Cancer du sang : un nouveau traitement suscite l’espoir pour cette maladie encore trop mortelle
C’est un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui s’intéressent aux maladies du sang. Du 6 au 9 décembre, le congrès annuel de l’American Society of Hematology (ASH) a réuni à Orlando, en Floride, des milliers de médecins, chercheurs, industriels et associations de patients venus du monde entier. Le but : partager les dernières découvertes qui pourraient changer la vie des personnes touchées par un cancer du sang. Cette année encore, les équipes de l’Institut Gustave Roussy ont eu une place de premier plan, avec 61 études présentées.
Parmi elles, l’une a particulièrement marqué l’auditoire. Les premiers résultats de l’étude Olympia-3, dévoilés lors d’une session orale par le Dr Jean-Marie Michot. Cette étude s’intéresse à un type de cancer du sang fréquent et agressif, le lymphome diffus à grandes cellules B. Ce cancer touche les ganglions et les lymphocytes B, des cellules clés du système immunitaire. Aujourd’hui, on le traite avec un mélange de chimiothérapie, appelé CHOP, et un anticorps (le rituximab) qui aide à détruire les cellules malades. Un traitement efficace, mais qui ne fonctionne pas chez tout le monde.
Une nouvelle immunothérapie qui donne de l’espoir aux patients
C’est là que l’étude Olympia-3 apporte de l’espoir. Les chercheurs ont testé une nouvelle molécule, l’odronextamab, un anticorps bispécifique. Concrètement, il agit comme un petit “guide” qui rapproche les cellules du système immunitaire des cellules cancéreuses pour qu’elles puissent mieux les attaquer. Ce type d’immunothérapie suscite beaucoup d’intérêt depuis quelques années.
Les résultats présentés sont encourageants. Le traitement est globalement bien toléré, avec des effets indésirables connus et gérables. Deux doses ont été testées et, fait marquant, la plus élevée (160 mg) a permis d’obtenir 100 % de réponses complètes chez les patients. Autrement dit, la maladie a totalement disparu dans les examens utilisés pour évaluer l’efficacité. Cette dose a donc été retenue pour poursuivre l’étude. Une nouvelle particulièrement prometteuse pour un cancer connu pour sa dangerosité.
D’autres travaux menés par les experts de Gustave Roussy ont également été mis en avant. La Dr Tereza Coman a présenté une étude sur la prévention de la réaction du greffon contre l’hôte, une complication qui peut survenir après une greffe de moelle osseuse. Cette réaction se produit lorsque les cellules du donneur s’attaquent aux tissus du patient. Trouver la meilleure stratégie pour l’éviter représente un enjeu majeur pour améliorer la sécurité des greffes.
Un espoir concret pour les patients dans les années à venir
La chercheuse Isabelle Plo s’est penchée, quant à elle, sur le rôle des mitochondries, souvent décrites comme les “centrales énergétiques” de nos cellules. Elle étudie comment leur fonctionnement pourrait favoriser l’apparition de certains syndromes myéloprolifératifs, des maladies où la moelle osseuse produit trop de cellules sanguines. Mieux comprendre ces mécanismes biologiques pourrait aider à prévoir ou à mieux traiter ces cancers du sang.
Enfin, le Dr Jean-Baptiste Micol a présenté les résultats de l’étude ALFA-PPP, qui s’intéresse aux patients atteints de leucémie myéloïde aiguë avec une mutation TP53. Cette mutation est connue pour rendre la maladie plus difficile à traiter. L’étude analyse leur prise en charge dans la “vraie vie”, c’est-à-dire en dehors des essais cliniques strictement encadrés. Les résultats d’Olympia-3 laissent espérer que de nouveaux traitements plus efficaces verront bientôt le jour pour les patients atteints de cancer du sang.