polypes vessieImage d'illustration Istock

Partager :

« Les polypes sont de petites excroissances sur la paroi interne de la vessie, un peu comme des stalactites sur la paroi d’une grotte », explique la clinique Ramsay sur son site. Le tabac, dont les cancérigènes passent dans l’urine, est le principal facteur de risque : deux tiers des malades sont fumeurs ou anciens fumeurs. Il peut aussi s’agir d’une exposition professionnelle aux goudrons, huiles de houille, amines aromatiques… S’ils ne sont pas diagnostiqués à temps, ils peuvent évoluer en cancer. Chaque année, entre 12 000 et 14 000 cas sont diagnostiqués en France.

Le tabac et d’autres substances nocives sont transportés par le sang et filtrés par les reins. Au fil du temps, elles s’accumulent sur la paroi de la vessie, entraînant la formation d’excroissances : ces fameuses stalactites. Les fumeurs et les personnes qui manipulent des produits toxiques dans le cadre de leur travail sont par conséquent plus exposés que les autres.

Les symptômes à repérer

Pour éviter que ces polypes bénins ne dégénèrent en cancer, il est important de surveiller l’apparition des symptômes. « Le principal symptôme des polypes de la vessie est une hématurie, soit la présence d'un saignement dans les urines. Ce signe doit toujours alerter, surtout chez les personnes fumeuses. Souvent non douloureuse et sans aucun autre symptôme, l’hématurie ne doit donc pas être négligée », explique le Dr Jacques Bron, chirurgien urologue.

Selon l’Association française d’urologie, d’autres symptômes peuvent être associés. C’est le cas de l’envie fréquente d’uriner, des infections urinaires à répétition, d’un inconfort mictionnel, d’une sensation de pesanteur au niveau de la vessie, ainsi que de tout signe modifiant la miction.

Le diagnostic se fait par cystoscopie (un examen de la vessie). « À l'aide d'un cystoscope, cet examen rapide et très peu douloureux est réalisé sous anesthésie locale de l’urètre, en consultation ou en soins externes », rassure le Dr Bron. Cet examen permet de confirmer la présence de polypes vésicaux.

"Un scanner est en général pratiqué pour vérifier l’état des reins et des voies urinaires supérieures comme le canal de l'urètre et rechercher une atteinte autour de la vessie, un aspect anormal des ganglions pelviens, ou des images de métastases à distance de la vessie", précise le Dr Bron.

Polypes de la vessie : cancer ou tumeurs bénignes

Si des tumeurs sont repérées, elles peuvent rapidement être retirées par voie endoscopique. « La résection endoscopique de la vessie est l’intervention qui va permettre d’enlever le ou les polypes de la vessie et d’en permettre l’analyse anatomo-pathologique afin de rechercher des cellules cancéreuses. L’étude de la profondeur des lésions et de leur tissu permet de préciser le diagnostic et le pronostic. Cela prise en charge permet également de prédire le risque d’agressivité ultérieure de la maladie, son potentiel de récidive et de guider les traitements complémentaires éventuels », explique le Dr Bron.

75 % des tumeurs de la vessie sont des tumeurs n’infiltrant pas le muscle

Selon le Dr Priscilla Leon, chirurgien urologue à la clinique Pasteur de Royan et membre du comité de cancérologie et de l’Association française d’urologie, 75 % des tumeurs de la vessie sont des tumeurs n’infiltrant pas le muscle et de bon pronostic, à condition que le patient évite l’exposition au tabac.

Convalescence après l'opération

Dans le cas où les tumeurs infiltrent le muscle, le retrait complet de la vessie est alors nécessaire. Ce geste chirurgical est souvent précédée de l’administration de chimiothérapie pour diminuer la taille de la lésion avant l’ablation. « Dans le cancer de la vessie, on passe donc de traitements en apparence superficiels, avec le simple retrait du polype et une sortie d’hospitalisation le jour même, à l’ablation complète de la vessie, représentant une chirurgie lourde avec une hospitalisation beaucoup plus longue et des suites postopératoires parfois lourdes d’un point de vue digestif et urinaire », avertit le Dr Leon sur le site de l’Association française d’urologie.

Une maladie avec encore des préjugés

Selon une enquête OpinionWay pour l’Alliance Merck-Pfizer réalisée en septembre 2020 et dévoilée par le média 20 Minutes, les Français partagent un certain nombre de préjugés sur cette pathologie. Environ 68 % ont déjà entendu parler du cancer de la vessie, mais seulement 28 % disent savoir très bien de quel type de cancer il s’agit.

Le risque de récidives

« Seulement 61 % estiment que la consommation de tabac est une cause importante, alors que c’est le facteur principal, responsable de deux tiers des pathologies. Les gens pensent également que c’est un cancer qui se soigne bien, alors que cela dépend de la profondeur et de l’étendue de la tumeur. Si elle est superficielle, les chances sont meilleures. En revanche, quand la tumeur a atteint les couches profondes de la vessie, le pronostic est beaucoup plus réservé », témoigne en 2020 à 20 Minutes Frédérick Merlier, fondateur de l’association Cancer Vessie France et ancien patient. D’où l’importance de la surveillance des premiers symptômes et de l’arrêt du tabac.