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Efficaces et largement utilisés dans le traitement des douleurs chroniques notamment, les antalgiques opioïdes (codéine, morphine, etc.), prescrits sur ordonnance, sont connus pour leurs risques de dépendance, mais les dangers auxquels ils exposent semblent être largement sous-estimés par la population. Dans un communiqué publié le 20 février 2019, l'Agence nationale du sécurité et du médicament (ANSM) explique en effet que les intoxications, les hospitalisations et les décès liés à l'usage de ces médicaments ont explosé dans l'Hexagone ces dernières années.

Mésusage des opioïdes : le nombre de décès a explosé de 146%

Deux opioïdes en particulier sont concernés par ces risques : le tramadol (Contramal®, Topalgic®...), un opioïde dit "faible", dont la consommation a augmenté de 68% entre 2006 et 2017, et l'oxycodone (OxyContin®, OxyNorm®), un opioïde fort qui enregistre lui une hausse de 738% au cours de la même période.

"Ce sont des médicaments apaisants, sédatifs, jouant sur l’anxiété, explique le professeur Nicolas Authier, président de l’Observatoire français des médicaments antalgiques (OFMA) interviewé par Le Parisien. Il est clair qu’une dépendance peut s’installer. Le patient peut avoir tendance à vouloir continuer à les prendre pour apaiser sa souffrance psychique, y compris quand la douleur physique est terminée." Un mésusage qui expose à des risques de d'abus et de surdosage : entre 2000 et 2017, le nombre d'hospitalisations liées à la prescription d'opioïdes a flambé de 167%, et celui de décès, de 146%.

Du bon usage des opioïdes

Afin de limiter ces risques, l'ANSM affirme qu'elle "mène régulièrement des actions visant à contrôler l’encadrement de ces médicaments en termes de conditions de prescription et de délivrance, d’interdiction de publicité auprès du grand public, d’informations à destination des professionnels de santé". Concernant les opioïdes forts, il est ainsi recommandé de :

  • "ne pas [les] poursuivre au-delà de 3 mois en l’absence de soulagement de la douleur ou d’amélioration de la fonction ou de la qualité de vie,
  • ne pas dépasser 150 mg d’équivalent morphine par jour sans l’avis d’un spécialiste,
  • ne pas [les] utiliser dans les fibromyalgies et dans le traitement des céphalées primaires et de la migraine."

En l'absence de recommandations claires concernant les opioïdes faibles, l'ANSM rappelle que ces derniers doivent être prescrits uniquement "lors de douleur modérée à intense", au même titre que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

Sources

"Antalgiques opioïdes : l’ANSM publie un état des lieux de la consommation en France - Point d'Information". ANSM. 20 février 2019.

"Dépendance aux opioïdes : "Il faut informer les patients des risques", alerte un médecin". Le Parisien. 20 février 2019.

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