Vaccin pneumocoque : une protection méconnue qui réduit le risque de pneumonie sévère

Bien que l'attention se porte sur le virus de la grippe. Un autre danger est souvent oublié : la bactérie Streptococcus pneumoniae, ou pneumocoque. Elle est la première cause de pneumonie bactérienne et d’Infections Invasives à Pneumocoque (IIP) chez l'adulte, incluant des formes graves de méningite et de septicémie.

Le virus de la grippe agit comme un cheval de Troie : en détruisant l'épithélium respiratoire, il affaiblit la barrière de protection des poumons. Cette brèche, couplée à une réponse immunitaire temporairement débordée, offre une voie royale au pneumocoque pour coloniser les voies aériennes et provoquer une infection sévère.

Ce risque de pneumonie post grippale adulte s'intensifie avec les années. Si la mortalité des infections invasives à pneumocoque atteint déjà 10 à 30 % dans la population générale, elle grimpe en flèche chez les seniors. L’incidence de ces infections est ainsi six fois plus élevée chez les personnes de 89 ans et plus que chez celles âgées de 50 ans, illustrant la vulnérabilité croissante du système immunitaire.

Une protection efficace mais largement sous-utilisée

L'efficacité du vaccin pneumococcique contre les formes graves est solidement établie. Des études cliniques de grande ampleur, comme l'essai CAPiTA sur le vaccin conjugué 13-valent, ont validé sa capacité à protéger les adultes. Une autre étude a montré une protection de 60 % contre les septicémies à pneumocoque chez les plus de 65 ans recevant une vaccination combinée.

Pourtant, malgré la preuve de l'efficacité du vaccin pneumococcique contre ces infections sévères, la France accuse un retard préoccupant. Le taux d’incidence des IIP a bondi, passant de 11,9 cas pour 100 000 habitants en 2021 à 19,2 en 2022 chez les 65 ans et plus. Parallèlement, la couverture vaccinale reste très faible, atteignant seulement 3 % en 2018 pour les sujets à risque.

Une injection unique pour une protection durable

Face à ce constat, la stratégie vaccinale a été revue pour la rendre plus simple et accessible. La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande désormais le vaccin pneumocoque pour les 65 ans et plus, sans condition de comorbidité. L'âge seul est maintenant considéré comme un facteur de risque suffisant. Cette démarche de prévention de la surinfection après la grippe est facilitée par l'arrivée de nouveaux vaccins, comme le conjugué 20-valent (Apexxnar).

Pour toutes les personnes éligibles n’ayant jamais été vaccinées, le nouveau schéma vaccinal pour le pneumocoque est unique et se résume à une seule injection. Cette dose unique remplace l'ancien protocole complexe en deux temps et offre une protection durable.

Pour simplifier encore la démarche, cette injection peut être administrée le même jour que le vaccin saisonnier contre la grippe ou celui contre du Covid-19, transformant la protection hivernale en un rendez-vous de santé unique et efficace.