Rêver de faire pipi : une cause fréquente d’énurésie nocturne
Rêver que l’on urine est assez courant. La plupart du temps, on se réveille in extremis pour courir aux toilettes avant la vidange. Mais parfois, le rêve se confond tellement avec la réalité que l’on ne se réveille pas. Ce n’est pas grave, mais là encore, si la situation se répète, il est préférable de consulter.
Pipi au lit quand on est adulte : le poids du psychologique et de l’hygiène de vie
Sans causes médicales ou physiologiques identifiées, les fuites urinaires nocturnes chez l’adulte peuvent être corrélées à l’hygiène de vie ou avoir une cause psychologique. La consommation excessive d'alcool, notamment, est un pourvoyeur connu de pipi au lit chez l’adulte ; le tabac, s’il provoque de la toux à répétition peut aussi être impliqué, tout comme la constipation chronique ou certains médicaments. Mais surtout, une période de stress peut amener à des accidents. Chez l’enfant, cette cause est bien documentée et bien identifiée, mais on en parle moins chez les adultes et les personnes âgées. L’énurésie ayant des répercussions psychologiques certaines sur l'estime de soi, il n’est pas inutile de creuser de ce côté-là, voire d’entamer un suivi auprès d’un spécialiste de la santé mentale (psychologue ou psychiatre), car cela peut contribuer à entretenir le problème.
Enurésie nocturne chez l’adulte : quelles solutions ? Quel médicament pour moins uriner ?
Une fois la ou les causes identifiées, le premier traitement consiste à agir, quand cela est possible, directement sur la cause. Parallèlement, il est vivement conseillé d’adopter une hygiène de vie idoine : limiter alcool et tabac, éviter les excès de boissons en soirée, respecter ses besoins de sommeil… Il existe aussi des dispositifs qui peuvent aider, comme un système d’alarme (disponible en pharmacie, plus communément appelé "stop pipi") qui se déclenche dès la première goutte d’urine dans le slip. Des protections pour adultes (alèze renforcée pour matelas ou slips jetables) peuvent être utilisées de manière temporaire, mais ce ne sont pas des traitements, et elles ne règlent jamais le problème de fond. En cas d’échec du dispositif et des règles d'hygiène, un traitement médicamenteux peut être tenté.
“Le traitement médical de référence est la desmopressine, une hormone antidiurétique qui réduit la production d'urine après sa prise (le soir au coucher) et donc le remplissage vésical et la vidange inhérente, explique le Pr. Yann Neuzillet, urologue et secrétaire général de l’Association Française d’Urologie (AFU). En revanche, ce médicament est contre-indiqué en cas d'insuffisance cardiaque, de traitement concomitant avec des diurétiques, d’insuffisance rénale. En outre, l'efficacité, observée dans environ 70 % des cas, est à mettre en rapport avec les céphalées par hyponatrémie que le médicament peut induire et qu'il faut surveiller.”
Sources
