A quel âge est-on le plus intelligent ? Ni 20, ni 30, ni 40, ni 50 mais…

Cela fait des décennies que l’on nous rebat les oreilles avec cette idée fausse : nos capacités intellectuelles culminent autour de 20 ans associées à une vivacité d'esprit et une mémoire au sommet de leur forme, avant de décliner progressivement. 

Pourtant, une étude d'envergure publiée dans la revue Intelligence, vient bousculer cette croyance. Car si la rapidité de traitement mental décline effectivement après la vingtaine, notre performance globale, elle, attendrait le milieu de la cinquantaine pour atteindre son apogée. Cette découverte repose sur une distinction essentielle entre différentes formes d'intelligence et un regard plus complet sur ce qui constitue la performance humaine.

Le fonctionnement mental global culmine entre 55 et 60 ans, avant de commencer à diminuer vers 65 ans.

 

“Un vaste corpus d’études établit que c’est aussi vers le milieu de la vingtaine que les capacités intellectuelles « brutes » – c’est-à-dire la faculté de raisonner, de se souvenir et de traiter rapidement les informations – commencent généralement à décliner", explique ainsi le Pr Gilles E. Gignac, Professeur associé de psychologie à l'Université d'Australie occidentale et co-auteur de l’étude, dans un article de The Conversation. "Ce schéma se reflète dans le monde réel. Les athlètes atteignent en général le pic de leurs performances avant 30 ans. Les mathématiciens signent souvent leurs contributions les plus marquantes aux alentours de la trentaine. Quant aux champions d’échecs, ils sont rarement au sommet de leur art après 40 ans.” Pour autant, poursuit le chercheur, si l’on regarde au-delà de la seule "capacité de traitement brute", une image bien différente se dessine.

Après 30 ans l’intelligence fluide décline, mais d’autres intelligences prennent le relai !

Pour comprendre et déterminer quelles autres intelligences pouvaient fluctuer au cours de la vie, les chercheurs ont élaboré un Indice de Fonctionnement Cognitif-Personnel (CPFI). Cet outil ne se contente pas d'évaluer la mémoire ou la vitesse de raisonnement, mais intègre 16 dimensions clés, dont les traits de personnalité. “Il s’agissait notamment de capacités cognitives fondamentales, telles que le raisonnement, la capacité de mémorisation, la vitesse de traitement, les connaissances ou encore l’intelligence émotionnelle", détaille encore le Pr Gignac. Cet outil a permis de standardiser les données existantes sur les 16 dimensions et d’arriver à la conclusion suivante : le fonctionnement cognitif, enrichi par des décennies d'apprentissage, est optimisé après 55 ans, plus précisément entre 55 et 60 ans. Ce pic tardif s'explique par un phénomène de compensation. Si la rapidité mentale pure diminue, ce sont la sagesse et l'expérience acquises avec l'âge qui prennent le relais et enrichissent nos capacités. 

Certaines formes d'intelligence sont bien plus développées chez les seniors ! 

Plus surprenant encore, la stabilité émotionnelle, soit la capacité à gérer son stress et ses émotions, n'atteindrait son apogée qu'aux alentours de 75 ans, prouvant que l’intelligence émotionnelle progresse avec l’âge. Même constat pour le “raisonnement moral”, plus développé à un âge avancé. “De même, la capacité à résister aux biais cognitifs – ces raccourcis mentaux qui peuvent nous conduire à des décisions irrationnelles ou moins exactes – peut continuer de s’améliorer jusqu’à 70 ans, voire 80 ans”, ajoute le Pr Gignac. Conclusion ? Ne doutez plus de vos capacités cognitives parce que vous avez passé la cinquantaine et continuez d’entretenir toutes vos formes d’intelligence !