Roi Charles : non, un cancer ne peut pas être causé par un choc émotionnelIstock
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La nouvelle a fait la une des journaux du soir du 5 février : le roi Charles III est atteint d’un cancer. Une annonce rare de la part de la famille royale britannique, qui a pour habitude de taire ses problèmes de santé. On n’en sait pour le moment pas beaucoup plus sur la maladie dont souffre le monarque, et les spéculations vont bon train : certains évoquent un cancer de la prostate, d’autres des intestins. Il semblerait en tout cas que le cancer ait été détecté à un stade précoce, d’où l’espoir d’un bon pronostic.

Cancer provoqué par un “choc émotionnel” : une croyance “extrêmement dangereuse”

Au-delà des spéculations, des affirmations erronées sur le plan scientifique commencent à circuler. Le premier à avoir déclenché une mini-polémique, c’est l’animateur de France 2 et spécialiste de la famille royale (mais en aucun cas un expert en matière de santé) Stéphane Bern. Celui-ci a en effet déclaré dans les colonnes du Parisien que “les cancers peuvent se développer à la faveur de chocs émotionnels”, insinuant que les mauvaises relations entre le roi Charles III et son fils Harry pourraient avoir joué un rôle dans l’apparition de la maladie du roi.

Comme le rappelle sur X (anciennement Twitter) le journaliste scientifique Florian Gouthière, auteur de Santé, science, doit-on tout gober ? (éditions Belin, 2017), ce sont des “foutaises”, et cette croyance est “extrêmement dangereuse et absolument fausse”.

“Aucune surreprésentation des cancers dans les mois ou années qui suivent un choc psychologique”

Dans un billet de son blog Curiologie intitulé “Ni le stress ni le deuil ne font naître les cancers” publié en 2016, le journaliste scientifique détaille pourquoi cette affirmation n'a aucun fondement :

“De nombreuses études ont été réalisées sur cette question, qui portent sur des milliers, voire des centaines de milliers de personnes, suivies sur des décennies. Les synthèses de ces travaux aboutissent à une conclusion claire : il n’y a aucune surreprésentation des cancers dans les mois ou années qui suivent un choc psychologique – que l’on parle de la perte d’un proche, d’un divorce, etc. Les autres sources de stress semblent également hors de cause. Si quelques études ont suggéré un effet du psychisme sur le cancer [...], l’écrasante majorité ne révèle pas la moindre corrélation à court terme."

Cancer : les idées reçues peuvent nuire au traitement des patients

Il poursuit : “Et sur le moyen terme, les seules variations observées sont presque toujours imputables aux éventuels changements dans les habitudes de vie des personnes. Un même constat peut être fait pour les récidives des cancers.”

Non, le cancer de Charles - dont on ne sait que peu de choses pour le moment - n’est donc absolument pas imputable à l’état de ses relations avec son fils cadet. L’affirmer relève du mensonge et pire, peut induire les personnes potentiellement touchées par le cancer en erreur. Rappelons que les idées reçues sur les maladies et les traitements peuvent considérablement nuire à la santé des patients et qu’il faut redoubler de vigilance avant de publier la moindre information sur le sujet. Le Parisien semble avoir retenu la leçon et a retiré son tweet relayant les propos de Stéphane Bern.

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