
Et si un petit tour à la pharmacie pouvait vous éviter un cancer ? Ces dernières années, pour combler le manque de médecins et délais d'attente interminables dans les déserts médicaux, les pharmaciens se sont vus attribuer de nouvelles fonctions. Certaines d'entre elles concernent des cancers, permettant une meilleure prévention et prise en charge.
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Le papillomavirus humain (HPV) reste, à ce jour, l’unique responsable des 3 000 cas de cancers du col de l’utérus observés chaque année en France. C’est pourquoi les femmes doivent effectuer un frottis à 25, 26 et 29 ans, puis des prélèvements vaginaux pour détecter ce virus, et ce tous les cinq ans (voir plus fréquemment pour les femmes à risque accru).
Or, il est désormais possible d'effectuer des auto-prélèvements ! Pour ce faire, les femmes de 30 à 65 sont invitées à récupérer leurs kits de dépistage en laboratoire. Seulement, certains professionnels du monde médical regrettent que les patientes reçoivent leur résultat seules face à un résultat positif, ou même difficile à décrypter. C’est pourquoi se développe l’idée d’une possibilité de récupérer le kit et les résultats en pharmacie, au même titre que pour d’autres cancers. Pour le moment, la question est débattue, mais un changement pourrait bien avoir lieu dans les prochains mois ou années.
En attendant, mieux que dépister, vous pouvez déjà effectuer le vaccin contre le HPV en pharmacie ! Celui-ci est recommandé pour tous les jeunes de 11 à 26 ans révolus, et permet de réduire de 94 % le risque de lésions précancéreuses, et de 90 % celui de développer un cancer du col de l’utérus.
Détection précoce du mélanome tous les trois mois
Et ce n’est pas le seul : deux autres cancers sont déjà détectables grâce à votre pharmacien. La campagne Juin Jaune a été l’occasion de rappeler l’importance de la prévention et de la détection du cancer de la peau. Aussi appelé mélanome, ce dernier est en constante augmentation, avec 243 500 nouveaux cas par an, soit trois fois plus qu’en 1990 selon Santé publique France. En cause ? L’exposition accrue aux UV, combinée à une trop faible protection solaire.
Or, s’il est diagnostiqué tôt, le cancer de la peau a un bon pronostic. D’où l’importance du dépistage, qui peut être pratiqué par un médecin ou un dermatologue notamment… Mais aussi par un pharmacien ! En officine, l’examen est réalisé à l’aide d’un dermoscope, d’un smartphone ou même parfois de l ’intelligence artificielle. Si la moindre suspicion est détectée, vous serez alors orienté vers un spécialiste pour des examens complémentaires. L’objectif est d’éviter les délais d’attente trop longs, qui peuvent facilement décourager et retarder le diagnostic ! En revanche, l’examen n’est pas gratuit, souvent proposé pour un minimum de 28 euros.
À noter qu’en plus d’un avis professionnel, il est également recommandé d’effectuer tous les trois mois des auto-examens pour le mélanome, en particulier si vous êtes considéré patient à risque (mais pas que !). Vous pouvez le faire chez vous, avec un miroir de poche et aidé d’un proche pour l’examen du cuir chevelu. Pour ce faire, repérez si vous remarquez un grain de beauté, en respectant la “règle ABCDE”, à savoir :
- asymétrie
- bords irréguliers
- couleur : plusieurs couleurs
- diamètre : plus de six millimètres
- évolution : il change de couleur, d’épaisseur ou de taille
Enfin, n’oubliez pas de porter de la crème solaire et des vêtements couvrants si vous êtes souvent exposés aux rayons du soleil. Prévenir plutôt que guérir !
Dépistage du cancer colorectal tous les deux ans pour les seniors
Enfin, le dernier cancer pour lequel vous pouvez passer à la pharmacie est le cancer colorectal (du côlon et du rectum). Il est recommandé aux personnes de 50 à 74 ans d’effectuer le dépistage tous les deux ans. Celui-ci consiste en une recherche de sang occulte, donc pas visible à l'œil nu, dans les selles. Alors qu’auparavant, le kit n’était disponible qu’en commande en ligne, ou bien chez son médecin traitant, il est désormais disponible en pharmacie gratuitement, car 100 % pris en charge par l’Assurance Maladie.
“La dernière fois que j’ai eu mon rappel pour,le dépistage du cancer coloréctal, je suis allé à la pharmacie chercher mon kit”, se souvient Alan. Et d’ajouter “Tout était simple et clair, mais surtout, ça m’a évité un rendez-vous chez le médecin, j’ai donc gagné du temps !”. Un temps précieux lorsque l’on connaît l’importance du dépistage précoce pour ce type de cancer, troisième le plus fréquent en France, et deuxième le plus mortel avec environ 17 000 décès par an.
Ce test, à remettre ensuite dans un laboratoire, permet d’écarter le doute dans 96 % des cas. Dans les 4 % restants, ou pour les personnes à risque, une coloscopie est alors nécessaire pour déterminer s’il existe des lésions cancéreuses ou précancéreuses, ou non.