Cancer du sein : manquer sa première mammographie augmente de 40 % le risque de décès

Publié par Elodie Vaz
le 03/10/2025
Mammographie de contrôle
Istock
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Une étude internationale révèle qu’ignorer sa première mammographie peut avoir des conséquences fatales, même 25 ans plus tard. Les femmes qui ne participent pas à ce premier dépistage ont un risque de mortalité nettement plus élevé, faute d’une détection précoce du cancer du sein.
 

Et si tout se jouait dès le premier rendez-vous ? Une vaste étude internationale vient de montrer que les femmes qui passent à côté de leur première mammographie ont, vingt-cinq ans plus tard, un risque beaucoup plus élevé de mourir d’un cancer du sein que celles qui l’ont réalisée. « Informer, soutenir et encourager les femmes à participer à leur premier dépistage » doit devenir une priorité des systèmes de santé, insistent les chercheurs dans leurs conclusions.

L’étude, publiée dans la revue British Medical Journal et menée conjointement en Chine et en Suède, s’est appuyée sur le programme suédois de dépistage par mammographie. Près d’un demi-million de femmes, âgées de 50 ans, ou 40 ans à partir de 2005, ont été suivies entre 1991 et 2020. Les résultats parlent d’eux-mêmes : près d’un tiers d’entre elles (32,1 %) n’ont pas réalisé leur première mammographie.

Ce premier « non-rendez-vous » n’est pas anodin. Ces femmes se sont révélées, au fil des années, moins enclines à participer aux dépistages suivants et davantage exposées à un diagnostic tardif, avec des tumeurs découvertes à un stade avancé. C’est le cas de Jeanne âgée de 65 ans. “Ma dernière mammographie date de plus de 5 ans. Si je peux éviter les examens je préfère. Je reste cependant très vigilante à mon corps et je m’auto ausculte la poitrine très régulièrement”, confie-t-elle

Même nombre de cancers… mais plus de décès

Fait marquant : l’incidence du cancer du sein, autrement dit la probabilité d’en développer un, reste quasiment identique dans les deux groupes étudiés, 7,8 % chez celles qui ont effectué la première mammographie contre 7,6 % chez celles qui l’ont manquée.

La différence se joue ailleurs, sur l’issue de la maladie. La mortalité cumulée grimpe ainsi, au bout de 25 ans, à 9,9 décès pour 1000 chez les femmes atteintes d’un cancer n’ayant pas fait cette première mammographie, contre seulement 7 décès pour 1000 chez celles qui l’avaient réalisée.

Pour les auteurs, cette surmortalité reflète « probablement un retard de détection », avec au final un risque à long terme supérieur de 40 %.

Pourquoi ce premier examen est important ?

De nombreuses recherches avaient déjà montré que le dépistage par mammographie reste l’outil le plus efficace pour la détection précoce du cancer du sein. Mais cette nouvelle étude s’attarde sur un point rarement exploré : les implications à long terme du tout premier geste de dépistage.

Selon les chercheurs, le comportement des femmes face à ce premier rendez-vous pourrait servir d’indicateur : « il permet d’anticiper à la fois les chances d’un diagnostic précoce et le risque de mortalité » lié au cancer du sein.

Comme toute étude observationnelle, ce travail ne peut affirmer avec certitude une relation de cause à effet. Des facteurs non mesurés tels que les habitudes de vie, l'environnement social, ou encore l’accès aux soins ont pu jouer un rôle. Mais les conclusions n’en restent pas moins fortes : le premier dépistage est un « investissement à long terme dans la survie » des femmes.

D’où l’appel des chercheurs indépendants à renforcer l’information et l’accompagnement : il ne s’agit pas seulement de rappeler aux femmes de se rendre aux rendez-vous de dépistage, mais surtout de créer les conditions pour qu’elles franchissent cette première étape.

Une responsabilité collective

En France, où le dépistage organisé commence à 50 ans, les taux de participation restent insuffisants. Pour Jeanne, le problème se trouve dans la prise de rendez-vous. “J’habite dans un désert médical à 3 heures en voiture de Paris. Obtenir un rendez-vous rapidement pour n’importe quel examen radiologique relève du miracle chez moi”, se désole-t-elle. 

L’étude venue de Suède et de Chine agit donc comme un signal. Pour les chercheurs, agir tôt, dès la première invitation, c’est donner à des milliers de femmes une chance supplémentaire de survie.

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https://www.bmj.com/content/390/bmj-2025-085029 

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