Adobe Stock

Vous en avez toujours une boîte en réserve dans le placard de votre cuisine, mais est-il sans danger pour votre santé ? Le thon en boîte, déjà pointé du doigt pour ses teneurs en métaux, fait aujourd’hui l’objet d’une nouvelle interrogation. Selon des chercheurs en ingénierie biomédicale de l’université de Binghamton (Etats-Unis) qui publient une étude dans le journal Food & Function, le thon en boîte pourrait altérer le fonctionnement des cellules intestinales à cause du zinc qu’il contient.

100 fois l’apport journalier recommandé de zinc

Le zinc incriminé ici est présent sous forme d’oxyde de zinc (ZnO), une composé chimique associant du zinc et de l’oxygène. Cette molécule est couramment utilisée dans les matériaux de revêtement intérieur des boîtes de conserve car le zinc possède des propriétés antimicrobiennes et participe donc à prolonger la durée de conservation des aliments. Problème : des nanoparticules de ce composé, c’est-à-dire des particules mesurant entre 1 et 100 nanomètres (soit plus de 100 fois plus petites que le diamètre d’un cheveu), pourraient passer dans les aliments en conserve et être ingérés par les personnes qui les consomment. Pour vérifier cela, les chercheurs se sont intéressés au maïs, au thon et aux asperges en conserve, "des aliments qui sont naturellement pauvres en zinc" écrivent-ils dans leur publication. Grâce à une technique de détection des molécules (appelée spectrométrie de masse), ils ont estimé combien de nanoparticules d’oxyde de zinc étaient présentes dans la nourriture. Résultat : les aliments testés contenait 100 fois l’apport alimentaire journalier recommandé en zinc, avec en première ligne le thon, suivi des asperges puis du maïs. Et, selon les scientifiques, cette dose pourrait avoir un effet sur la santé du tube digestif.

Zinc et mauvaise absorption des nutriments

Pour en avoir le cœur net, les chercheurs ont alors réalisé des tests in vitro (c’est-à-dire en milieu artificiel) : ils ont exposé des cultures de cellules d’intestin grêle humain à des nanoparticules d’oxyde de zinc dans des doses équivalentes à ce qu’une personne peut absorber en consommer un aliment en conserve. Après avoir été exposées à ces nanoparticules, les cellules présentaient une plus faible efficacité, avec une diminution de 75% du transport de fer et de 30% du transport de glucose, ce qui correspond à une moins bonne absorption de ces éléments. Les chercheurs ont également mis en évidence que le zinc affectait les microvillosités des cellules intestinales (des replis situés dans la membrane des cellules) "réduisant ainsi la surface disponible pour absorber les nutriments" écrivent les chercheurs dans leur étude. En somme, le zinc présent dans les aliments en conserve pourrait nuire à la fonction digestive, comme le souligne la docteure Gretchen Mahler, co-auteur de l’étude, dans un communiqué de l’université de Binghamton : "Ces résultats suggèrent que l’ingestion de doses physiologiquement pertinentes de nanoparticules d’oxyde de zinc peut altérer la fonction intestinale dans un modèle in vitro de l’intestin grêle humain."

Zinc et inflammation de l’intestin

Mais les effets ne s’arrêtent pas là : "Certaines des nanoparticules provoquent également des signaux d’inflammation à fortes doses, ce qui peut augmenter la perméabilité du modèle intestinal. Une augmentation de la perméabilité intestinale n’est pas une bonne chose – cela signifie que les composés qui ne sont pas supposés passer dans la circulation sanguine pourraient le faire " ajoute la docteure Mahler. Mais à l’heure actuelle, "il est difficile de dire quels sont les effets à long terme de l’ingestion de nanoparticules sur la santé humaine" tempère-t-elle. Les chercheurs doivent donc poursuivre leurs travaux pour savoir si ces nanoparticules ont les mêmes effets sur les cellules in vitro que sur les cellules de l’intestin dans notre corps.

Sources

-ZnO nanoparticles affect intestinal function in an in vitro model. Moreno-Olivas et al., Food & Function 2018.

-Food packaging could be negatively affecting nutrient absorption in your body, new research shows. Communiqué de l'université de Binghamton, 9 avril 2018.

Vidéo : Pourquoi vous ne devriez plus acheter n’importe quel thon

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.

Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.