Coma : témoignage d’Hatice, survivante d’un accident de la routephoto © Laure Veille

Jeune diplômée en littérature, Hatice, 19 ans, travaille pour une mission locale qui lui prête un scooter. Alors qu’elle rentre chez elle, elle est percutée par une voiture. À l’arrivée des secours, son état est critique. Les médecins annoncent d’emblée à sa famille qu’elle a peu de chance de survivre.

“J’étais dans le coma, au stade 3, c'est-à-dire un coma profond entre la vie et la mort” précise Hatice. Au prix d’inconsidérables efforts, elle se réveille au bout de trois mois de coma. Un nouveau combat commence, celui de tout réapprendre : marcher, parler, écrire, apprendre… Découvrez le témoignage d’une jeune femme qui force l’admiration.

Coma stade 3 : entre la vie et la mort

Je pense qu’il y a toujours un événement dans votre vie qui va être le point de départ de tout. Pour moi, mon coma est comme une deuxième naissance. Quand j’étais dans le coma, j’entendais les infirmières parler, j'essayais de comprendre ce qu’il se passait autour de moi. D’ailleurs, ces phases ont été ma première rééducation. Je me souviens que je donnais des couleurs aux mots. J'essayais de tout percevoir par les couleurs. Un moyen de me rassurer, car j’avais très peur. Je vivais dans un monde où j’étais seule.

Heureusement, je compensais avec la musique. D’ailleurs, depuis mon réveil, si j'ai des difficultés d’endormissement, la musique me berce et me calme. Tout le temps où j’étais dans le coma, je m'obligeais à ne pas rêver. Vous savez cet état qu’on ressent juste avant de s’endormir dans lequel on a l’impression de tomber d’un immeuble ? Je luttais pour ne pas tomber, car j'étais persuadée que si je lâchais, j’allais mourir pour de bon.”

Coma : “Revenir ce n’était pas un choix mais une obligation”

“À mon réveil, il m’a fallu tout réapprendre. Je suis restée 15 mois dans un lit d’hôpital et il m’est arrivé d’être jalouse de la Hatice d’avant l’accident qui était capable de retenir et mémoriser plein de choses. Aujourd'hui, à bientôt 33 ans, j’ai encore des séquelles. Je ne peux plus stocker autant de choses dans mon cerveau qu’avant. Je le compare à une ancienne cassette sur laquelle on a enregistré trop de choses. Si je ne le travaille pas, mon cerveau risque de rester comme ça alors je m’oblige à apprendre tous les jours une chose supplémentaire.

Si j’ai eu du mal à accepter cette nouvelle version de moi, aujourd'hui je me rends compte que le handicap n’est pas une faiblesse et j’essaie d’en faire une force.”

Accident de la route : une seconde vie faite d'expériences magnifiques

“Même si on traverse des périodes difficiles, il ne faut jamais lâcher. La vie est faite d’épreuves, mais quand je vois qu’aujourd’hui je marche, je lis, je parle, je comprends ce qu’on me dit, ce sont des expériences magnifiques et c’est encore plus beau.

Cette seconde vie me permet de faire des choses meilleures, d’aider les autres. Je dois maintenant recréer la Hatice d’aujourd’hui en acceptant celle que j’étais avant l’accident. C’est comme un nouveau point de départ.”

Accident de la route : une seconde vie faite d'expériences magnifiques© Service de presse

Sources

Livre "Mon corps ma prison" d'Hatice KarAkuyu et Serge Herbin (City Editions)

mots-clés : coma, Témoignage
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