Frottis cervico-utérin : cet examen est-il utile après 65 ans ? Dans quels cas ? Adobe Stock
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Le prélèvement cervico-utérin, est un examen gynécologique (réalisé chez un gynécologue, un médecin généraliste ou une sage-femme) au cours duquel sont prélevées des cellules du col de l’utérus.

Ce prélèvement consiste à "frotter délicatement avec une petite brosse souple les cellules du col utérin", explique Julia Maruani, gynécologue médicale à Marseille, secrétaire générale adjointe de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM).

Ce prélèvement est ensuite analysé en laboratoire qui réalise deux différents types d’analyses des cellules :

  • une cytologie : analyse des cellules au microscope (le fameux "frottis" dans le langage courant)
  • le test HPV-HR (Human papillomavirus à Haut risque) qui vise à "rechercher d’éventuels papillomavirus humains dits "oncogènes" c’est-à-dire ceux qui vont être potentiellement cancérigènes", précise la gynécologue.

Un "frottis" cervico-utérin pour prévenir le cancer du col de l’utérus

Aujourd’hui, la seule raison de réaliser ce prélèvement cervico-utérin est de prévenir le cancer du col utérin, souligne la gynécologue. "Grâce à cet examen, on va dépister les lésions pré-cancéreuses du cancer du col. Cet examen ne doit pas être confondu avec les prélèvements vaginaux qui permettent la recherche biologique, "de champignons ou de bactéries en cas de mycose, de vaginose ou d’infection sexuellement transmissible comme le chlamydia".

Le prélèvement cervico-utérin, constitue donc un outil de dépistage efficace et performant du cancer du col de l'utérus. Avec la vaccination contre le HPV, il reste le meilleur moyen de se protéger contre ce cancer du col de l’utérus.

De 30 ans à 65 ans, le test HPV recommandé en première intention

Ce dépistage, via un prélèvement cervico-utérin, est recommandé de 25 à 65 ans pour toutes les femmes dites immuno-compétentes (immunité normale), "celles qui n’ont jamais eu de traitement préalable pour des lésions pré-cancéreuses", précise Julia Maruani.

  • Entre 25 et 30 ans, l’analyse des frottis par examen cytologique est uniquement demandé.
  • A partir de 30 ans jusqu’à 65 ans, le test HPV est recommandé en première intention. Depuis 2020, ce test est recommandé tous les cinq ans et non plus tous les trois ans. Ce "nouveau test" est jugé plus performant et efficace pour dépister d’éventuelles lésions pré-cancéreuses du cancer du col.
    Pourquoi ce délai rallongé? "Il n’y a pas d’intérêt médical à réaliser ce test avant un délai de 5 ans, puisqu’on ne peut pas développer de lésion grave liée au papillomavirus avant 5 ans si le test HPV est négatif", précise notre experte.

En revanche, si le test HPV est positif, une cytologie est réalisée et, selon le résultat, la patiente devra alors réaliser une colposcopie qui est un examen indolore du col utérin et du vagin grâce à des colorants pour déterminer l'éventuelle présence de lésion s pré-cancéreuses.

Un dépistage du cancer du col encore trop négligé

On estime que 90 % de la population ayant eu des rapports sexuels, homme et femme, est en contact avec le papillomavirus au cours de sa vie. Sur cette proportion, 90 % l’éliminent naturellement et vont guérir spontanément (immunité naturelle). 10 % restent porteurs du HPV : pour ceux-là, on parle d’"infection persistante".

Si l’importance du dépistage du cancer du col ne fait plus de doute, dans les faits, les femmes sont encore trop peu nombreuses à faire la démarche. "40 % des femmes, tout âge confondu ne participent pas au dépistage du cancer du col. Un taux qui monte à 50 % des femmes chez les plus de 50 ans, constate Julia Maruani. Plus les femmes avancent en âge et moins elles se font dépister".

Faire l’impasse sur ce dépistage fait courir le risque de ne pouvoir détecter précocement d'éventuelles lésions pré-cancéreuses. Or, plus le cancer du col est dépisté tôt, mieux il est pris en charge.

Après 65 ans, un suivi recommandé en cas de test HPV positif

Après 65 ans, le test HPV n’est plus recommandé pour les femmes qui présentent un test HPV négatif. "Si une femme est HPV négatif à 65 ans, son risque de développer un cancer du col utérin est quasi nul par la suite".

En revanche, si une femme est positive au test HPV à 65 ans, un suivi gynécologique continu est nécessaire, car elle est considérée comme porteuse d’une infection persistante. "On continue de surveiller ces femmes après 65 ans, car il existe un risque faible mais possible de lésion pré-cancéreuse", pointe Julia Maruani.

Une infection persistante à surveiller, mais qui débouche peu souvent sur un cancer

Sur ces 10% d’adultes ayant une infection persistante au HPV, le virus HPV persiste au niveau de la muqueuse du col utérin, mais très peu de femmes développeront des lésions, rassure la gynécologue. "On considère qu’il faut en moyenne 5 à 10 ans pour qu’apparaissent des lésions précancéreuses après l'infection au HPV, et entre 5 et 10 ans supplémentaires pour que ces lésions évoluent sur un cancer, en l'absence de dépistage et de traitement".

Cette longue période entre l’infection et le développement de lésions propre au cancer du col utérin facilite le travail de dépistage et de prise en charge des lésions précancéreuses.

Les autres cas où le dépistage doit continuer après 65 ans

  • Les femmes ayant été traitées pour des lésions précancéreuses de cancer du col doivent continuer le dépistage par test HPV tous les 3 ans, tout le long de leur vie.

D’autres cas de figure rendent nécessaire le dépistage du cancer du col de façon annuelle :

  • les femmes qui vivent avec le VIH
  • les femmes immunodéprimées (traitements immunosuppresseurs ; greffes d’organes ; sous biothérapies pour polyarthrite rhumatoïdes, maladie de Crohn etc..). Leur système immunitaire est moins performant, donc un dépistage régulier est conseillé.

Hors dépistage du cancer du col, pourquoi voir un gynécologue après 65 ans ?

Beaucoup de femmes sont promptes à penser qu’une fois ménopausées, à la cinquantaine et, encore plus après 65 ans, consulter un médecin gynécologue ne présente plus d’utilité. Une idée fausse que notre experte tient à balayer : "L ’arrêt des règles ne justifie pas l’arrêt d’une consultation, d’autant plus qu'après la ménopause, c’est l’âge où on court le plus de risques de cancers comme le cancer du sein, insiste Julia Maruani. Les femmes nécessitent des examens cliniques une fois par an ou tous les deux ans chez un médecin gynécologue".

Les consultations de santé chez un gynécologue sont l’occasion de se faire examiner et dépister pour différents cancers (du col, cancer du sein…), mais ils sont aussi un moment pour échanger et faire le point sur des problématiques de santé féminine plus larges : "Au cours d’une consultation, on aborde aussi tous les symptômes gynécologiques en lien avec la ménopause et on s’intéresse à aussi à la santé cardio-vasculaire, au risque d’ostéoporose, aux problèmes intimes et au bien-être sexue l", explique Julia Maruani.

Après 65 ans, quels sont les examens gynécologiques à réaliser ?

Après 65 ans, certains examens sont recommandés :
-le dépistage du cancer du sein en réalisant une mammographie tous les deux ans à partir de 50 ans jusqu'à 75 ans
-le dépistage du cancer du côlon (via le prélèvement des selles) dont le risque est souvent sous-estimé chez les femmes,est recommandé tous les deux ans de 50 ans à 75 ans.

Dès 50 ans, des invitations au dépistage sont envoyées au domicile des concernées.

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