Choléra : cette maladie est arrivée dans deux pays d'EuropeImage d'illustrationIstock

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Alors que le Vatican vient de nommer le pape Léon XIV à la tête de l’Église catholique, deux foyers de contagion du choléra ont été recensés sur le continent européen, à la suite de l’utilisation d’eau bénite ramenée d’Éthiopie. Au total, quatre Britanniques et trois Allemands ont présenté des signes de cette maladie infectieuse en février et en mars derniers. Selon un article du média américain The Times, les experts des agences sanitaires de ces deux pays européens sont rapidement remontés à la source de l'infection.

Selon un article publié le 10 avril dans la revue scientifique Eurosurveillance, l’eau aurait été tirée du puits sacré de Bermel Giorgis, situé dans la région d’Amhara, dans le nord-ouest de l’Éthiopie, proche du Soudan. Une eau qui présenterait des « vertus miraculeuses ». « Le puits sacré est un lieu de pèlerinage qui attire les visiteurs du monde entier et où l’on effectue plusieurs rituels, dont des ablutions avec de l’eau bénite (…). Soit elle est bue, soit on s’y baigne afin de soigner corps et esprit », expliquent les auteurs de l’étude.

Des symptômes digestifs typiques du choléra

Les deux voyageurs allemands ont partagé l’eau bénite avec une troisième personne qui n’a pas quitté l’Europe. « Les trois personnes ont simultanément développé une diarrhée aiguë et des vomissements, et ont été hospitalisées, dont l’une d’entre elles a nécessité un séjour en soins intensifs », précisent les scientifiques dans l’étude.

À la même période, en Grande-Bretagne, des symptômes similaires ont été détectés chez quatre personnes. « Trois patients ont signalé de manière indépendante un voyage récent en Éthiopie. Deux ayant déclaré s’être rendus dans la région d'Amhara. Le troisième a fait état d’un voyage religieux de neuf jours dans le puits sacré de Bermel Giorgis, au cours duquel de l’eau locale a été utilisée pour la préparation et le lavage des aliments. Un quatrième patient britannique n’a pas voyagé en dehors du Royaume-Uni, mais a indiqué avoir bu de l’eau bénite d’Éthiopie, ramenée sur le Vieux Continent par le troisième patient britannique, qui est également tombé malade après avoir consommé l’eau », rapporte l’étude.

Le choléra, une maladie très contagieuse

Le choléra est une maladie connue depuis l’Antiquité. Elle s’est longtemps répandue sous forme de pandémies (des épidémies qui touchent tous les continents). Selon l’Institut Pasteur de Lille, on assiste depuis 1961 à l’expansion de la 7ᵉ pandémie.

Cette pathologie infectieuse est causée par la bactérie Vibrio cholerae. Ce micro-organisme affecte les intestins. Extrêmement transmissible, l’eau et les aliments contaminés sont sa première source de contamination. « Sa propagation est facilitée par les mauvaises conditions d’hygiène, le manque d’accès à de l’eau potable et les infrastructures sanitaires insuffisantes, surtout dans les régions en développement ou touchées par des crises », précise l’Institut Pasteur de Lille sur son site.

Les différents symptômes

Le premier symptôme caractéristique de la maladie est la diarrhée. Elle est reconnaissable par son abondance et sa couleur claire, type eau de riz. Les vomissements sont le deuxième signe typique de cette infection. Ils sont le plus souvent en jet.

« L’importance des pertes digestives peut atteindre rapidement plusieurs litres, avec pour conséquence une sensation de soif intense que le patient ne peut satisfaire, l’apparition de crampes musculaires assez douloureuses ainsi qu’un tarissement progressif des urines », avertit l’Institut Pasteur de Lille sur son site. Si la déshydratation n’est pas prise en charge très rapidement, le patient peut mourir en quelques jours.

Les traitements

Le premier traitement est donc la réhydratation. Les médecins posent une perfusion de sérum salé et d’électrolytes pour apporter les éléments chimiques dont le corps a besoin. « La compensation des pertes hydriques (déshydratation) peut exiger des volumes importants : en moyenne, entre 8 et 12 litres, mais parfois beaucoup plus », souligne l’Institut de recherche médicale. Cette hydratation continue par voie orale dès que les vomissements sont traités.

L’antibiothérapie peut être proposée dans les cas graves. Cependant, l’émergence de souches résistantes à ces traitements nécessite de tester la sensibilité de la bactérie avant de les administrer.

Par ailleurs, dans les pays où les épidémies sont encore nombreuses, un vaccin est disponible. Pour information, cette bactérie touche entre 1,4 et 4,3 millions de personnes par an à travers le monde. Selon l’Organisation mondiale de la santé, entre 21 000 et 143 000 personnes succombent chaque année à leurs symptômes.