Obésité sévère : une nouvelle opération très efficace pour perdre du poids arrive en France

Publié par Elodie Vaz
le 15/09/2025
Obésité sévère
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Une étude française démontre qu’une technique récente associant une réduction du volume de l’estomac à une dérivation intestinale est plus efficace pour perdre du poids que la technique de référence jusqu’ici utilisée, le Bypass gastrique.
 

L’obésité sévère prend du terrain mais son élan pourrait bien se faire freiner plus vite que prévu. À Lyon, une équipe de chirurgiens et de chercheurs vient de publier le 22 août 2025 une étude dans la revue scientifique The Lancet qui pourrait modifier la manière de soigner cette maladie chronique. Leur conclusion : une technique encore peu pratiquée en France, le SADI-S, aide à perdre plus de poids que l’opération la plus courante aujourd’hui, le bypass gastrique, tout en s’assurant de la même sécurité.

L’obésité sévère touche des dizaines de milliers de personnes en France. D’après une étude menée par l’Inserm en collaboration avec la Ligue contre l’obésité en 2023, 17 % des adultes en France sont obèses. Un chiffre qui inquiète les pouvoirs publics pour la simple raison qu’il est en progression depuis des décennies. Cette pathologie s’accompagne souvent de diabète, d’hypertension ou de maladies cardiaques. Pour ceux dont les régimes et les traitements médicamenteux ne suffisent pas, la chirurgie bariatrique est parfois la seule solution durable.

Jusqu’ici, le bypass gastrique, une intervention chirurgicale qui réduit la taille de l’estomac et modifie le trajet des aliments était la référence. Mais certains patients perdent moins de poids que prévu ou reprennent au bout de quelques années. Des chirurgiens ont donc imaginé d’autres techniques. Parmi elles : le SADI-S, qui associe une « sleeve » (réduction de l’estomac) et une dérivation intestinale plus simple que celle d’autres opérations complexes.

Pour savoir si le SADI-S tient ses promesses, les Hospices Civils de Lyon (hôpitaux publics de la ville) ont coordonné un essai clinique baptisé SADISLEEVE. Au total, 381 patients ont été suivis dans 22 hôpitaux français pendant deux ans. La moitié a reçu un bypass classique, l’autre moitié un SADI-S. L’objectif : comparer la perte de poids, l’impact sur le diabète et les éventuels effets indésirables.

Des résultats clairs

Les chercheurs observent que le SADI-S entraîne une perte de poids plus importante que le bypass, surtout chez les personnes souffrant de diabète de type 2. Autre point : la sécurité est équivalente. Pas plus de complications graves, ni d’effets secondaires majeurs à deux ans. « Les résultats de cette étude étaient très attendus au niveau international et ils confirment la pertinence de cette nouvelle technique de chirurgie bariatrique », se réjouit dans un communiqué des Hospices Civils de Lyon, la Pr Maud Robert, chirurgienne au Centre Intégré de l’Obésité des HCL.

L’équipe note que, lorsqu’il est pratiqué en « deuxième intention », c’est-à-dire chez des patients déjà opérés d’une sleeve gastrique, le SADI-S reste efficace, même si la perte de poids est alors un peu moins marquée.

Ce que cela signifie pour les patients

Le SADI-S pourrait bientôt devenir une option de première ligne pour traiter l’obésité sévère, notamment chez les personnes diabétiques. Mais avant de se généraliser, la technique doit cependant être validée. « Nos résultats indiquent que la technique du SADI-S doit faire partie de l’arsenal thérapeutique à proposer aux patients souffrant d’obésité sévère et nous espérons que la Haute Autorité de Santé (HAS) validera l’accès à cette technique en France, suite aux résultats de notre étude », ajoute la Pr Maud Robert. Les chercheurs rappellent cependant qu’un suivi au long cours reste indispensable, car les carences nutritionnelles ou troubles digestifs peuvent apparaître après plusieurs années.

Cet essai apparaît comme une alternative crédible au bypass, plus efficace pour la perte de poids et porteuse d’espoir pour des milliers de patients. L’obésité est un problème de santé publique mondial dont le nombre de cas a triplé à l’échelle planétaire depuis 1975 selon l’OMS. « Les équipes médico-chirurgicales du Centre Spécialisé de l’Obésité des HCL se démarquent par leur implication sur l’innovation dans ce domaine tant sur la chirurgie que sur les nouveaux médicaments de l’obésité », conclut le Pr Emmanuel Disse, chef du service d’endocrinologie-diabète-nutrition de l’hôpital Lyon Sud.

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