Un poumon de cochon greffé dans un corps humain : une première mondiale

Publié par Elodie Vaz
le 02/09/2025
Greffe de poumons de porc sur un humain
Autre
Image d'illustration
Un poumon de cochon génétiquement modifié a été greffé pour la première fois dans un corps humain en Chine. Si l’organe n’a survécu que neuf jours, cette prouesse marque une étape décisive dans la recherche sur les xénogreffes.

C’est une avancée médicale qui pourrait redéfinir l’avenir de la transplantation d’organes. Pour la première fois, un poumon de porc génétiquement modifié a été greffé dans le corps d’un être humain. L’intervention a eu lieu en Chine, sur une personne de 39 ans en état de mort cérébrale, selon le site spécialisé Stat. L’événement, relaté le 25 août dans la revue Nature Medicine, marque une étape importante dans le domaine encore naissant de la xénogreffe : la transplantation d’organes d’une espèce à une autre.

Des gènes modifiés pour tromper le système immunitaire humain

Afin de rendre l’expérience possible, les chercheurs ont travaillé sur l’animal “donneur”. Ses gènes ont été modifiés pour que ses tissus soient mieux tolérés par le système immunitaire humain, réduisant ainsi les risques de rejet. Malgré ces précautions, le poumon n’a survécu que neuf jours dans le corps hôte. Une durée brève, certes, mais qui n’empêche pas la communauté scientifique de saluer une prouesse.

Comme le souligne la revue Science, “les greffes de poumon d’humain à humain sont notoirement difficiles, alors la survie brève du poumon et la courte période de fonctionnement de cette xénogreffe confirment malgré tout la promesse que représentent les organes issus d’un porc génétiquement modifié pour que ses tissus soient compatibles avec ceux des humains.”

Une expérience dans la continuité d’autres tentatives

Ce n’est pas la première fois que des organes de porc trouvent leur place, même temporaire, dans un corps humain. Le média américain New York Times rappelle que “ces dernières années, les chercheurs ont transplanté des cœurs et des reins de cochons génétiquement modifiés à des patients, avec des degrés de réussites variés”. En 2024, un foie de porc avait lui aussi été testé.

Ces expériences s’inscrivent dans une tendance mondiale : l’exploration d’alternatives pour répondre à la pénurie chronique d’organes disponibles à la greffe. Selon l’Observatoire mondial du don et de la transplantation, 7 811 greffes de poumon ont été réalisées dans le monde en 2023, soit une hausse de 15 % par rapport à 2022. Mais l’offre reste très inférieure aux besoins.

Entre espoir et prudence

Pour les experts, la perspective d’utiliser un jour des poumons de porc pour sauver des vies humaines n’est pas de la science-fiction. Elle demeure toutefois encore lointaine. “C’est très prometteur et c’est un super premier pas, mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour que cela soit réalisable”, tempère auprès du New York Times Stephanie Chang, directrice du programme de transplantation pulmonaire à la faculté de médecine de l’université de New York, qui n’a pas pris part à l’expérience.

Cette prudence se justifie : les risques liés aux xénogreffes sont multiples, de l’échec de la transplantation à l’émergence de maladies transmises par l’animal. Les chercheurs espèrent néanmoins que l’ingénierie génétique continuera à repousser ces limites.

Une étape symbolique

L’essai chinois n’aura donc pas prolongé longtemps la vie du poumon implanté. Mais pour les spécialistes, l’importance est ailleurs : démontrer qu’un organe aussi fragile et complexe que le poumon peut, ne serait-ce que quelques jours, fonctionner dans un organisme humain. Une démonstration de faisabilité qui ouvre la voie à de futures expérimentations.

La xénogreffe de poumon, autrefois inimaginable, vient de franchir une première barrière. Et si les obstacles techniques et éthiques restent immenses, ce poumon de cochon aura déjà permis de faire respirer, un instant, le rêve d’un nouveau champ thérapeutique.

Google News