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La sieste améliore les capacités cognitives

Cela est bien connu, le sommeil a des effets réparateurs très importants. Il permet à l'organisme de récupérer, aussi bien sur le plan physique que mental. De nombreuses études ont d'ailleurs montré "le rôle du sommeil dans les phénomènes de concentration, d'apprentissage, de mémorisation ou d'orientation", comme le rappelle l'Inserm.

La sieste renforce la concentration et la vigilance

Une sieste de courte durée (entre 10 et 30 min) a des effets bénéfiques sur la concentration et la vigilance.

Pourquoi ? Parce que faire une sieste en milieu de journée permet au cerveau de se mettre en veille, et de se recharger, pour redémarrer ensuite de plus belle.

Aucun organe, en effet, ne souffre plus du manque de sommeil que le cerveau ; un manque que la sieste peut permettre d'éviter. Les parties cérébrales en charge de la concentration et de la vigilance se "rechargent" tout particulièrement durant le sommeil grâce au glucose transporté jusqu'à elles par le système circulatoire sanguin.

Les bienfaits de la sieste sur la concentration et la vigilance ont d'ailleurs été prouvés par des études réalisées par la Nasa sur des pilotes. Elles ont démontré que la vigilance est améliorée de 54 % chez les personnes ayant fait la sieste !

En pratique : Pour gagner en vigilance, particulièrement si vous prenez la route, ou si vous exercez une activité demandant beaucoup de concentration, prévoyez de faire une sieste de 10 à 30 minutes, soit après le déjeuner, soit dès que vous sentez que vous fatiguez. Lorsque vous conduisez, vous pouvez faire une sieste de 10 minutes chaque fois que vous faites une pause.

La sieste est bonne pour la mémoire !

La sieste, c'est prouvé, a des effets bénéfiques sur la mémoire.

Pourquoi ? Parce qu'une courte sieste suffit à reposer le cerveau, lui permettant de "mettre de l'ordre". Ce sont les échanges entre les neurones qui construisent la mémoire. "Or c'est pendant le sommeil que ces connexions neuronales sont remodelées", explique le Dr Didier Cugy, médecin du sommeil. Si vous en manquez, "vous saturez les neurones et ils perdent de leur capacité".

Les bienfaits de la sieste sur la mémoire ont été démontrés par la même étude de la Nasa, que nous avons citée plus haut. Selon ses résultats, les personnes qui font la sieste ont des performances de mémorisation et d'acuité intellectuelle améliorées de 34 %.

En pratique : Une courte sieste de moins d'une demi-heure, entre 14 et 16 h, est suffisante pour "mieux récupérer et restituer les capacités intellectuelles".

La sieste, des vertus contre Alzheimer ?

La sieste ayant des effets bénéfiques sur la mémoire, les chercheurs s'intéressent de très près à ses vertus contre la maladie d'Alzheimer. Et il se pourrait bien qu'elle en ait, à condition qu'elle ne soit pas trop longue...

Pourquoi ? Parce que la sieste permet de rebooster les processus de la mémoire et qu'elle permet aux neurones de "mieux s'organiser" explique le Dr Didier Cugy, médecin du sommeil, elle peut avoir un effet bénéfique sur la maladie d'Alzheimer. Elle pourrait "en ralentir la progression", précise notre spécialiste, en protégeant les neurones.

Des effets à l'étude : Les effets de la sieste sur la maladie d'Alzheimer sont encore à l'étude. Plusieurs travaux ont fait un lien entre la qualité du sommeil et la maladie d'Alzheimer. Une étude, réalisée en 2000 au Japon sur 337 patients atteints de la maladie d'Alzheimer, a montré qu'une courte sieste (moins d'une heure) pourrait avoir un effet protecteur sur la maladie (contrairement à une sieste de plus d'une heure qui pourrait en augmenter les risques et symptômes).

Sieste : un signe précoce de démence ?

Une étude chinoise plus récente, publiée le 25 janvier 2021 dans la revue General Psychiatry, montre que faire la sieste régulièrement durant l'après-midi peut être lié à une meilleure agilité mentale. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont étudié 2 214 seniors en bonne santé, âgés de 60 ans et plus.

Parmi eux, 1 534 faisaient piquaient généralement un somme après le déjeuner, tandis que 680 participants ne le faisaient pas. Tous ont suivi une série d'examens de santé et de tests cognitifs, dont un visant à vérifier le risque de démence, appelé "Mini Mental State Exam".

Résultat : les scores de performance cognitive étaient significativement plus élevés chez les personnes faisant la sieste que chez les autres. La différence était particulièrement importante en matière de représentation de l'espace, de fluidité verbale et de mémoire.

Il s'agit néanmoins d'une étude observationnelle, qui ne peut établir qu'une association et non un lien de causalité. Les scientifiques ont d'ailleurs indiqué qu'ils ne pouvaient conclure si la sieste était un moyen de prévenir la démence et le déclin cognitif ou si, au contraire, le besoin de dormir la journée était un symptôme précurseur de démence.

L'une des théories avancées, face aux résultats de ces travaux, est que le sommeil régule la réponse immunitaire de l'organisme, et que la sieste est considérée comme une réponse évoluée à l'inflammation. "Les personnes ayant des niveaux d'inflammation plus élevés font également la sieste plus souvent", précisent les auteurs.

La sieste facilite la digestion

Faire la sieste après manger aide à mieux digérer !

Pourquoi ? Une sieste après le repas, permet au corps de se concentrer exclusivement sur le fonctionnement du système digestif. C'est parce que l'organisme est sollicité après le repas, que l'on ressent en général un coup de barre après le déjeuner. "Pour bien digérer, l'organisme demande du repos en sécrétant des substances appelées neurohormones qui accentuent le besoin de sommeil", explique le Dr Didier Cugy, médecin du sommeil.

De façon naturelle, l'organisme tend à couper les autres activités de l'organisme, pour concentrer son énergie sur la digestion. Faire la sieste est donc une excellente solution. Elle évite non seulement de se sentir fatigué pendant le processus de digestion, mais permet à l'organisme de bien digérer, puisqu'il n'a qu'à se concentrer sur cette action !

Que faire ? Ne faites pas la sieste directement après le repas ! Attendez une quinzaine de minutes avant de vous préparer à dormir. Une sieste de moins d'une demi-heure est suffisante pour favoriser une bonne digestion, et pour refaire le plein d'énergie.

La sieste est bénéfique au cœur

Une étude réalisée en 2000 aux États-Unis sur environ 1000 personnes a démontré que les risques de problèmes cardiovasculaires étaient plus importants chez les gens pratiquant la sieste.

Cependant, comme l'explique le Dr Didier Cugy, médecin du sommeil, des précisions ont depuis été apportées : "Cette étude datée de 2000 ne prenait pas en compte les gens faisant de l'apnée du sommeil, pathologie qui provoque effectivement 5 à 7 fois plus de problèmes cardiovasculaires que chez d'autres individus. Or, si on enlève les gens faisant de l'apnée du sommeil, propice aux maladies cardiovasculaires et qui ont tendance à dormir plus, on se rend compte que chez le reste de la population, la sieste a plutôt un effet bénéfique, puisqu'elle contribue au repos physique".

La sieste, un anti-stress

La sieste a un effet bénéfique sur les nerfs et permet une meilleure gestion du stress !

Pourquoi ? Le stress vient souvent d'un manque de sommeil. La sieste peut donc vous permettre de mieux gérer le cumul de fatigue et de récupérer dans la journée si besoin. Son action : un effet relaxant. C'est un moment de détente, permettant de relâcher la tension, "rééquilibrant le système nerveux et reposant le corps", explique le Dr Didier Cugy, médecin du sommeil.

En pratique : "Pour les gens ayant du mal à s'endormir, un kinésithérapeute peut indiquer des exercices respiratoires de relaxation", explique le Dr Cugy. La bonne durée : Express (5 à 10 min) ou courte (20 à 30 min) !

La sieste améliore l’humeur

La sieste peut avoir un effet bénéfique sur l'humeur en vous détendant, en permettant à votre cerveau et votre organisme en général de recharger les batteries.

Pourquoi ? C'est bien connu, quand on manque de sommeil, on est plutôt de mauvaise humeur, on perd vite patience, on s'énerve facilement... Une courte sieste dans la journée permet de récupérer et de recharger les batteries pour continuer la journée en étant plus reposé et dynamique. "Le corps se recharge à bloc pendant la nuit et dans la journée, on peut le recharger encore un peu en faisant la sieste pour qu'il reparte de plus belle", explique le Dr Didier Cugy.

En pratique : Faire la sieste dans la journée, entre 13h et 16h, même une dizaine de minutes, peut vous permettre de retrouver dynamisme et bonne humeur comme après une bonne nuit de sommeil !

Sieste : mode d'emploi

Certaines personnes peuvent arriver à s'endormir dans des positions inconfortables, ou dans des lieux bruyants. "Le mieux reste de privilégier le confort. Allongez-vous si possible, évitez un endroit trop lumineux ou trop bruyant, déchaussez-vous, dégrafez votre ceinture, et détendez-vous !".

Bien sûr, tout dépend des gens : certains auront besoin d'un bon matelas, d'autres s'accommoderont d'un fauteuil, tandis que d'autres pourront faire une sieste de 10 min sur les toilettes.

Pour les personnes ayant du mal à se détendre et à plonger dans les bras de Morphée, il existe aussi des techniques de respiration. Si vous êtes dans ce cas-là, tournez-vous vers un spécialiste, comme un kinésithérapeute par exemple, qui vous indiquera les exercices à faire.

Avons-nous tous besoin de faire la sieste ?

La sieste est-elle bénéfique pour tout le monde ? "Rien n'indique le contraire", affirme le Dr Didier Cugy, médecin du sommeil. "Ver de terre, mouche, homme, tout le monde dort ! Le sommeil est une fonction de récupération physique et psychique, il restitue les capacités que l'organisme perd pendant qu'il est éveillé." La sieste est une affaire d'horloge biologique ! Il existe des personnes qui n'ont pas besoin de beaucoup dormir, et d'autres qui ont vraiment besoin de beaucoup de sommeil.

Ainsi, notre horloge interne détermine notre besoin ou non de faire une sieste, plus ou moins longue. Dans tous les cas, la sieste est utile : "elle booste les petits dormeurs et aide les gros dormeurs à récupérer, en particulier quand le gros dormeur n'a pas le temps de faire de longues nuits". La sieste peut même être un besoin biologique en été en période de fortes chaleurs.

Sieste : quelle est la durée idéale ?

Combien de temps faut-il dormir pour que la sieste soit bénéfique ?

On peut distinguer trois types de sieste :

  • La sieste express : 5 à 10 min
  • La sieste standard : 20 à 30 min
  • La sieste prolongée : 1h à 1h30

Le Dr Cugy, médecin du sommeil, préconise deux attitudes :

  • Soit on fait une sieste de moins de 30 minutes, de sommeil superficiel, pour se réveiller en forme.
  • Soit on s'offre un cycle complet de 1h à 1h30 : "si l'on se réveille lors de la phase de sommeil profond, on risque d'être 'vaseux'", explique le Dr Cugy, il faut donc faire le cycle complet.

Un cycle du sommeil dure entre 1 h et 1h30. Ce cycle comporte une phase de sommeil superficiel, une phase de sommeil profond, et une phase de sommeil paradoxal, "le sommeil où l'on rêve". Durant la nuit, les cycles se répètent. Pas pendant la sieste (elle est trop courte).

Il faut donc apprendre à connaître son rythme pour la faire efficacement et qu'elle soit vraiment agréable. Pour savoir quelle est la durée de votre cycle, le Dr Cugy conseille de le tester tout simplement : faites la sieste, quand vous êtes en vacances, ou en week-end, et voyez au bout de combien de temps vous vous réveillez seul.

D'après une étude réalisée en 2006 aux États-Unis, une sieste trop longue (de plus de 30 min) n'aurait pas de bénéfice pour la santé. Des siestes trop longues et trop fréquentes pourraient dérégler le cycle de sommeil et, contrairement à une sieste courte, laisserait le dormeur "vaseux".

Faut-il faire la sieste tous les jours ?

D'après le Dr Didier Cugy, médecin du sommeil, la sieste peut se faire tous les jours, en fonction de la charge du travail, de la durée de la nuit, s'il y a ou non un coup de barre dans la journée... Si vous n'avez pas de coup de fatigue dans la journée, il est inutile de faire la sieste : cela risquerait d'empiéter sur le temps de sommeil de la nuit suivante. La sieste est souvent une bonne solution pour les gens travaillant en horaires décalés, la nuit par exemple.

Il est plus difficile de faire la sieste quand on est sur son lieu de travail, en open-space par exemple. Dans ces cas-là, il faut essayer de s'isoler autant que possible. À savoir : de plus en plus, des 'lobby sieste' se montent. Il s'agit de groupes de défense des bienfaits de la sieste. Il existe même, en région parisienne, des clubs de sieste, où l'on peut aller, comme on va en salle de sport, pour faire la sieste !

Peut-elle entraîner des insomnies ?

Le rôle de la sieste est de compenser, de compléter une nuit de sommeil, pas de la perturber !

"Normalement, lorsque l'on se réveille le matin, on doit être en forme : le dernier cycle de sommeil doit être achevé", explique le Dr Didier Cugy, médecin du sommeil.

Un cycle de sommeil dure entre 1h et 1h30 et se partage en trois parties à durée variable selon les individus : sommeil superficiel, sommeil profond et sommeil paradoxal. "Il vaut mieux se réveiller un peu plus tôt, plutôt que de couper un cycle de sommeil. On peut alors faire la sieste pour rattraper et recharger un peu les batteries en milieu de journée", précise le spécialiste. À noter : "La première partie de la nuit sert à la récupération physique, tandis que la seconde permet la récupération intellectuelle. Souvent, on tronque sur la dernière partie de la nuit lorsque l'on dort peu..."

Sources

Relationship between afternoon napping and cognitive function in the ageing Chinese population, General Psychiatry, 25 janvier 2021.2 https://gpsych.bmj.com/content/34/1/e100361

Sommeil, Inserm https://www.inserm.fr/dossier/sommeil/

Alertness management: strategic naps in operational settings, Journal of Sleep Research, 1995 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10607214/

Associations between retrospectively recalled napping behavior and later development of Alzheimer's disease: association with APOE genotypes, Sleep, 2000 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10947030/

Daytime sleepiness predicts mortality and cardiovascular disease in older adults. The Cardiovascular Health Study Research Group, Journal of the American Geriatrics Society, février 2000. 

mots-clés : sieste, dormir
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