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Près de trois millions de Français sont appareillés pour une apnée du sommeil. Mais on estime qu’une proportion non négligeable de patients ne sont ni diagnostiqués ni traités. Pourtant l’apnée du sommeil ou SAOS (pour syndrome d’apnée obstructive du sommeil) est une pathologie aux conséquences sur la santé bien documentée, notamment sur la santé cardiovasculaire. On sait aussi qu’un SAOS non traité impacte le quotidien (somnolence diurne notamment) et que certains facteurs, comme le surpoids ou les ronflements augmentent les risques. On connaît moins en revanche les causes intrinsèques de l’apnée du sommeil et l’effet des facteurs environnementaux sur la pathologie.

Deux études parues chacune ces dernières semaines lèvent le voile sur des causes/facteurs d’aggravation de l’apnée du sommeil jusque-là inconnus ou peu étudiés : le rôle du microbiote et le poids du réchauffement climatique.

Un déséquilibre du microbiote impliqué dans le SAOS

Dans une étude à paraître dans le numéro de juillet 2025 du magazine Sleep Medecine, des chercheurs américains partagent leur étonnante découverte : améliorer la santé intestinale pourrait régler un problème d’apnée du sommeil ! Cette étude qui, indique SantéLog un média à destination des professionnels de santé, “explore l'influence du microbiote intestinal sur le développement et la gravité des troubles respiratoires du sommeil”, met en avant le rôle des vésicules extracellulaires (VE) – de minuscules particules libérées par les cellules et transportant des signaux moléculaires – comme messagers potentiels entre l'intestin et le cerveau, pourraient être impliquées. Ces VE pourraient affecter la régulation du sommeil en modulant les réponses immunitaires ou en transportant des signaux microbiens vers le cerveau. Enfin, ces VE pourraient constituer des biomarqueurs ou des cibles thérapeutiques permettant de moduler l'axe intestin-cerveau dans le traitement de l'apnée du sommeil.”

Ces nouvelles découvertes complètent de précédentes études qui avaient déjà mis en avant des liens entre intestins et apnée du sommeil. Il a notamment été démontré que chez l’animal, les cycles répétés d’hypoxie (déséquilibre entre les apports et les besoins en oxygène), typiques du SAOS, modifient la composition bactérienne du microbiote et qu’une hypoxie intermittente altère l’équilibre microbien, affaiblit la barrière intestinale et favorise une inflammation systémique. On a également remarqué que les patients souffrant de SAOS sévère ont une flore bactérienne moins riche, ce qui accentue la perméabilité intestinale.

Apnée du sommeil : des symptômes plus sévères à cause de réchauffement climatique

La nouvelle est tombée lors du grand rassemblement annuel des professionnels de la pneumologie, des soins intensifs et de la médecine du sommeil : la conférence internationale ATS qui s’est tenue fin mai à San Francisco pour cette édition 2025. Une nouvelle étude rendue publique lors de l'événement affirme que “la hausse des températures aggrave la gravité de l'apnée obstructive du sommeil (AOS). L'étude révèle également que, selon les scénarios de changement climatique les plus probables, le fardeau sociétal de l'AOS devrait doubler dans la plupart des pays au cours des 75 prochaines années”, précise le communiqué de presse.

Les pays européens plus touchés par ce phénomène : une augmentation de 45 % du risque de développer un SAOS à cause du réchauffement climatique !

“Pour cette étude, les chercheurs ont analysé une base de données de plus de 116 000 utilisateurs à travers le monde d'un capteur sous-matelas validé pour estimer la gravité du SAOS. L'ensemble de données comprenait environ 500 mesures répétées par utilisateur”, détaille le communiqué. Globalement, des températures plus élevées étaient associées à une augmentation de 45 % du risque de développer un SAOS au cours d'une nuit donnée. Plus étonnant encore, cet effet est plus marqué dans les pays européens qu’au Etats-Unis ou en Australie.

Nous avons été surpris par l’ampleur de l’association entre la température ambiante et la gravité de l’AOS”, a déclaré le Dr Bastien Lechat, chercheur universitaire aux Etats-Unis qui a participé à l’étude.