Cancer du sein : le yoga, une pratique complémentaire pendant les traitementsAdobe Stock
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Si l’activité physique régulière améliore la santé globale de la population générale, l’intérêt de celle-ci sur les patients atteints de cancer a lui aussi été démontré.

La littérature scientifique abonde d’études attestant des effets positifs de l'exercice physique régulier sur les conséquences physiques, psychologiques de la maladie et des traitements, mais aussi sur la qualité de vie des patients.

Dans le cas du cancer du sein, des méta-analyses ont mis en évidence le rôle crucial de l’activité physique pour améliorer les capacités cardiorespiratoires, limiter le déconditionnement physique, réduire la fatigue induite par les traitements et limiter le risque de rechute, rappelle l’Institut national du cancer, dans un état des lieux sur le sujet paru en 2017.

Cancer du sein : l’activité physique, une thérapie non médicamenteuse bénéfique

"L’activité physique au sens large est bénéfique par ses composantes cardio, son renforcement musculaire et son impact sur l’oxygénation des tissus, qui facilite la digestion et la circulation sanguine, corrobore Emmanuelle Stimamiglio, professeure de yoga à l’association Rosa Mouv, association de soins oncologiques de support dédiés aux patients atteints de cancer.

L’activité physique permet à la personne en traitement de "mieux supporter les effets de la chimiothérapie, d’être moins fatiguée, d’avoir moins d’effets secondaires comme les nausées. Il aide également à soulager les troubles digestifs ( et les crampes qui peuvent être associées) en favorisant le péristaltisme (la contractilité intestinale), et réduit la nervosité", poursuit l’experte yoga qui intervient auprès de patientes traitées pour un cancer à l’institut Line Renaud de l’Hôpital Foch à Paris.

Le yoga utile contre les neuropathies

La pratique du yoga aide également à mieux appréhender les conséquences des neuropathies, un effet peu connu des chimiothérapies. En effet, le traitement affecte les extrémités nerveuses, occasionnant des effets indésirables : perte d’agilité, de mobilité et de dextérité, douleurs aux pieds et aux mains, incapacité à réaliser des gestes du quotidien.

"En yoga, on travaille énormément avec les doigts, avec les pieds, on étire, on masse, on renforce les extrémités, ce qui accroît la circulation sanguine et nourrit les tissus lésés. A la fin d’une séance, les patientes ont beaucoup moins mal", explique Emmanuelle Stimamiglio.

Yoga et cancer du sein : la place du souffle

Par-delà ces aspects observés dans toute activité physique, le yoga, se singularise par l’accent mis sur la respiration. "Le yoga mobilise le diaphragme, un muscle respiratoire, et travaille autour des côtes, ce qui masse les organes et la circulation sanguine et lymphatique".

Les étirements, qui occupent une place également centrale dans cette discipline ancestrale sont particulièrement appréciés par les patientes, constate la professeure de yoga, qui encadre régulièrement des cours de yoga à des patientes atteintes de cancer du sein. Les mouvements étirent et assouplissent le haut du corps, une partie qui souffre de la chirurgie ou des traitements.

Cancer du sein et yoga : l’assouplissement du haut du corps

"Les femmes peuvent avoir du mal à étirer le haut du corps, car elles peuvent présenter des ganglions sous les aisselles ou des cicatrices trop adhérentes ou solides ou encore parce qu’elles éprouvent des problèmes d’engorgement des tissus", explique notre experte, contactée par Medisite. Une attention particulière est portée sur le système lymphatique : "Il s’agit de refaire circuler la lymphe, dont la stagnation englue les tissus et d’empêcher que les cicatrices ne durcissent".

Yoga et cancer du sein : conscience du corps et du souffle

Le yoga aide à appréhender les différents aspects de la maladie, en prenant en compte la condition physique de chacune et les limitations fonctionnelles (en fonction du traitement suivi, gravité des effets secondaires).

Sur le plan physique, il permet de travailler en conscience à la fois le système respiratoire qui masse les tissus en profondeur et relance l’oxygénation, et d’étirer spécifiquement les muscles superficiels du haut du corps (bras, pectoraux), résume Emmanuelle Stimamiglio. "Par la respiration, les étirements, la contraction musculaire, le yoga aide à dépolluer le corps. C’est pour ça que l’on se sent bien après la séance, on travaille et on réveille tout le corps".

Sur le plan mental aussi, cette discipline axée à la fois sur le corps et l’esprit est réputée pour colorer positivement le quotidien de ses adeptes. Dans le cas du cancer du sein, la pratique rejaillit également sur le bien-être des patientes. Ce, dès la première séance : le yoga rebooste en énergie et remonte le moral. Il n’est pas rare de voir des pratiquantes "ressortir avec le sourire en fin de séance", parce que cela leur fait du bien mais aussi "parce qu’elles ont réussi à faire des choses, qu’elles ne se pensaient pas capables de faire", observe l’experte.

Le yoga, un allié pour se décharger du négatif

En séance, la professeure de yoga prend soin d’adapter les postures, de les accessoiriser aux problématiques des patientes, de façon à ce que chacune puisse pratiquer en fonction de ses capacités.

Dans un environnement calme et propice à la concentration, la pratique collective aide à briser les peurs, les réticences et les timidités, à pratiquer. Chaque séance devient le lieu propice à se décharger du stress, de la fatigue et de la charge mentale liée à la maladie. "Se retrouver avec d’autres patients touchés par la problématique de cancer aide à dédramatiser, on se sent entouré", relève la professeure de yoga. "C’est comme un groupe de parole, il y a un lien qui se crée et c’est ce qui pousse les patientes à revenir, en dépit de la fatigue des traitements".

Dès la première séance, les effets relaxants et régénérants de la pratique se font sentir. On dort mieux, on se sent moins fatigué. "La pratique régulière apaise le système nerveux" en réduisant l’inflammation liée à certains symptômes de la maladie ou à certains effets secondaires des traitements.

Yoga : une aide pour récupérer plus vite des traitements

La professeure de yoga insiste : le yoga reste un outil d’accompagnement en parallèle des traitements. "On n’est pas dans le médical pur mais dans les soins de support. Le yoga aide à mieux encaisser les traitements et permettre de ne pas trop perdre en force musculaire, permettant de se remettre plus vite de la maladie et aider aussi à mieux cicatriser en cas de chirurgie".

Le gain en "vigueur physique et mental", qui s’opère de manière progressive, facilite la récupération physique et mentale et dope l’estime de soi, maltraitée par la maladie.

La pédagogie déployée par le professeur de yoga joue un rôle important dans ce processus d’accompagnement de la patiente, en expliquant les bienfaits des postures, en quoi elles sont adaptées au corps chahuté par la maladie.

Yoga et cancer du sein : une meilleure estime de soi

A ce cercle vertueux généré par la pratique du yoga s’ajoute une meilleure estime de soi : les patientes progressent dans la pratique et constatent, de surcroît, les bénéfices sur leur bien-être.

La visualisation, le yoga du rire, font partie des méthodes déployées par Emmanuelle Stimamiglio pour aider les patientes à se reconnecter à leur intériorité, à puiser dans leurs ressources mentales pour qu’elles se muent en force positive. "Le yoga développe la pensée positive. On utilise la capacité du mental dans un but positif qui va porter les patientes et les aider à mieux apprivoiser et à se réapproprier certaines zones du corps refoulées ou mal aimées à cause de la maladie". Cette technique de visualisation aide certaines à mieux gérer les chimiothérapies ou les peurs inhérentes à la maladie.

Yoga et cancer du sein : les conseils avant de pratiquer

Point de performance. Dans tout cours du yoga, l’élève doit être invité par le professeur de yoga diplômé à pratiquer en conscience, en respectant ses limites, sans se forcer. La posture doit s’adapter aux capacités de chacun, et non l’inverse.

Le professeur de yoga doit être capable de proposer des adaptations. Dans le cas du cancer du sein, il est conseillé à la patiente de demander l’avis de son médecin ou de son oncologue pour connaître les éventuels gestes contre-indiqués afin d’en informer le professeur de yoga avant la séance.

Certaines associations comme chez Rosa Mouv, association de soins de support dédiés aux personnes touchées par un cancer, proposent des cours de yoga dispensés par des professeurs formés à la problématique du cancer. "Les patientes peuvent par exemple demander conseil à leur oncologue" pour avoir le contact d’une association de patients, suggère Emmanuelle Stimamiglio.

Sources

Merci à Emmanuelle Stimamiglio, professeure de yoga à l’association Rosa Mouv, intervenante à l’institut Line Renaud de l’Hôpital Foch à Paris.

Plus d’infos : https://www.rosamouv.com/ 

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