La fin des piqûres ? Des chercheurs trouvent comment administrer un vaccin sans injection

Publié par Elodie Vaz
le 23/09/2025
vaccin sans piqure
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Image d'illustration
Une équipe de scientifiques français et britanniques vient de trouver un moyen d’administrer un vaccin sans injection. Une nouveauté qui devrait en ravir plus d’un.

Fini les piqûres, les malaises dans la salle de consultation ou les sueurs froides dans la d’attente. Des chercheurs de l’Inserm, de l'Institut Curie et du King's College London ont montré qu’un simple massage pourrait suffire pour administrer un vaccin à travers la peau, sans aiguille. Une avancée publiée dans la revue scientifique Cell Reports le 17 septembre qui fait rêver… mais qui invite aussi à la prudence.

Notre peau n’est pas qu’un « emballage ». C’est un organe et le plus grand que nous avons.  Son rôle : protéger l’organisme contre les rayons UV, les bactéries et les substances toxiques. Elle s’adapte en permanence et subit des tensions naturelles, par exemple lors d’une blessure. Ces micro-tensions peuvent déclencher des réactions immunitaires. Mais qu’en est-il d’un simple étirement externe, comme un massage ou un frottement ?

Un massage qui ouvre des portes invisibles

Pour le savoir, l’équipe d’Élodie Segura (Inserm/Institut Curie) et de Stuart A. Jones (King’s College de Londres) a mis au point un dispositif reproduisant, pendant vingt minutes, la pression d’un massage, sans abîmer la peau. Testée chez la souris, la méthode a révélé un phénomène surprenant : après ce massage, la peau devient temporairement perméable à de très grosses molécules. Les chercheurs ont observé une « ouverture des follicules pileux (la cavité dans laquelle le poil prend sa naissance) », permettant à ces macromolécules de pénétrer dans le tissu cutané.

Une alerte immunitaire naturelle

Chez les rongeurs, cette ouverture a aussi permis à certains composés issus des bactéries naturellement présentes à la surface de la peau d’entrer plus profondément. Cela a déclenché une réaction inflammatoire locale et l’activation de l’immunité dite « adaptative », celle qui fabrique des anticorps et garde une mémoire, comme lors d’une vaccination.

« Ces résultats suggèrent que le stress mécanique agit comme un signal de danger au sein de la peau, indique Élodie Segura. L’entrée dans la peau de composés du microbiote favorisée par l’étirement pourrait ainsi alerter le système immunitaire local sur la perte d’imperméabilité de la barrière cutanée et l’activer pour répondre au potentiel danger. »

Un vaccin appliqué par simple massage

L’équipe a ensuite appliqué par massage un vaccin contre la grippe (H1N1) sur la peau de souris, puis a comparé la réponse immunitaire avec celle obtenue par une injection classique. Les résultats sont prometteurs.

« Des tests chez l’humain doivent être réalisés pour confirmer ces résultats observés chez la souris, car il existe des différences bien connues entre les peaux de nos deux espèces, précise Élodie Segura. Il nous faudra également comprendre comment chaque type de cellules cutanées réagit spécifiquement face au stress mécanique et quels sont précisément les produits du microbiote qui stimulent la réponse inflammatoire. Maîtriser ces processus chez l’humain pourrait ainsi permettre de développer des méthodes de vaccination ou d’administration de médicaments sans aiguille et non invasives. »

Prudence face aux risques

Mais cette découverte a aussi un revers. Elle suggère que les frottements ou les massages pourraient faciliter l’entrée de molécules nocives, comme des polluants ou certains allergènes, et déclencher des réactions immunitaires indésirables. Les évaluations de risque chimique « n’incluent pas la possibilité qu’une macro-molécule puisse entrer dans la peau », rappellent les chercheurs, qui appellent à des études complémentaires.

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