Pneumomie : un nouveau vaccin arrive pour protéger les adultes de cette infection des poumons encore trop meurtrière
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Pr Paul Loubet Professeur, spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Nîmes.
Un nouveau vaccin destiné à protéger les adultes d’une infection qui fait encore des ravages arrive sur le marché. Son nom : Capvaxive. L’annonce, très attendue, a été faite par le laboratoire MSD lors d’une conférence de presse le 19 novembre. Et elle tombe à pic. En France, le pneumocoque reste un adversaire redoutable. “Ce micro-organisme est aujourd’hui la première cause de pneumonie bactérienne chez l’adulte”, explique le Pr Paul Loubet, spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Nîmes.
Si une partie des infections restent bénignes, d’autres prennent une tournure dramatique. Chaque année, “le pneumocoque est responsable de 400 000 à 600 000 pneumonies aiguës, dont environ 130 000 seraient liées à ce germe”, rappelle le professeur. Chez les personnes âgées, l’impact dépasse largement la phase aiguë. “Il y a un risque de perte d'autonomie et de trouble cognitif”.
Une bactérie qui s’attaque à tout l’organisme
La gravité de cette bactérie ne tient pas seulement à son action sur les poumons. Elle peut provoquer une cascade de complications bien au-delà du système respiratoire. “Les infections à pneumocoques doivent être envisagées comme une maladie systémique”, insiste le Pr Loubet. AVC. Infarctus, atteintes neurologiques ou rénales… La liste est longue. “Les infections à pneumocoques ont un effet déclencheur de problèmes cardiovasculaires… le risque d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral sont multipliés par 6 et par 12”, alerte-t-il.
Le tout favorisé par une transmission très simple. “Il y a un réservoir humain ce qui permet une transmission entre les personnes par voie respiratoire”.
Les seniors en première ligne
Sans surprise, les plus de 65 ans sont les premiers exposés. La France en compte 15 millions, et 6 sur 10 vivent avec une maladie chronique. Résultat : 60 % des infections invasives à pneumocoques touchent cette catégorie et le risque grimpe avec l’âge, jusqu’à être multiplié par douze après 80 ans. Et même sans comorbidités, l’âge suffit à lui-même. La moitié des plus de 65 ans hospitalisés pour une pneumonie n’ont aucun antécédent médical particulier.
La vaccination, longtemps réservée aux personnes immunodéprimées et aux personnes avec des maladies chroniques, connaît donc un tournant majeur. “Depuis fin 2024, on est éligible à partir de 65 ans, que l’on soit malade ou pas”.
En France, la vaccination suscite encore beaucoup de méfiance, et ce vaccin n’échappe pas à la règle. Mais les médecins observent une nette progression dès que l’information est claire. “Avant il y avait deux vaccins, les gens étaient réticents. Mais quand le vaccin est bien proposé et que les conséquences sont expliquées, c'est facilement accepté”, se réjouit le spécialiste.
Un vaccin pensé pour les adultes
C’est dans ce contexte que ce produit arrive prochainement, avec un atout de taille. Le laboratoire a fait le pari de développer un vaccin uniquement pour l'adulte, couvrant des sérotypes qui ne concernent uniquement que cette tranche d’âge”, prévient le Pr Loubet.
Contrairement à d’autres injections, il n’existe pas de période précise. “Ce n'est pas une vaccination saisonnière. Elle peut se pratiquer toute l'année. Mais on sait qu'il y a une recrudescence des infections à pneumocoques en hiver.” La vaccination peut être pratiquée par un médecin généraliste ou un pharmacien, avec une simplicité supplémentaire : “la co administration avec d'autres vaccins est possible.”
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Interview avec le Pr Paul Loubet, spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Nîmes.