Catherine, 65 ans, survivante du cancer du poumon : “Je ne le répéterai jamais assez : allez vous faire dépister !”

Publié par Pauline Boullet
le 20/09/2025
Catherine Matausch
Autre
TÉMOIGNAGE. La vie de Catherine Matausch, journaliste et ambassadrice du collectif Ensemble Nous Poumon, a été chamboulée par un cancer du poumon. Diagnostiquée en 2020, elle est aujourd’hui totalement guérie, et ce, sans chimiothérapie. Elle nous raconte en quoi le dépistage précoce, ainsi que l'entourage, sont essentiels.

Je n’avais jamais eu de souci de santé particulier avant. Bon, c’est vrai que j’ai un peu fumé dans le passé… Enfin, plus exactement, je crapotais : ce n’était pas la cigarette compulsive, c’était celle du plaisir. En outre, j’ai grandi aux côtés d'un père qui fumait des gitanes sans filtres tout le temps, même dans la voiture.

Mais ensuite, en me mariant avec un non-fumeur et en tombant enceinte, j’ai arrêté. Or, j’ai appris qu’il suffit d’avoir fumé 100 cigarettes dans sa vie pour être considéré comme fumeur. Et à l’époque, dans les rédactions, tout le monde fumait ! En réalité, ce sont même les non-fumeurs qui étaient mal vus. C’était une autre époque…

"Mon médecin m'a prescrit un scanner juste au cas où"

Toujours est-il que je ne me suis pas vraiment inquiétée de mes symptômes. Début 2020, j’ai commencé à ressentir de la fatigue, et je traînais une toux, mais elle n’était pas spectaculaire, ni chronique. Les symptômes n’étaient vraiment pas flagrants, et c’est pour cette raison que beaucoup de patients passent à côté du diagnostic du cancer du poumon. Surtout que moi, je faisais partie de ces femmes, nombreuses, qui ne s’occupent pas beaucoup de leur santé, car elles sont sans arrêt tournées vers les autres.

Heureusement, mon médecin a été plus zélé, et a prescrit un scanner, “juste au cas où”. Et c’est là que le pneumologue a repéré une minuscule tâche. Je ne me suis pas inquiétée plus que ça car, étant très pragmatique, je savais qu’il pouvait y avoir d'innombrables raisons. C’était juste avant l’été 2020, et j’ai passé un autre scanner de surveillance à la rentrée.

Je me souviens qu’à l'époque, il y avait un débat dans l’équipe médicale, pour savoir si l'opération était nécessaire ou pas. Et finalement, elle a eu lieu, en décembre 2020. Moi, j’étais hyper en confiance, je n’avais pas tellement peur. C’est surtout dû au fait que j’ai eu une équipe médicale très professionnelle et humaine, et qui m’a aidée à tout comprendre. C’est très important de trouver le bon médecin, de ne pas donner aveuglément sa confiance mais d’être acteur, ou actrice de sa santé !

J’ai aussi fait de la sophrologie avant l'opération, et je le conseille à tout le monde ! Me concernant, ça m’a remis dans la réalité, car c’est vrai que je peux être un peu dans le déni. Je me souviens que la veille de l’opération, on a fait une préparation mentale très intéressante : les yeux fermés, j’ai visualisé tout le cheminement de chez moi jusqu’à la chambre d’hôpital, étape par étape. Ça m'a aidée. Toute la partie psychique est très importante dans ce genre de contexte, surtout dans le climat d’inquiétude générale causé par la pandémie du Covid. Mon mental a vraiment été acteur de la chirurgie.

"On sait quand ça commence, mais pas quand ça finit"

L’opération a donc eu lieu en décembre 2020, à l’hôpital Foch. Et c’est seulement à ce moment que le verdict est tombé : après observation, le chirurgien comprend que ce petit point suspect est bien led début d'un cancer. Avec son équipe, il retire donc le lobe supérieur de mon poumon gauche. Il a préféré “viser large” pour être sûr de minimiser le risque de récidive.

Ce n’est donc qu’à mon réveil que j’ai appris la nouvelle. On me dit que le danger est écarté, mais qu’il va falloir continuer une surveillance pendant plusieurs années. C’est vrai que quand cette histoire commence, on ne sait pas quand ça va se terminer. C’est important de savoir gérer ses émotions présentes, mais aussi futures. Personnellement, je pars souvent du principe que tout va bien aller, mais ça ne m’a pas enlevé les doutes et les peurs, surtout au début.

Le lendemain de l’opération, le chirurgien est venu dans ma chambre et a fait quelque chose qui m'a étonnée et que j’ai beaucoup apprécié : il m’a dit que la meilleure rééducation était de remarcher tout de suite. Il m’a prise par le bras nous avons marché dans les couloirs de l'hôpital ! Il m’a ainsi remise directement sur la bonne voie, m’a forcée à être en mouvement et à prendre soin de moi, plutôt que de rester passive.

"Après l'opération, je n'ai pas eu besoin de chimio, ni d'aucun traitement"

Ce qui est essentiel, c’est le soutien des proches. Personnellement, je vivais seule : autant dire que le retour chez moi, entre douleurs et morphine, a été difficile. Mais j’ai reçu beaucoup de soutien de mes amis, ma famille, et même mes voisins, et ça a tout changé. Juste des petits gestes quotidiens, un peu d’humanité, ça compte énormément, surtout dans cette sale période de pandémie !

L’énorme chance que j’ai eue, c’est qu’après cette opération, je n’ai eu besoin de chimio, ni d'aucun autre traitement. Ce qui n’est pas le cas quand la tumeur est détectée plus tard ! J’ai repris le travail normalement, et je n’ai pas souffert de conséquences particulières de la chirurgie (j’ai toujours autant de souffle). En revanche, mon organisme a tout de même été fragilisé : je souffre désormais de Pseudo polyarthrite rhizomélique (PPR), une maladie auto-immune inflammatoire. Je ne sais pas si c’est causé par le cancer ou le Covid, que j’ai attrapé en 2021, car les deux sont des causes possibles… Toujours est-il que je n’en guéris pas, malgré les corticoïdes et l’immunothérapie. Mais je m'en accommode !

"Lé dépistage sauve des vie, et épargne des souffrances à vous et vos proches"

Aujourd’hui, et depuis environ deux ans, je peux enfin dire que je suis arrivée au bout de mon suivi pour ce cancer : je suis officiellement guérie ! Et je m’estime extrêmement chanceuse. Je ne le répéterai jamais assez : allez vous faire dépister ! Il y a 20 ans, on mourait du cancer du poumon, aujourd’hui, nous avons droit à ce dépistage. Pris assez tôt, comme dans mon cas, vous évitez les traitements lourds, et minimisez les risques. Ça sauve des vies, et ça épargne des souffrances, à vous et à vos proches.

C’est vrai que c’est plus simple de trouver des rendez-vous en région parisienne. Mais le programme Impulsion est enfin mis en place par l'Institut National du Cancer, et il est soutenu par le collectif Ensemble Nous Poumon, composé de médecins et d’associations de malades. Le projet commence dans des régions pilotes, mais l’objectif est de l'étendre dès 2026 à toute la France. C'est formidable ! Avant, je faisais l’autruche, j’attendais… Mais désormais, je fais tous les dépistages recommandés pour ma tranche d’âge. Je suis devenue une super bonne élève. Vous aussi, soyez acteur de votre santé !

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Témoignage de Mme Catherine Matausch

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