Insomnie : retrouvez le sommeil en trois étapes !
Publication validée par
Dr Laurent Millera Médecin thermal spécialiste du sommeil du groupe Thermes Adour à Dax
Trois heures du matin, les yeux grands ouverts, vous scrutez le plafond en cherchant désespérément le sommeil. Cette scène vous semble familière ? Il existe pourtant une méthode redoutablement efficace pour comprendre vos troubles : tenir un carnet de bord de votre sommeil pendant une à deux semaines.
Le sommeil, un puzzle personnel à résoudre
Contrairement aux idées reçues, il n'existe pas de formule magique universelle contre l'insomnie. Chaque organisme réagit différemment aux stimuli extérieurs, et ce qui perturbe le sommeil de votre voisin n'affecte peut-être pas le vôtre. Ce que l’on sait, c’est que les besoins en sommeil varient de 6 à 9 heures selon les individus, et que votre horloge biologique interne se synchronise de manière unique avec votre environnement.
C’est pourquoi les recommandations générales - éviter la caféine, pratiquer une activité physique, réduire le stress - restent pertinentes, mais leur application doit être personnalisée.
C'est précisément là qu'intervient le journal du sommeil : cet outil d'auto-diagnostic sommeil vous transforme en véritable détective de vos propres habitudes nocturnes.
Etape 1 : menez l’enquête sur 14 jours
Pour identifier efficacement les causes de l'insomnie qui vous concernent, programmez un suivi sur 7 à 14 jours. Cette durée permet de dégager des tendances fiables et d'observer l'impact réel de vos habitudes sur la qualité du sommeil.
Comment faire ? Chaque matin, notez méticuleusement vos données de la nuit écoulée : heure réelle de coucher et de lever, temps estimé pour vous endormir, nombre de réveils nocturnes et leur durée approximative. Évaluez votre sentiment de repos au réveil sur une échelle de 1 à 5.
Parallèlement, documentez vos habitudes de la veille : composition et horaires des repas, consommation de caféine et d'alcool avec les heures précises, activité physique pratiquée et son intensité, niveau de stress ressenti dans la journée, temps passé devant les écrans avant le coucher. N'oubliez pas vos émotions dominantes pendant la journée passée : anxiété, joie, colère ou tristesse influencent directement votre capacité d'endormissement.
Etape 2 : démasquez vos saboteurs nocturnes
Vous avez suivi et noté scrupuleusement tout ce qui concernait vos nuits et vos quotidiens pour la dernière quinzaine ? Vous pouvez maintenant démasquer vos saboteurs.
L'analyse de votre carnet va très certainement révéler des corrélations évidentes. Ce dîner copieux pris à 21h30 coïncide-t-il avec vos nuits agitées ? Cette séance de sport tardive précède-t-elle systématiquement vos difficultés d'endormissement ? Votre dernière tasse de café à 16h influence-t-elle votre sommeil huit heures plus tard ?
Les repas lourds ou tardifs qui mobilisent l'énergie digestive, l'alcool qui fragmente le sommeil malgré son effet sédatif trompeur ou encore la lumière bleue des écrans qui a surtout "une action de dé-synchronisation de l’horloge biologique", précise le Dr Laurent Millera, médecin spécialiste du sommeil. Ce sont des ennemis connus du sommeil qui peuvent être identifiés facilement grâce au journal de bord. Mais votre enquête pourrait révéler des saboteurs plus inattendus : ce pic de stress récurrent vers 22h lié aux préparatifs du lendemain, ou cette habitude inconsciente de grignoter en soirée.
Etape 3 : passez à l'action pour mieux dormir sans médicaments
Une fois vos perturbateurs identifiés, concentrez-vous sur les ajustements les plus accessibles. Par exemple, décalez progressivement l'heure de votre dîner, fixez-vous une limite pour la caféine (souvent 14h), planifiez votre activité physique en début de soirée (pas plus tard), instaurez une routine de déconnexion des écrans une heure avant le coucher.
Vous devriez, avec ces mesures simples, retrouver une meilleure qualité de sommeil. Et cela sans somnifères ! Soyez patient toutefois, il faut un peu de temps pour que l’organisme parvienne à se défaire de ces mauvaises habitudes et recale vos rythmes. Et si cela ne suffit pas, n’hésitez pas à consulter votre médecin traitant qui vous orientera vers un spécialiste.