Alzheimer : l’importance croissante de la prévention tout au long de la vie

Publié par Elodie Vaz
le 13/06/2025
female caregiver and senior man playing wooden shape puzzles game for dementia prevention
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L’allongement de l’espérance de vie et le vieillissement de la population augmentent le risque de développer la maladie d'Alzheimer. Cependant, depuis quelques années, des scientifiques ont identifié d'autres facteurs de risque. Et ils sont nombreux.

De plus en plus de chercheurs s’accordent à dire que la prévention joue un rôle essentiel dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer. Dans un article récent publié dans la revue médicale The Lancet, des experts ont actualisé la liste des facteurs de risque modifiables liés à la démence, en y ajoutant deux nouveaux éléments : les troubles de la vision non traités et un taux élevé de cholestérol LDL, souvent qualifié de « mauvais cholestérol ».

Ces facteurs viennent s’ajouter à ceux déjà identifiés :

  • Biologiques et médicaux : traumatismes crâniens, hypertension, diabète, obésité, dépression, perte auditive.

  • Comportementaux : tabac, alcool, sédentarité, manque de sommeil.

  • Sociaux : faible niveau d’éducation, isolement social.

  • Environnementaux : pollution de l’air.

Selon les auteurs, près de 45 % des cas de démence pourraient être évités ou retardés en agissant sur ces paramètres. Et ce, même chez les personnes présentant une prédisposition génétique à la maladie d’Alzheimer.

« La prévention est bien plus importante qu’on ne l’imaginait à l’époque des premières découvertes sur les maladies neurodégénératives », affirme le professeur Gilles Allali, directeur du Centre de la mémoire du CHUV (Centre hospitalier universitaire vaudois), dans un entretien accordé à Planète Santé. « Aujourd’hui, nous comprenons mieux quels facteurs augmentent les risques et comment les modifier, ce qui est très encourageant », ajoute-t-il. Dans un contexte où l’accès aux traitements innovants reste limité, la prévention apparaît comme un levier incontournable.

Stimuler le cerveau à tout âge : un réflexe à adopter tôt

L’un des grands messages des experts est clair : il faut stimuler le cerveau le plus possible, et ce dès le plus jeune âge. C’est dans ce cadre que les troubles sensoriels, comme la perte de vision ou d’audition, sont désormais pris très au sérieux. « Une réduction des stimuli sensoriels peut affaiblir le cerveau et, dans certains cas, précipiter l’apparition d’une maladie neurodégénérative », explique la professeure Aki Kawasaki, responsable de l’unité de neuro-ophtalmologie de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin à Lausanne.

Des études ont d’ailleurs montré une plus forte prévalence de maladies oculaires comme la cataracte ou la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) chez les personnes atteintes d’Alzheimer. Même si un lien de cause à effet reste à confirmer, ces troubles visuels méritent une attention particulière.

Mieux vaut prévenir dès 35 ans que guérir à 75

Il peut sembler abstrait de penser à son cerveau à 35 ans pour prévenir une maladie qui pourrait survenir à 75 ou 80 ans. Pourtant, les spécialistes insistent : c’est entre 30 et 60 ans que se construit en grande partie la santé cérébrale de demain. « C’est durant le milieu de vie qu’il faut intervenir, car c’est là que les efforts sont les plus efficaces », concluent les auteurs de l’étude publiée dans The Lancet.

Faire un bilan à mi-parcours, ajuster son hygiène de vie, corriger des troubles sensoriels, soigner son sommeil, bouger davantage, entretenir ses relations sociales : ces gestes simples mais réguliers peuvent faire une réelle différence.

Voici un diaporama des conseils d’experts pour limiter l’apparition de la maladie.

Encourager les activités cognitives stimulantes

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Apprendre une langue étrangère, jouer de la musique ou encore chanter sont autant de moyens efficaces de renforcer la cognition.

Appareiller les troubles auditifs

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Les recherches indiquent que la perte auditive peut être un facteur de risque pour le développement de troubles cognitifs, y compris la démence et la maladie d'Alzheimer.

Traiter la dépression

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Les personnes ayant des antécédents de dépression semblent avoir un risque accru de développer une maladie d'Alzheimer, suggère une étude néerlandaise publiée dans la revue scientifique Neurology. "Chez plus de la moitié des patients atteints de la maladie d'Alzheimer, la dépression est comorbide, mais elle précède aussi parfois le diagnostic clinique de maladie d'Alzheimer de plusieurs années, suggérant que le risque de démence pourrait être lié à des changements de la structure cérébrale induits par la dépression", indiquent le Dr Mirjam Geerlings, auteure de l’étude et médecin au Centre médical universitaire d'Utrecht.

Favoriser l’activité physique

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"Toutes les études confirment que les personnes pratiquant une activité physique modérée ou élevée réduisent d’environ 30 % leur risque de développer une maladie neurocognitive par rapport à celles qui n’en pratiquent que très peu", précise la Fondation Vaincre Alzheimer.

Arrêter le tabac et réduire la consommation d’alcool

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"Les études concordent en effet sur ce point : les fumeurs et buveurs réguliers sont environ deux fois plus exposés que les autres au risque de démence", souligne la Fondation Recherche Alzheimer.

Lutter contre l’hypertension artérielle

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Une hypertension artérielle (HTA) non contrôlée entre 35 et 64 ans accroît de 61 % le risque de développer la maladie d'Alzheimer, selon l'étude parue dans The Lancet Neurology.

Surveiller son cholestérol

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Selon une étude publiée dans la revue JAMA Network Open en 2023, les personnes qui ont une tendance génétique à des taux élevés de cholestérol HDL ont un risque accru de développer la maladie d'Alzheimer.

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