Maladie de Charcot : vos dents révèlent si vous êtes à risque, dès l'enfanceIstock
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La sclérose latérale amyotrophique (SLA), plus connue sous le nom de maladie de Charcot, est la troisième maladie neurodégénérative la plus courante, derrière la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson. Sans cause ni remède connus, elle apparaît généralement vers l’âge de 60 an s.

Mais une nouvelle étude, publiée dans la revue Annals of Clinical and Translational Neurology, suggère que des signes de SLA peuvent être détectables dans les dents, plusieurs décennies avant l’apparition des premiers symptômes. Une dysfonction dans la capacité du corps à métaboliser les métaux, tout au long de l’existence, pourrait être un facteur de risque dans la survenue de cette pathologie. En observant ces mécanismes, on pourrait donc prédire son apparition.

Un lien entre les métaux et les maladies neurodégénératives

Si l’on ne connaît pas encore avec certitude ce qui provoque la maladie de Charcot, la communauté scientifique pense qu’elle est causée par un mélange de facteurs génétiques et environnementaux, qui contribueraient à parts égales à son apparition. Un certain nombre de gènes a déjà été relié à la SLA, mais les facteurs environnementaux restent encore extrêmement flous. Ce qui rend cette découverte particulièrement intéressante…

“Les études génétiques ont apporté d'importantes contributions à notre compréhension de la SLA, mais elles ne racontent pas toute l'histoire”, explique Eva Feldman, l’une des chercheuses qui a participé à l’étude. “Notre groupe a précédemment montré un lien entre les polluants organiques persistants et le risque de survenue et de progression de la SLA ; mais il existe également des preuves indiquant que les métaux constituent un facteur de risque”.

Dyshoméostasie des métaux : l’accumulation des métaux dans le cerveau

De nombreux travaux ont d’ailleurs mis en évidence un lien entre l’exposition aux métaux et le développent d’un certain nombre de maladies neurodégénératives. L’une des hypothèses pour expliquer ce phénomène est qu'un processus appelé dyshoméostasie des métaux pourrait jouer un rôle dans le développement précoce de ces maladies.

Certains métaux, dont le cuivre, le zinc et le fer, se trouvent naturellement dans le cerveau. Cependant, si les mécanismes homéostatiques normaux du corps ne fonctionnent pas correctement, des niveaux élevés de ces métaux peuvent lentement s'accumuler. On parle alors de dyshoméostasie.

Nos dents, témoins de notre capacité d’absorption des métaux

En outre, à mesure que nos dents adultes poussent, au cours de l'adolescence, elles se minéralisent d'une manière qui ressemble aux cernes de croissance, visibles sur les troncs d’arbres. Des études antérieures ont aussi montré que nos dents peuvent contenir des dépôts stables de métaux à l’état de traces. Étudier les anneaux chronologiques des dents peut donc offrir un aperçu de l’absorption des métaux d’un sujet au début de sa vie.

En se basant sur toutes ces théories, des chercheurs du Mount Sinai Health System ont découvert une méthode permettant de prédire les risques d’apparition de la maladie de Charcot. Nous détaillons leurs recherches dans la page suivante.

Maladie de Charcot : une sur-absorption des métaux pendant l’enfance augmente vos risques

Maladie de Charcot : une sur-absorption des métaux pendant l’enfance augmente vos risques© Istock

Des chercheurs américains du Mount Sinai ont examiné des dents prélevées sur 36 patients atteints de sclérose latérale amyotrophique, soit après une extraction dentaire, soit lors d’une autopsie. Ils ont comparé l’absorption du métal dans ces dents à celles de 31 échantillons de contrôle prélevés sur des sujets sains.

En utilisant une nouvelle technique d'analyse, précédemment développée, les scientifiques ont pu créer des profils temporels de l'exposition environnementale aux métaux au cours de l’enfance de chaque sujet. Ils ont également pu calculer la capacité de chaque personne à métaboliser les métaux.

Les patients avaient une absorption excessive de 11 métaux, enfants

Leurs résultats ont clairement montré que les patients qui ont développé une SLA à un âge avancé présentaient une absorption du métal dérégulée durant les premières années de leur vie. Une absorption accrue de 11 métaux différents, pendant l’enfance, a été mise en évidence. Parmi eux, on peut citer le chrome, le manganèse, le nickel, l'étain et le zinc.

“C’est la première étude qui montre des signes claires, à la naissance et au cours des dix premières années de la vie, bien avant l’apparition de tout signe clinique ou symptôme de la maladie”, souligne Manish Arora, auteur principal de l’article.

“Nous espérons qu'à long terme, après la validation de ces travaux par des études plus importantes, nous pourrons développer des stratégies préventives. Ce qui est motivant dans ce travail, c'est que nous étudions des voies biologiques que nous pourrions potentiellement modifier avec le développement de médicaments”.

La neurodégénérescence pourrait commencer des années avec les premiers symptômes

Les chercheurs rappellent néanmoins qu’ils ne sont pas encore en mesure de confirmer un lien de causalité entre la maladie de Charcot et la dyshoméostasie des métaux chez l'enfant. Cependant, une étude ultérieure menée sur des souris a offert une vérification supplémentaire de l'association potentielle entre la SLA et l'absorption du métal mesurée dans les dents.

L'hypothèse générale soulevée par cette étude est que la neurodégénérescence associée à la SLA pourrait commencer lentement, et des décennies avant l'apparition des symptômes.

Si cette association est vérifiée, elle pourrait certainement orienter les chercheurs vers de nouveaux traitements préventifs. Elle pourrait également offrir la possibilité de tester les dents de lait d’un enfant pour détecter la dérégulation de l'absorption du métal, comme marqueur très précoce du risque de développer une maladie neurodégénérative dans le futur.

Maladie de charcot : quels symptômes et quel pronostic ?

Maladie de charcot : quels symptômes et quel pronostic ?© Istock

“La sclérose latérale amyotrophique est une maladie dégénérative grave et handicapante qui conduit au décès dans les 3 à 5 ans qui suivent le diagnostic”, écrit l’Inserm sur son site. Elle touche entre 5 000 et 7 000 personnes en France, avec une incidence annuelle proche de 2,5 pour 100 000 habitants, selon l’Association pour la recherche sur la SLA (ARSLA).

Les premiers symptômes de la maladie surviennent généralement entre 50 et 70 ans, puis cette dernière évolue relativement rapidement, dans les années qui suivent. Elle se traduit par une paralysie progressive des muscles impliqués dans la motricité volontaire, et affecte aussi la phonation et la déglutition, explique l’Inserm. “Le plus souvent, c’est l’atteinte des muscles respiratoires qui cause le décès des patients”.

Chez les patients atteints de la maladie de Charcot, les motoneurones, cellules nerveuses qui contrôlent les muscles volontaires, meurent progressivement : c’est ce qui cause la paralysie. En revanche, on ne sait pas encore très bien pourquoi cette pathologie se développe, même si les chercheurs s’accordent sur son origine multifactorielle, à la fois génétique et environnementale.

Quels sont les premiers signes de la sclérose latérale amyotrophique ?

D’après l’Inserm, la maladie de Charcot débute au niveau du tronc cérébral dans environ 30 % des cas. Ses premières manifestations sont alors une difficulté à articuler et/ou à déglutir. Le reste du temps, la SLA touche d’abord les motoneurones périphériques, ce qui entraîne une faiblesse ou une gêne au niveau d’un des membres (bras, jambe ou main).

Cette pathologie neurodégénérative s’intensifie ensuite progressivement, avec l’apparition de contractures, un enraidissement des muscles et des articulations, d’abord locaux, puis qui s’étendent. Suivent une fonte musculaire et des troubles de la coordination : le patient commence à avoir du mal à marcher et à saisir les objets. Les difficultés à déglutir ou à articuler s’intensifient également. À un stade avancé, l’atteinte des muscles respiratoires peut entraîner le décès du patient.

Sources

Early life metal dysregulation in amyotrophic lateral sclerosis, Annals of Clinical and Translational Neurology, 21 mai 2020. 

Signs of metal in teeth could indicate ALS risk from childhood, New Atlas, 21 mai 2020. 

Sclérose latérale amyotrophique (SLA) / maladie de Charcot, Inserm, 19 décembre 2015. 

La SLA en chiffres, ARSLA. 

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