Nez bouché : les sprays nasaux doivent être utilisés avec précaution, voici pourquoi

Publié par Sandrine Coucke-Haddad
le 02/12/2025
spray nasal danger
Istock
Vous avez le nez bouché ? Un spray nasal peut régler le problème rapidement. Mais attention, son usage doit être strictement encadré, car ces produits peuvent entraîner des effets secondaires potentiellement graves.

En cas de nez bouché, le recours à un spray décongestionnant est efficace, au moins pendant un temps. Car même s’ils sont utiles pour à nouveau respirer correctement, les sprays nasaux décongestionnants (vasoconstricteurs) peuvent conduire à un effet rebond chronique, la rhinite médicamenteuse, et à des risques cardiovasculaires graves. On parle ici de sprays vasoconstricteurs,  des sprays de sérum physiologique ou d'eau de mer, qui agissent de façon mécanique, ne sont pas concernés, nous précise le Dr Jean-Noël Perin, pharmacien. 

Pourquoi  les sprays nasaux décongestionnants sont-ils si efficaces ? Ces médicaments contiennent souvent des molécules, comme la xylométazoline ou l'oxymétazoline, qui agissent en resserrant les vaisseaux sanguins de la muqueuse nasale. Ils ne réduisent pas la durée du rhume, qui guérit spontanément en 7 à 10 jours, mais améliorent le principal symptôme : le nez bouché. Cette action vasoconstrictrice diminue l'œdème et libère quasi instantanément la respiration, mais peut, dans certains cas de mésusage, avoir des conséquences ennuyeuses. C’est pourquoi il est préférable de garder ces produits en solution de seconde intention, après l'échec des lavages au sérum physiologique. 

Le piège des 5 jours : un effet rebond qui conduit à la rhinite chronique

L'erreur la plus commune est de prolonger leur usage au-delà de la limite recommandée. La durée maximale d'utilisation est de 3 à 5 jours consécutifs. Dépasser ce seuil, même d'une seule journée, expose l'utilisateur au cercle vicieux de l'accoutumance. Le principal danger du spray nasal est cet effet rebond, aussi appelé tachyphylaxie. Après quelques jours, les récepteurs de la muqueuse nasale s'habituent au principe actif et deviennent moins sensibles. Lorsque l'effet du produit se dissipe, les vaisseaux sanguins se dilatent de manière excessive et compensatoire, provoquant une congestion nasale encore plus sévère qu'auparavant. 

Ce phénomène pousse l'utilisateur à réemployer le spray pour retrouver un soulagement, installant ainsi une dépendance physique. Le nez est constamment bouché dès que l'effet s'estompe. Cette situation, connue sous le nom de rhinite iatrogène ou médicamenteuse, n'est pas une addiction au sens psychologique, mais une réaction du corps qui ne peut plus se passer de la substance pour fonctionner normalement. Le danger d'une utilisation sur une longue durée de molécules comme la xylométazoline peut mener à une atrophie de la muqueuse, des infections chroniques et une perte de l'odorat. 

Spray nasal : des risques potentiellement graves

Bien qu'appliqué localement, le vasoconstricteur peut franchir la barrière nasale et passer dans la circulation sanguine générale. Les risques, bien que rares, sont graves. Ils incluent des troubles cardiovasculaires comme l'hypertension artérielle, la tachycardie, l'angine de poitrine et, dans des cas extrêmes, des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Des effets neurologiques tels que des convulsions ou de l'anxiété ont également été rapportés. Face à une dépendance installée, la question de savoir comment arrêter un spray nasal vasoconstricteur devient centrale. La première étape est de remplacer le produit par des lavages répétés avec une solution saline, qui hydrate la muqueuse et l'aide à se régénérer.

Le traitement de la rhinite médicamenteuse repose sur un sevrage progressif. Une méthode efficace consiste à arrêter l'application dans une seule narine pendant plusieurs jours, le temps qu'elle se décongestionne naturellement, avant de faire de même avec la seconde. Une autre stratégie est de réduire la dose en utilisant temporairement un spray pédiatrique, moins concentré, ou de réserver son usage uniquement pour la nuit afin de préserver le sommeil. Si ces techniques échouent, il est conseillé de consulter un médecin généraliste ou un ORL. Ce dernier pourra prescrire un spray nasal à base de corticoïdes, dont l'action anti-inflammatoire puissante permet de soulager la congestion et de supporter la période de sevrage du vasoconstricteur. "Les sprays à base de corticoïdes prescrits pour les allergies ont une utilisation possible sur une plus longue durée sous contrôle médical", précise le Dr Jean-Noël Perin. 

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