Cette façon de regarder votre série préférée est plus efficace que les anxiolytiques
Dans une époque saturée de séries en streaming disponibles d’un seul coup, toute une saison livrée en un clic, l’idée veut que le binge-watching (le visionnage sans fin) soit une habitude nocive. Mais une étude publiée dans la revue scientifique Acta Psychologica en juillet 2025, remet partiellement en cause ce préjugé. Et comme le souligne un article du média américain Fast Company, ses conclusions pourraient mieux révéler le pouvoir psychologique des histoires prolongées.
Le pouvoir des récits prolongés
Selon l’étude de l’université de Géorgie, regarder des épisodes d’affilée ou lire plusieurs chapitres d’un texte, sans interruption, favoriserait ce que les chercheurs appellent le “retrospective imaginative involvement” : l’engagement mental avec l’histoire après la consommation, via la rêverie, l’imagination ou la remémoration.
Comme l’explique le Dr Joshua Baldwin, auteur principal de la recherche. « Les personnes qui ont l'habitude de regarder des séries en rafale ne le font souvent pas de manière passive, mais y réfléchissent activement après coup... Elles ont très envie de s'impliquer dans les histoires, même lorsqu'elles ne sont pas là pour regarder les séries », explique-t-il dans Fast Company.
Après que le spectateur a terminé sa session de streaming, il ne « lâche » pas immédiatement le récit. L’histoire continue dans son esprit, avec ses personnages et ses intrigues. Ce phénomène est vraisemblablement ce qui permettrait, selon les auteurs, de se remettre plus efficacement du stress quotidien.
Pour le Dr Baldwin, l’être humain est « câblé pour les récits ». « Les histoires comportent des personnages qui remplissent ces rôles, et nous pouvons satisfaire ces besoins à travers eux », souligne-t-il. Cette capacité à s’immerger, à prolonger mentalement l’univers narratif, offrirait une sorte de remède psychologique, un moment de pause intérieure face aux tensions de la vie.
Les promesses… et les limites
L’article de Fast Company nuance pourtant cet élan. Le visionnage intensif est associé à une détérioration de la qualité du sommeil, et parfois la fin d'une série captivante peut laisser certains téléspectateurs déprimés.
Autrement dit, les bénéfices ne sont pas mécaniques ni universels. Ils dépendent largement de la nature du contenu, du contexte de visionnage, et des motifs psychologiques du spectateur.
L’étude elle-même alerte sur ces nuances. Tout n’est pas toujours rose dans l’univers du visionnage sans fin. Le bien-être tiré de la consommation prolongée pourrait être contrebalancé par des conflits d’objectifs ou de culpabilité si l’usage excède ce que la personne juge acceptable. « Cela dépend toujours du contenu lui-même, des raisons pour lesquelles les gens le regardent, du contexte psychologique de l'individu et du contexte général ». Le spectateur engagé de façon consciente, dans des conditions modérées, pourrait alors tirer des avantages de ce visionnage, mais celui qui use du “binge-watching” comme échappatoire risquerait d’en éprouver les effets inverses.
Vers un nouveau regard sur le temps d’écran
L’étude souligne aussi l’importance de l’intention derrière l’acte. L’immersion volontaire, la qualité narrative, le sentiment de contrôle, tout cela peut transformer une passion numérique en une expérience psychologique riche ou, à l’inverse, devenir un piège de culpabilité et de fatigue émotionnelle.
Si cette étude jette un éclairage stimulant sur les bénéfices potentiels du binge-watching, elle n’efface pas pour autant les risques, notamment sur le repos, les rythmes de vie ou les effets psychiques selon l’état de l’individu. Plus que jamais, le bon usage du streaming pourrait être celui de l’équilibre : écouter ses besoins, choisir ses récits, et ne pas oublier que derrière chaque série, l’esprit continue à regarder… même après le générique.
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https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0001691825004147?via%3Dihub