L’Ozempic : cet anti-diabétique populaire qui fait aussi perdre… les cheveux
Publication validée par
Dr Abdulaziz Balwi Médecin capillaire et fondateur de la clinique Elithair
Il a fait la une des médias nationaux et internationaux pour ses effets miraculeux sur la perte de poids. L’Ozempic, cet antidiabétique de la famille des analogues du glucagon-like peptide-1, utilisé au départ dans le diabète de type 2, a vu ses ventes exploser après sa popularité sur les réseaux sociaux. Mais, comme chaque médicament, l’effet bénéfique s’accompagne presque toujours d’effets indésirables plus ou moins contraignants. L’Ozempic n’échappe pas à la règle avec des effets bien visibles. L’un d’entre eux, rapporté par les patients : la chute de cheveux.
Son principe actif, la sémaglutide, est composé d’une hormone digestive naturelle qui permet de contrôler la glycémie : l’analogue du GLP-1. À l’origine, il devait uniquement stimuler la libération d’insuline chez les diabétiques, mais son effet sur le ralentissement de la vidange de l’estomac, et donc sur la perte d’appétit, en a séduit plus d’un.
Voyant la consommation de ce produit exploser sans contrôle par des professionnels de santé, les spécialistes ont rapidement tiré la sonnette d’alarme concernant les risques encourus d’une utilisation détournée. En mars 2023, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), a publié le 1er mars avec l’Assurance-maladie, un communiqué indiquant que l’Ozempic allait faire l’objet d’une « surveillance renforcée ».
Une perte de poids soudaine peut faire entrer les follicules pileux dans une phase de repos du cycle de croissance
Quelques mois plus tard, des chercheurs de l’université de Colombie-Britannique, au Canada, ont publié dans la revue scientifique JAMA, la première étude épidémiologique montrant un lien entre ce médicament et des affections gastro-intestinales sévères telles que la pancréatite, l’obstruction intestinale, les pathologies biliaires et la gastroparésie (un ralentissement de la vidange gastrique).
La croissance des follicules pilleux bloquée par cette hormone
Concernant la perte de cheveux, l’étude canadienne souligne « que le calcul des risques et bénéfices liés à l’initiation du traitement peut être différent pour les personnes atteintes de diabète, qui peuvent être plus disposées à accepter la perte de cheveux comme un risque potentiel du traitement à la sémaglutide que celles qui utilisent la sémaglutide pour perdre du poids à des fins récréatives ».
Toutefois, les spécialistes manquent de preuves solides indiquant que ce traitement provoque directement une chute de cheveux. Selon les données actuelles, trois facteurs peuvent jouer un rôle. « Une perte de poids soudaine peut faire entrer les follicules pileux dans une phase de repos du cycle de croissance. Cette phase est connue sous le nom d’Effluvium télogène. Les carences en protéines, fer, zinc, biotine, vitamines B12 et D peuvent aggraver la chute. Pour finir, les fluctuations hormonales, les déséquilibres insuline-glucose et les troubles thyroïdiens peuvent aussi jouer un rôle », explique le Dr Abdulaziz Balwi, médecin capillaire et fondateur de la clinique Elithair.
Les personnes à risques
Selon ce spécialiste capillaire, certains utilisateurs de ces injections amaigrissantes seraient plus à risque de subir une perte de cheveux. « Les femmes en post-ménopause, les personnes suivant des régimes très hypocaloriques, les individus ayant des troubles auto-immuns ou thyroïdiens sont des profils plus à risque, tout comme les personnes stressées ou celles ayant déjà subi une alopécie », précise-t-il.
Bien que cet effet indésirable puisse être contraignant, le Dr Balwi rappelle de ne pas paniquer. La chute disparaît en trois à six mois, une fois que la perte de poids se stabilise et que des nutriments et vitamines suffisants sont réintroduits dans l’alimentation.
L'alimentation équilibrée : la clé pour stopper ce désagrément
L’alimentation équilibrée est d’ailleurs le traitement le plus efficace pour stopper au plus vite ce phénomène. « Les aliments à inclure pour une nutrition adéquate sont riches en protéines, en fer, en zinc, en acides gras oméga-3, en biotine, en vitamine B12 et en vitamine D. » L’expert alerte sur les compléments alimentaires, qui ne peuvent remplacer des produits naturels. Ils peuvent être pris uniquement après un avis médical.
« Vous devriez également vous concentrer sur un soin adéquat du cuir chevelu, car le cuir chevelu est la base de cheveux sains. En évitant les produits capillaires contenant des sulfates et des parabènes et en vous concentrant plutôt sur des ingrédients doux et naturels, vous pouvez donner à vos follicules pileux les meilleures chances de bien fonctionner. »
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Interview avec le Dr Abdulaziz Balwi, médecin capillaire et fondateur de la clinique Elithair.