Syndrome de Rokitansky : une deuxième femme greffée d’un utérus en FranceAdobe Stock

"La greffe sur cette nouvelle patiente de 36 ans a été réalisée à partir de l'utérus de sa sœur aînée, avec une chirurgie très peu invasive", explique auprès de l’AFP le professeur Jean-Marc Ayoubi, chef de service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction de l'hôpital Foch de Suresnes, dans les Hauts-de-Seine.

Pour la deuxième fois en France, une greffe d’utérus a été réalisée. Pour cause, la jeune femme était atteinte du syndrome de Rokitansky, autrement dit, elle était née sans utérus. En effet, cette affection est "responsable d'une infertilité par agénésie utérine", ce qui l'empêche donc d’avoir un enfant, car c’est à cet endroit que l’embryon se développe. Cette pathologie concerne environ une naissance de bébé fille sur 4 000.

Greffe d’utérus : une intervention déjà réalisée en 2019

Ce n’est pas la première fois qu’une telle intervention est faite en France. Réalisée par le professeur Ayoubi, en mars 2019, Déborah Berlioz, atteinte du même syndrome, a vécu la même intervention. "Environ 80 greffes d'utérus ont jusqu'ici été réalisées dans le monde", révèle le Pr Ayoubi. "Il faut une donneuse vivante, bénévole et apparentée (soit de la famille, soit une proche) et on fait bien sûr des tests de compatibilité immunologique."

La patiente avait reçu l’utérus de sa mère, ce qui lui a permis, par la suite, de tomber enceinte. "Un peu plus d’un an après avoir reçu l’utérus de ma maman, en juillet 2019, nous avons eu un transfert embryonnaire", dévoilait auprès de Medisite, Déborah Berlioz. "Notre petit haricot magique est arrivé 32 semaines plus tard. Pour notre plus grand bonheur, Misha notre petite fille est née en parfaite santé par césarienne."

"Je l’ai fait pour moi, mais aussi pour toutes les autres femmes atteintes de ce syndrome"

Alors que depuis 15 ans, une collaboration internationale avec l'équipe du Professeur Mats Branstrum, de l'université de Göteborg, en Suède, tentait d’aller au bout de ce projet, cette seconde intervention donne espoir.

En effet, que ce soit pour Déborah ou pour la science, il s’agit d’une avancée majeure pour toutes les femmes nées sans utérus ou présentant une infertilité utérine causée par une hystérectomie (une ablation de l'utérus) par exemple, ou un utérus non-fonctionnel.

"Il y avait un double objectif pour cette greffe : je l’ai fait pour moi, mais aussi pour toutes les autres femmes atteintes de ce syndrome", racontait auprès de la rédaction la jeune femme. "Je me sens chanceuse et reconnaissante. Finalement, mon syndrome m’a fragilisé et renforcé en même temps et je sais pourquoi je l’ai eu. J’ai été entourée d’amour et de bienveillance, par ma famille, mais aussi par l’équipe du Professeur Ayoubi. Je peux dire aujourd’hui que je crois aux miracles."

Un second enfant grâce à la greffe d’utérus

Aujourd’hui, Déborah Berlioz attend son second enfant. Néanmoins, après cette naissance prévue pour le mois de mars prochain, elle sera dans l’obligation de retirer son utérus greffé, notamment parce qu’elle doit suivre un traitement antirejet. "L'essai clinique auquel j'ai participé m'autorise à mener deux grossesses maximum en cinq ans", indique-t-elle à l'AFP. Une fatalité qu’elle accepte puisque son souhait le plus cher d’être maman a été exaucé. "Avant la greffe, tout espoir de tomber un jour enceinte m'était totalement interdit."

Sources

https://www.europe1.fr/sante/pour-la-deuxieme-fois-en-france-une-deuxieme-greffe-duterus-a-ete-realisee-avec-succes-4141778

Merci à Déborah Berlioz pour son témoignage

mots-clés : utérus, greffe
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