Animaux domestiques et sauvages de plus en plus touchés par nos maladies : pourquoi c'est inquiétant ? 

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 17/11/2025
maladies humains et animaux
Istock
Le diabète, l’obésité, l’arthrose et même le cancer touchent de plus en plus les animaux domestiques mais aussi les animaux sauvages. Comment l’expliquer ? Une étude décrypte le phénomène. 
 

Les cochons souffrent de plus en plus d’arthrose, les bélugas (ou dauphins blancs) sont particulièrement touchés par les cancers, les saumons deviennent cardiaques, le taux d’obésité chez les chiens et les chats domestiques atteint des sommets (plus d’un chat sur deux serait concerné) et les tortues marines ont de plus en plus souvent des tumeurs. Ces quelques exemples illustrent comment la santé des animaux subit des évolutions majeures ces dernières décennies alors même que les maladies animales (fièvre aphteuse, dermatose nodulaire, grippe aviaire…) connaissent elles-aussi une recrudescence alarmante. La grippe aviaire par exemple décime actuellement des colonies entières d’éléphants de mer partout dans le monde ou un premier foyer en Dordogne inquiète les éleveurs à moins d’un mois et demi de Noël.

 

Les animaux aujourd’hui touchés par nos maladies humaines : comment l’expliquer ?

Ce phénomène est mal connu et surtout mal suivi et analysé. Pour mieux le comprendre, la zootechnicienne Antonia Mataragka de l'Université agricole d'Athènes en Grèce propose un modèle d'évaluation des risques fondé sur des données probantes, susceptible d'éclairer la santé publique, car les humains comme les animaux sont confrontés à une recrudescence de ces mêmes affections chroniques, les uns comme les autres peuvent tirer profit d’une meilleure connaissance du phénomène. Ses résultats ont été rendus publics la semaine dernière par la Society for Risk Analysis (SRA), une organisation mondiale et multidisciplinaire qui se consacre à l'avancement de la science et de la pratique de l'analyse des risques. 

Face à l’accélération de l’émergence des maladies due aux changements environnementaux, l’absence de systèmes de diagnostic précoce retarde encore davantage la détection des maladies non transmissibles chez les animaux”, explique Antonia Mataragka dans le communiqué de presse de la SRA. “Si des organisations comme l’Organisation mondiale de la Santé fournissent des données exhaustives sur la mortalité liée aux maladies non transmissibles chez l’humain, des statistiques aussi détaillées pour les animaux sont rares. Cela souligne la nécessité de mener des recherches plus approfondies et de renforcer la surveillance en santé vétérinaire afin de mieux comprendre et de traiter ces problèmes.” 

 

Augmentation des maladies “humaines” chez les animaux : 2 causes principales

Que nous apprennent ces travaux ? Que deux grandes causes peuvent expliquer cette recrudescence de cas  : 

  • Des facteurs génétiques qui prédisposent certaines populations animales à un risque accru de maladies non transmissibles. Les chiens et les chats sélectionnés pour leur apparence, ainsi que le bétail génétiquement optimisé pour la productivité, présentent un taux plus élevé de diabète et de valvulopathie mitrale par exemple.
  • L’exposition à des facteurs environnementaux, les déséquilibres nutritionnels, la sédentarité et le stress chronique ont un impact sur l’apparition et la progression des maladies chez différentes espèces. “Les changements écologiques d'origine humaine – notamment l'urbanisation, le dérèglement climatique, la conversion des terres et la perte de biodiversité – exacerbent l'intensité et la durée des expositions nocives", détaille le communiqué de presse. 

Des exemples ? "Le réchauffement des océans et la dégradation des coraux sont liés à une prévalence accrue de tumeurs chez les tortues marines et les poissons, tandis que l'urbanisation et le stress thermique contribuent à l'augmentation des taux d'obésité et de diabète chez les animaux de compagnie, poursuit le SRA. De plus, la pollution atmosphérique urbaine et le ruissellement chimique sont associés à des troubles endocriniens et immunitaires chez les oiseaux et les mammifères.” Dans ces conditions, les interactions entre la santé humaine et la santé animale, qui avaient cruellement été révélées lors de la pandémie du Covid, expliquent la frontière de plus en plus mince entre les espèces. 

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Communiqué de presse Society for Risk Analysis (SRA).

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