La pollution pourrait nuire gravement à vos yeux. Dans une analyse récente des données de la Biobank britannique, des chercheurs démontrent qu'il existe un lien entre la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), l'épaisseur de la rétine et l'exposition à certaines particules fines de la pollution atmosphérique. En effet, des chercheurs ont mené une étude transversale pour comprendre son rôle dans le développement de maladies oculaires. Ils ont pour cela inclus 115.954 participants inscrits dans la UK Biobank et âgés de 40 à 69 ans, qui ont été dû signaler si leur médecin leur avait diagnostiqué une DMLA.

La pollution pourrait causer de 52.000 à 832.000 cas de DMLA en France

Publiés dans le British Journal of Ophthalmology en janvier 2021, leurs travaux suggèrent que les personnes exposées à de hauts niveaux de pollution atmosphérique, et notamment aux particules fines, avaient des taux plus élevés de DMLA autodéclarée. Les chercheurs ont constaté une augmentation du risque de DMLA dans les zones où les quantités de particules fines (< 2,5 micromètres) sont les plus fortes. Le risque relatif entre les zones les plus polluées et les moins polluées est compris entre 1 et 16%. Ainsi, selon les calculs de Futura Santé, cela signifie que dans les zones polluées au même taux de particules fines en France, la pollution atmosphérique pourrait être la cause de 52.000 à 832.000 cas de DMLA (en prenant comme taux de base 8% de la population française, qui est le chiffre que donne l'Inserm). Des résultats alarmants quand on sait que la dégénérescence maculaire liée à l'âge est la première cause de cécité irréversible chez les adultes de plus de 50 ans dans les pays développés.

Une étude qui présente toutefois certaines limites, puisque seule une minorité des personnes étudiées ont été diagnostiquées avec une DMLA. Les chercheurs vont continuer leurs recherches pour confirmer ces résultats, et établir une relation de cause à effet entre pollution et augmentation du risque de DMLA.

Une étude précédente avait ciblé le rôle de la pollution en 2019

Dans une précédente étude de 2019, des chercheurs ont examiné les résultats de santé de 40 000 personnes entre 1998 et 2010. Ils s'étaient tout particulièrement intéressés à leurs yeux. Leurs conclusions sont surprenantes. Cette ancienne étude présente la particularité de s’être focalisée sur la pollution de l’air. Selon les chercheurs, chez les participants de plus de 50 ans ayant été exposés à long terme au dioxyde d’azote, le risque de DMLA était 91% plus élevé que chez les autres.

Les individus de l’étude qui vivent dans des environnements présentant une forte concentration de monoxyde de carbone étaient aussi plus susceptibles de développer une DMLA. Chez eux, le risque de contracter la maladie était 84 % plus élevé que chez les autres personnes.

Quant aux participants résidant dans des zones fortement polluées, le risque d’avoir une DMLA était doublé. Parmi les 40 000 sujets de l’étude, 1 442 personnes ont développé cette maladie entre 1998 et 2010.

Seulement des probabilités statistiques

Les résultats de leurs travaux ont été publiés dans le "BMJ Journal of Investigative Medicine". L’étude, bien qu’étonnante, ne démontre pas de lien biologique entre pollution et DMLA. Elle met en avant des probabilités statistiques.

Le professeur Chris Inglehearn, expert en ophtalmologie moléculaire à l'Université de Leeds, a ainsi expliqué : "Il s'agit d'une étude intéressante mais qui doit être interprétée avec précaution. […] Ce qu’ils ont montré, c’est que la DMLA tend à être plus courante dans les zones géographiques dont les niveaux de pollution sont élevés. […] Cependant, de nombreux autres facteurs de risque de maladie sont liés à la vie dans de tels endroits, et la corrélation ne prouve pas le lien de causalité."

Les facteurs de risque de la DMLA

LA DMLA est la première cause de cécité chez les plus de 50 ans en France. Dans l’hexagone, un million de personnes seraient atteints par une dégénérescence maculaire liée à l'âge, un nombre qui pourrait doubler d’ici 2039. Au Royaume-Uni, ils seraient environ 600 000.

Il existe plusieurs raisons pouvant expliquer une DMLA. L'âge, bien sûr, mais pas que. Plusieurs enquêtes scientifiques ont mis en avant comme possibles facteurs de risque les antécédents familiaux, le tabagisme ou encore l’obésité.

Les symptômes de la DMLA

Les signes pouvant indiquer une dégénérescence maculaire liée à l'âge sont nombreux. Parmi les plus couramment repérés, on peut citer une diminution de l’acuité visuelle de près comme de loin, un trouble de la vision se manifestant par une déformation des lignes droites, ou encore des difficultés pour lire lorsqu'il y a moins de lumière. Une ou plusieurs petites taches floues ou sombres (des scotomes) peuvent également apparaître au centre du champ de vision.

Si vous constatez ce type de symptômes, il est important de réaliser un bilan ophtalmologique très rapidement auprès d'un spécialiste de la vue. Le délai recommandé est d'une semaine car certaines formes de DMLA sont évolutives.

La cinquantaine passée, il est préconisé de faire contrôler ses yeux de manière régulière (tous les 2 ans entre 45 ans et 55 ans, puis chaque année pour les plus de 55 ans).

Sources

Association of ambient air pollution with age-related macular degeneration and retinal thickness in UK Biobank, British Journal of Ophthalmology, janvier 2021. 

Pollution atmosphérique : un impact sur la santé des yeux, Doctissimo, 16 février 2021. 

La pollution atmosphérique accroît le risque de DMLA, Futura Santé, 28 janvier 2021. 

"Traffic-related air pollutants increase the risk for age-related macular degeneration", BMJ Journal of Investigative Medicine, 19 août 2019

"Living in areas with high pollution can DOUBLE your risk of developing most common form of blindness, major study finds", Daily Mail, 20 août 2019

"Les symptômes et le diagnostic de la DMLA", Ameli.fr, 8 novembre 2018

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