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D'un point de vue médical, la mort comporte deux grandes phases. La première est celle de la mort clinique : elle dure quelques minutes à partir du moment où la personne cesse de respirer et où le cœur s'arrête de pomper le sang. À ce stade, les organes sont toujours en vie. La deuxième phase est celle de la mort biologique : les organes ne fonctionnent plus et les cellules se détériorent. Cette "deuxième mort" marque le début d'un processus progressif de décomposition corporel.

La mort est définie comme étant la cessation définitive des fonctions vitales. On distingue souvent la mort naturelle de celle pathologique (ou prématurée), provoquée par un meurtre ou un accident par exemple. Mais dans tous les cas, lors d'un décès, la circulation sanguine est interrompue. Autrement dit, le sang ne peut plus irriguer les différents organes et l'activité des cellules s'arrête de façon progressive.Quand le cœur ne fonctionne plus, les autres organes meurent les uns après les autres et le corps se dégrade petit à petit avec le temps. Quoi qu'il en soit, le diagnostic de mort est un acte médical et le certificat de constat de décès doit être effectué par un médecin.

La décomposition du corps après la mort diffère selon les individus, Yannick Tolila-Huet.

Plusieurs signes précoces témoignent de la mort d'une personne donnée : l'arrêt cardiaque et respiratoire, l'arrêt des fonctions nerveuses et la mort encéphalique (mort cérébrale). D'autres signes sont plus tardifs comme le refroidissement du corps (un degré par heure en moyenne), le durcissement musculaire (appelé rigidité cadavérique), l'apparition de taches rouges violacées sur le corps, la déshydratation, et la phase de décomposition qui peut aboutir à l’impossibilité d’identification du cadavre.

"La décomposition du corps après la mort diffère selon les individus. Elle dépend de la morphologie du défunt, des causes du décès (accident, pathologies...) et des conditions de conservation du corps", souligne Yannick Tolila-Huet, cadre de santé et responsable des services de soins des chambres mortuaires aux hôpitaux Bichat-Claude Bernard et Beaujon.

Le diagnostic de la mort

L'absence de battements cardiaques n'est pas suffisante pour prononcer le décès d'une personne. Aujourd'hui, grâce aux progrès de la science, le médecin légiste prend également en compte la mort encéphalique. Ce diagnostic médico-légal repose sur des observations et une série d'examens : encéphalogrammes, angiographie ou un angioscanner cérébral. Il s'agit de constater que le sang ne circule plus dans le cerveau et qu'il n'y a plus d'activité électrique dans cet organe. Peu à peu, les autres organes cesseront également de fonctionner. À savoir que les reins, le pancréas et le foie s'arrêtent de fonctionner en moins d’une demi-heure.

Ces organes peuvent toutefois être maintenus en activité de façon artificielle, durant un laps de temps bien déterminé, si un don d'organe est prévu :

  • trois à quatre heures maximums pour un cœur,
  • six à huit heures pour un poumon,
  • 12 à 18 heures pour un foie
  • 24 à 36 heures pour un rein.

La rigidification du corps

Une à deux heures après le décès, le sang qui s'est arrêté de circuler s'accumule dans les parties basses du corps, ce qui fait apparaître des taches rouges ou violacées (appelées lividités cadavériques). Elles atteignent leur intensité maximale à douze heures.

Six heures environ après un décès, les muscles se contractent et leurs cellules libèrent du calcium. "Le phénomène de rigidité cadavérique est commun à toutes les personnes qui viennent de décéder. Cela se sent au toucher, car le corps tout entier devient plus ferme", décrit Yannick Tolila-Huet. Cette rigidité du corps est à son niveau maximal 24 heures après le décès, mais elle diminue vers la 36ème heure. Entre-temps, la température du corps diminue petit à petit et s'équilibre avec celle de l'environnement.

La putréfaction

La décomposition du corps ne débute qu'à partir de deux ou trois jours après le décès. Une tache verte apparaît alors sur la paroi de l'abdomen, près de l'appendice. "Il s'agit de l'un des premiers signes visibles de la putréfaction", indique Yannick Tolila-Huet. "Les pigments des matières fécales traversent les parois et apparaissent visibles en surface, ce qui donne cette couleur à l'abdomen. L'intestin grêle et le côlon s’étant remplis de matière fécale." Les bactéries présentes au niveau du côlon et des intestins prolifèrent et se diffusent via les vaisseaux sanguins. Ces bactéries produisent des gaz qui font gonfler l'abdomen.

Le corps sent mauvais

Les bactéries vivant dans le corps vont ensuite attaquer le système digestif et tous les organes tels que le foie, la rate, le cœur ou le cerveau. Le corps commence à suinter : des liquides noirs et rouges apparaissent. Puis, la peau change de couleur et elle devient verdâtre puis noire. Le corps dégage des odeurs très désagréables ressemblant à celles de fromages forts.

Chez une personne ayant une masse graisseuse très importante, la graisse se liquéfie et des bulles peuvent apparaître sur la surface de la peau. Celles-ci contiennent des liquides de putréfaction ou de la graisse liquéfiée. Si le corps n'est pas conservé dans un espace fermé (pièce à basse température entre 3°C et 6°C, cercueil) et qu'il est laissé à l'air libre, des mouches peuvent pondre des œufs dans les endroits les plus humides, sur les plaies et les orifices du corps. Des asticots vont alors se développer et se nourrir du corps décédé.

La décomposition du corps

Le corps va ensuite se déshydrater, la peau va se rétracter et les poils vont, de ce fait, à nouveau être visibles. Mais dès lors que le processus de putréfaction se met en place, les cheveux et les poils tombent. La décomposition, quant à elle, dépend notamment du mode de conservation et de la température du corps, de la masse grasse, de la cause du décès ou de l'âge de la personne. Si le corps est en plein air, dans un milieu où la température est élevée, sa décomposition complète peut s'opérer en l'espace d'un mois. "Mais s’il est maintenu dans un environnement froid, il peut mettre bien plus longtemps avant de se décomposer", souligne Yannick Tolila-Huet.

Dans un cercueil, ce processus peut prendre plusieurs années ! Après décomposition du corps, le squelette apparaît. "Des soins de conservation peuvent être effectués par des thanatopracteurs. Ils constituent des opérations funéraires réglementées par le code général des collectivités territoriales (CGCT)", confie le spécialiste. "Ce sont des actes invasifs post mortem qui se font par drainage des liquides et des gaz du corps et par injection d’un produit biocide en remplacement. Ils ont pour finalité de retarder le processus de décomposition (thanatomorphose) et de dégradation du corps."

Le corps, réduit à l'état de poussière

Lorsqu'il devient apparent, le squelette débute une nouvelle phase : celle de sa dislocation, puis de sa dégradation. Là encore, ce processus dépend de plusieurs facteurs et notamment des conditions de conservation du corps. S'il est à l'extérieur et à l'air libre, deux ou trois ans peuvent suffire à le réduire à l'état de poussière.

Enterré et bénéficiant de bonnes conditions de conservation, un squelette peut être conservé pendant des millions d'années. Plus vieux encore que la célèbre Lucy, Ardi (surnom donné à un squelette d'hominidé) qui date de 4,4 millions d'années !

Sources

Merci à Yannick Tolila-Huet, cadre de santé et responsable des services de soins des chambres mortuaires aux hôpitaux Bichat-Claude Bernard et Beaujon

mots-clés : mort, décès, deuil
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