Aidants : ces 5 signes indiquent un épuisement
En France, 11 millions de personnes accompagnent quotidiennement un proche en situation de dépendance, consacrant en moyenne plus de 20 heures par semaine à cette mission, bien souvent alors qu’ils sont encore en activité professionnelle. L’aidant accompagne son conjoint ou un parent, mais il peut s’agir de n’importe quelle personne de son entourage, familial ou social (un enfant, un voisin, un cousin éloigné…).
De quelle type d’aide parlons-nous ? La COFACE, la Confédération des organisations familiales de l’Union européenne indique que l’aide peut prendre “diverses formes”, et intégrer les “soins, accompagnement à l’éducation et à la vie sociale, formalités administratives, déplacements, coordination, soutien psychologique et vigilance permanente (en cas d’handicap psychique) ou activités domestiques.” Quelle qu’elle soit, cette charge mentale invisible finit par générer un épuisement profond, aux conséquences parfois dramatiques sur la santé physique et psychologique.
Burn out des aidants : plus complexe que l'épuisement professionnel ?
Contrairement au burn-out professionnel classique, l'épuisement des aidants s'installe insidieusement, sans reconnaissance sociale ni possibilité de "démissionner".
A cela s’ajoute une dernière difficulté : les signes de l’épuisement, même quand ils sont identifiés, n’amènent pas à une prise en charge ou un accompagnement.
Car la culpabilité (de ne pas se sentir “à la hauteur”) peut s’inviter dans l’équation, couplée avec d’autres problématiques plus matérielles : l’isolement (on s’enferme dans son rôle d’aidant, au risque de se déconnecter de sa propre vie) ou les difficultés financières.
C’est pourquoi il est primordial de se préserver en amont. Comment ? “Il est essentiel d'identifier les ressources autour de soi et d’activer tous les leviers d’aides possibles pour que cet accompagnement soit le moins impactant possible, conseille Simon de Gardelle, directeur de l'Association française des aidants, que nous avions pu interviewer il y a quelques mois. Il y a des moyens d’être aidé quand on est aidant”. Concrètement, on peut solliciter ses réseaux (professionnel, le service des ressources humaines notamment, amical, familial), mais aussi le tissu associatif, le centre d’action social de sa commune (CCAS), les médecins de ville… Des groupes de paroles existent partout sur le territoire, ils permettent d’échanger mais aussi de rompre l’isolement.
Épuisement des aidants : quels signes doivent alerter ?
Quand on est aidant, il est normal d’être plus sollicité qu’à l’ordinaire, de s’inquiéter pour son proche malade, en perte d’autonomie ou handicapé. Toutefois, certains signes doivent vous alerter et vous pousser à vous-aussi demander de l’aide. Voici les cinq principaux :
- La fatigue chronique : elle persiste malgré le repos et affecte progressivement la qualité de vie. Concentration défaillante, trous de mémoire, difficultés à accomplir les tâches quotidiennes sont autant de manifestations qui traduisent un organisme en surcharge.
- Les troubles du sommeil : difficultés d'endormissement, réveils nocturnes répétés, sommeil non réparateur reflètent l'anxiété accumulée. Cette privation de repos amplifie l'épuisement et crée un cercle vicieux redoutable.
- L'irritabilité : une impatience excessive, des colères inexpliquées, une frustration constante contaminent les relations avec l'aidé et l'entourage. Cette hypersensibilité émotionnelle révèle un système nerveux saturé.
- Des douleurs inexpliquées : ce peut être des maux de tête persistants, tensions musculaires, troubles digestifs inexpliqués. Stress et fatigue peuvent aussi affaiblir les défenses immunitaires.
- La perte d'intérêt : on perd progressivement goût à ce qui plaisait pourtant avant, les activités personnelles et les loisirs sont progressivement abandonnées.
Un seul de ces signes doit vous mettre la puce à l’oreille. De plus en plus d'associations militent pour “un droit au répit”. Il est parfois plus utile de passer le relai pour quelques jours, le temps de se ressourcer, plutôt que de vouloir continuer coûte que coûte, malgré un épuisement évident.
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https://coface-eu.org/wp-content/uploads/2022/05/COFACE-disability_FR_final.pdf
https://www.economie.gouv.fr/files/files/2021/guide_proche-aidant.pdf
https://www.aidants.fr/fonds-documentaire/dossiers-thematiques/reconnaissance/
https://gncra.fr/usagers/proches-aidants/#:~:text=La%20COFACE%20
https://solidarites.gouv.fr/agir-pour-les-aidants