Ménopause : et si la testostérone redonnait un coup de fouet à la libido et au moral ?

Publié par Elodie Vaz
le 2/11/2025
Maj le
4 minutes
Ménopause et libido
Istock
Longtemps considérée comme une hormone masculine, la testostérone pourrait bien devenir l’alliée inattendue des femmes ménopausées. Des études montrent qu’elle améliore non seulement la libido, mais aussi l’humeur, la concentration et l’énergie.
 

Sautes d’humeur, fatigue, troubles de la mémoire, perte de désir… La ménopause chamboule la vie de millions de femmes. Et si une hormone longtemps considérée comme « masculine » pouvait leur venir en aide ? Plusieurs études pointent les bienfaits de la testostérone, non seulement sur la libido, mais aussi sur l’humeur, la concentration ou même la force physique.

« Nous considérons souvent la testostérone comme une hormone masculine, mais elle est également présente chez les femmes, à un niveau dix fois inférieur à celui des hommes », rappelle la Dre Sarah Glynne, du Portland Hospital de Londres dans les colonnes de New Scientist. Or, cette idée reçue a longtemps freiné la recherche sur son rôle dans la santé féminine. « Mais cela commence à changer », se réjouit-elle.

Chez les femmes, environ la moitié de la testostérone est produite par les ovaires, le reste par les glandes surrénales. Sa production culmine vers 25 ans, puis diminue progressivement dès la trentaine. « À l’âge mûr, la production ovarienne de testostérone est environ deux fois moins importante qu’auparavant », explique dans le média américain la Dre Sharon Parish, de l’université Cornell (États-Unis). Résultat : baisse du désir sexuel, fatigue et moral en berne.

Une libido boostée… preuves à l’appui

Le lien entre testostérone et désir n’est pas nouveau. Dès les années 1940, les scientifiques avaient remarqué qu’une chute de cette hormone s’accompagnait d’une baisse de libido. Depuis, les preuves se sont accumulées. « La testostérone a un effet très bénéfique sur la fonction sexuelle », souligne la Dre Joann Pinkerton, de l’UVA Health en Virginie. Elle agit sur l’excitation, le désir et même la lubrification vaginale.

Une méta-analyse de 2019 regroupant plus de 8 000 femmes a confirmé que le traitement à la testostérone augmentait nettement le plaisir, la fréquence et la satisfaction des rapports sexuels. Conséquence : plusieurs sociétés savantes internationales, comme l’International Menopause Society, recommandent désormais son usage dans les cas de trouble du désir sexuel hypoactif (HSDD), un diagnostic qui touche près d’une femme sur deux après la ménopause.

Pourtant, la testostérone féminine n’est encore approuvée que dans quatre pays : l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et, depuis peu, le Royaume-Uni. Aux États-Unis, la FDA (agence du médicament américaine) reste prudente, faute de données suffisantes sur les effets à long terme. « Cette préoccupation n’est pas justifiée », estime la Dre Parish, rappelant que « certaines études ont suivi des femmes pendant des années sans observer de risques cardiaques ou mammaires accrus ».

Bien plus qu’une hormone du désir ?

Au-delà de la sexualité, la testostérone pourrait aussi avoir des effets positifs sur d’autres aspects du bien-être. Une étude publiée en septembre 2024 et menée par la Dre Glynne auprès de 510 femmes ménopausées a montré qu’après quatre mois de traitement, la moitié d’entre elles se sentaient moins anxieuses et plus stables émotionnellement. Quatre sur dix rapportaient une meilleure concentration, moins de fatigue et une humeur plus positive. « Ce que j’entends le plus souvent, ce sont des femmes qui disent se sentir plus elles-mêmes. Elles se sentent plus fortes, plus robustes », raconte la chercheuse.

Une autre analyse, publiée en 2023, a noté des gains de masse musculaire et une réduction de la graisse corporelle, avec une amélioration du métabolisme et du cholestérol. De quoi nourrir l’espoir d’un traitement global pour les symptômes de la ménopause.

Des résultats prometteurs, mais prudence encore

Tous les experts ne sont pas convaincus. « Ces études reposent sur des déclarations de patientes et manquent parfois de groupe témoin », tempère la Dre Pinkerton. Difficile donc d’écarter un possible effet placebo. Les chercheurs appellent à des essais cliniques plus solides pour évaluer la sécurité et l’efficacité de ces traitements sur le long terme.

Autre limite : les effets secondaires. En cas de surdosage, la testostérone peut provoquer acné et pilosité accrue, ce qui pousse les médecins à la prescrire avec prudence, souvent en complément d’un traitement à base d’œstrogènes.

Un nouvel espoir pour les femmes en quête d’équilibre

Pour les femmes qui ne peuvent pas ou ne veulent pas suivre une hormonothérapie classique, notamment celles ayant eu un cancer du sein hormono-dépendant, la testostérone pourrait représenter une alternative précieuse. Mais la recherche doit encore préciser les doses, la durée et le moment idéal pour en tirer tous les bénéfices.

« C’est un grand trou noir pour lequel nous avons besoin de beaucoup plus de données », admet la Dre Glynne. En attendant, les femmes ménopausées peuvent se réjouir : la science redécouvre peu à peu une hormone longtemps ignorée, qui pourrait bien leur redonner désir, énergie et confiance.

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