Définition : qu’est-ce que l’infection à la chlamydia trachomatis ?

Nommée à tort Chlamydia, la Chlamydiose désigne une infection sexuellement transmissible (IST) causée par la bactérie Chlamydia trachomatis. Très fréquente, cette dernière est la première cause d’IST d’origine bactérienne en Europe.

Ce germe pathogène se transmet lors de rapports sexuels non-protégés, qu’ils soient vaginaux, oraux ou anaux. Si ce sont majoritairement les jeunes femmes de 15 à 24 ans qui sont touchées par cette infection, elles n’en sont pas les uniques victimes. Chaque personne, quel que soit son âge, son sexe ou son orientation sexuelle, peut être concernée par cette pathologie.

Qualifiée de maladie silencieuse, cette infection est d’abord généralement asymptomatique. « Elle peut rester à l’état latent pendant plusieurs mois. Que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, l’infection à la Chlamydia trachomatis a pourtant la capacité de provoquer de graves complications comme la stérilité », ajoute l’infectiologue Jean-Marc Bohbot, expert des maladies uro-génitales à l’Institut Fournier. Depuis une dizaine d’années, une recrudescence de cette maladie est observée par les spécialistes. Un dépistage régulier est donc fortement conseillé. 

Certaines souches de Chlamydia se transmettent par les yeux

En tout, il existe 19 souches de la bactérie Chlamydia Trachomatis. Si la plupart d’entre elles sont sexuellement transmissibles, les germes A, B, C ne le sont pas et se transmettent par le biais de sécrétions oculaires infectées. « Ces souches sont responsables de trachomes [conjonctivite contagieuse pouvant entraîner la cécité, Ndlr.] », indique le spécialiste. Environ 84 millions de personnes sont concernées par cette pathologie dans le monde. Huit millions d'entre eux ont déjà montré des signes de déficience visuelle. 

Chiffres : quelle est la fréquence de la Chlamydia ?

Il y a quatre ans, 267 097 personnes ont été concernées par une infection à Chlamydia en France selon les données de Santé Publique France.

De 2016 à 2018, les Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) présents sur tout le territoire ont constaté une augmentation de 15 % des diagnostics.

En 2018, 74 % de ces diagnostics concernaient les femmes.

Comment expliquer cette recrudescence ? 

Réponse du Dr Jean-Marc Bohbot, gynécologue : 

« Cette recrudescence est le résultat de deux facteurs. Le premier est l’amélioration technique du dépistage qui est désormais plus efficace et moins invasif, en particulier chez la femme. Le second est la diminution des méthodes de prévention auprès du grand public. Ces dernières années, on observe une diminution du port du préservatif. Beaucoup de gens ne se protègent pas, notamment, lors des fellations qui sont un vecteur important de cette infection. »

Quels sont les symptômes de la chlamydiose ?

Une fois encore, la chlamydiose a pour particularité d’être « silencieuse ». « Environ 50 % des femmes, et 35 à 45 % des hommes, ne présentent aucun symptôme au moins au début de l’infection », explicite le Dr Jean-Marc Bohbot. Les porteurs n’ayant pas toujours conscience d’être infectés, cette caractéristique a pour conséquence de favoriser la propagation de la bactérie.

Au bout de quelques semaines pour les femmes et quinze jours pour les hommes, les premiers symptômes peuvent pourtant se manifester :

Chez la femme : 

  • des sensations de brûlure en urinant ;
  • des douleurs abdominales ;
  • des pertes vaginales inhabituelles, pouvant être malodorantes ;
  • des saignements entre ses menstruations ou après les rapports ;
  • des douleurs pendant les relations sexuelles ;
  • un écoulement anormal par l'anus ;
  • fièvre rare, mais annonciatrice d’une complication. 

Chez l’homme : 

  • un picotement et des démangeaisons au niveau de l'urètre, voire une urétrite purulente ;
  • des brûlures lors de la miction (vidange de la vessie) ;
  • des douleurs et des gonflements au niveau des testicules ;
  • une inflammation de la paroi du rectum (rectites) ;
  • fièvre rare, mais annonciatrice d’une complication.

Chlamydia : quelle est la cause de cette infection ?   

Cette infection est causée par la bactérie pathogène Chlamydia trachomatis. Elle se transmet lors de tous types de rapports sexuels, mais aussi de mère à enfant, lors de l'accouchement. 

Photo - Culture cellulaire de la bactérie Chlamydia trachomatis

© Creative Commons

Auteur : Center for Disease Control (CDC) Licence : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:ChlamydiaTrachomatisEinschlusskörperchen.jpg

Chlamydia : quels sont les facteurs de risque ?

La bactérie a de plus fortes chances d’être contractée en cas :

  • De multipartenariat, c’est-à-dire au minimum deux partenaires dans l’année.
  • De changement de partenaire récent.
  • D’antécédents d’IST.

Une recrudescence de lymphogranulomatose vénérienne est observée

Le lymphogranulomatose vénérienne (LGV) – également appelé maladie de Nicolas-Favre – est une infection provoquée par un sous-type de la bactérie Chlamydia trachomatis. Elle provoque des rectites (infection du rectum) presque exclusivement chez les hommes qui ont des relations homosexuelles. « Une recrudescence de cette maladie est observée depuis dix ou quinze ans. Elle provoque des lésions extrêmement douloureuses au niveau de l’anus », indique l’expert.

Chlamydia : quelles sont les personnes les plus couramment infectées par cette bactérie ?

Logiquement, ce sont les personnes qui entretiennent plusieurs relations sexuelles en même temps et qui n’utilisent pas de protection pendant les rapports qui sont les plus à risque.

Les jeunes femmes de 15 à 24 ans sont notamment particulièrement touchées par ce trouble. Elles représentent 38 % de l’ensemble des diagnostics. Une proportion qui s’explique par un retard de diagnostic, dû à l’absence prolongée de symptômes par rapport à l’homme. « La Chlamydia se développe également un peu plus facilement au niveau des cellules du col de l’utérus », ajoute le docteur.

Photo - Frottis vaginal humain montrant des bactéries Chlamydia 

Chlamydia : quelles sont les personnes les plus couramment infectées par cette bactérie ?© Creative Commons

Auteur : Center for Disease Control (CDC) Licence : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:ChlamydiaTrachomatisEinschlusskörperchen.jpg

Chlamydia : combien de temps dure l’infection ?

« Si la Chlamydiose n’est pas traitée, c’est très variable », explique l’infectiologue. Une infection chez la femme peut durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Chez l’homme, les symptômes permettent de traiter le trouble dix à quinze jours après la contraction de l’infection. « On sait aussi qu’un certain nombre d’infections disparaissent toutes seules. C’est à priori grâce à des réactions immunitaires du corps », précise Dr Jean-Marc Bohbot.   

Contagion : comment se transmet la chlamydia ?

La bactérie se transmet lors de rapports sexuels. « À l’exception du cunnilingus, tous les types de pénétrations buccale, vaginale ou anale sont susceptibles de transmettre la maladie », alarme le spécialiste.

Elle peut également se transmettre lors de l’utilisation de jouets sexuels contaminés

La chlamydia se transmet aussi de mère à enfant

Si une femme enceinte est porteuse de l’infection, elle pourra transmettre le germe pathogène à son enfant lors de son accouchement. « C’est de plus en plus exceptionnel. Aujourd’hui, il y a une bonne surveillance des femmes enceintes », tempère le Dr Jean-Marc Bohbot.   

Chlamydia : qui, quand consulter ?

Après chaque rapport sexuel jugé « à risque », il est conseillé de se rendre chez son médecin généraliste ou son gynécologue. Le dépistage d’une IST s’effectue sur prescription médicale.

Où se faire dépister ?

  • Dans un Centre gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic (CeGIDD). Ces derniers sont disséminés dans tout l’Hexagone.
  • Dans un Centre de Planification et d’Éducation Familiale (CPEF).

Chlamydia : bientôt un dépistage systématique ? 

L’idée de la mise en place d’un système de dépistage systématique est évoquée régulièrement.

Dans un communiqué datant d’octobre 2018, la Haute Autorité de la Santé (HAS) recommandait qu’ « un dépistage opportuniste ciblé » soit proposé notamment aux hommes et aux femmes de plus de 25 ans, sexuellement actifs et présentant des facteurs de risque.

L'institution préconise également aux jeunes femmes de 15 à 25 ans sexuellement actives d'effectuer au moins un dépistage des infections à Chlamydia trachomatis. Cela, même si elles ne présentent aucun symptôme. « Plus une femme est atteinte jeune, plus le risque de complications est important », analyse le docteur. 

Chlamydia : quels examens et analyses ?

Le dépistage de la Chlamydia trachomatis est rapide, indolore et peu invasif. Pour les hommes, il est réalisé par analyse du premier jet d’urine. Pour les femmes, il s'effectue à l’aide d’un coton-tige par auto-prélèvement local à l’entrée du vagin. « La prise de sang n’a pas d’intérêt pour le diagnostic de Chlamydia », précise le médecin. La bactérie est détectable 5 à 7 jours après la contamination.

Le frottis permet-il de détecter la chlamydia ?

Le frottis du col de l’utérus réalisé dans le cadre d’un rendez-vous gynécologique ne permet pas de déceler cette infection.

Chlamydia : quelles complications possibles ?

Si l’infection n’est pas traitée, elle peut engendrer de graves complications.

Chez l’homme :

  • Infection de la prostate (prostatite) ;
  • Douleurs pelviennes (vessie et prostate) chroniques ;
  • Stérilité, causée par une orchi-épididymite qui est la conséquence d’une inflammation des testicules et de l’épididyme (en forme d'entonnoir sur le bord supérieur du testicule).

Chez la femme :

  • Douleurs pelviennes (vessie, utérus et ovaires) chroniques ;
  • Stérilité, causée par l’inflammation de l’utérus et des trompes de Fallope ;
  • Grossesse extra-utérine ;
  • Salpingite (inflammation des trompes utérines).

Que se passe-t-il en cas de non-traitement de l'infection chez la femme ? 

Réponse du Dr Jean-Marc Bohbot, gynécologue : 

« Une femme qui n’est pas traitée pour une infection de Chlamydia a 5 % de risque de développer une infection au niveau des trompes. En cas de nouvelles infections, ce pourcentage augmente et peut atteindre 30 %. »

La chlamydia accroit vos risques de contracter le VIH

L’infection à Chlamydia accroît également le risque de contracter le virus de l'immunodéficience humaine (VIH).

« Tout simplement, car une infection qui traîne provoque une réaction inflammatoire. À ce moment-là, une armée de cellules immunologiquement compétentes – la cible privilégiée du VIH – se libèrent pour circonscrire l’infection à Chlamydia. Si le patient est confronté au VIH, ce dernier aura plus de facilité à pénétrer dans le système immunitaire », explicite le Dr Jean-Marc Bohbot.  

Traitements : comment soigner l’infection à la chlamydia ? 

Ce trouble peut être très facilement soigné grâce aux antibiotiques. Les molécules pouvant être prescrites sont :

  • L’azithromycine : quatre comprimés en monodose, c’est-à-dire pris en une seule fois.
  • La doxycyline : deux comprimés par jour pendant sept jours.

Ces dernières années, les spécialistes favorisent cette seconde option. « L’infection à la Chlamydia n’est pas résistante aux antibiotiques. L’azythromycine est utilisée pour une autre infection qui, elle, l’est. On préfère donc garder cette molécule pour traiter cette pathologie-là », commente le médecin.

Quelle doit être la réaction des partenaires ? 

Réponse du Dr Jean-Marc Bohbot, gynécologue : 

« Il est capital que les partenaires sexuels des deux mois précédents le traitement de la personne infectée suivent un traitement identique. Dans ce cas de figure, il n’y a pas besoin de passer par la case dépistage. »

Quel est le risque de récidive ?  

« Le traitement antibiotique est efficace dans la grande majorité des cas. Nous ne pouvons pas parler de récidive, mais de recontamination », assure le spécialiste. Le fait d’avoir été déjà traité pour la Chlamydia trachomatis ne protège pas, en effet, d’une nouvelle infestation.

Pour éviter cet écueil, il est nécessaire de s’assurer que ses partenaires ont bien été traités et d’éviter les rapports sexuels non protégés. Un second dépistage est réalisé trois à six mois après le traitement initial pour vérifier que la bactérie a bien été éliminée.

Comment prévenir le risque de contracter la chlamydiose ?

Pour l’heure, aucun vaccin n’existe. La seule solution est donc d’utiliser un préservatif lors des rapports sexuels.

Que peut-on faire en plus pour éviter cette infection ? 

Réponse du Dr Jean-Marc Bohbot, gynécologue : 

« Même quand il n’y a aucun symptôme de la maladie, il est important de faire un dépistage. Particulièrement, au début d’une nouvelle relation sexuelle. »

Chlamydia : sites d’informations et associations

Haute Autorité de Santé - Un document professionnel sur les infections à Chlamidiae.

Clinique L’Actuel – Clinique québécoise spécialisée dans le dépistage et traitement des MST et du SIDA qui offre des informations médicales et des renseignements sur l’état de la recherche.

Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec – Informations sur la prévention et le traitement des infections transmissibles sexuellement et par le sang.

Santé Canada - Données cliniques et statistiques sur les ITS au Canada.

Sources

Le site de Santé Publique France [consulté le 21 janvier 2020]

 L’avis de la Haute Autorité de la Santé sur le dépistage systématique [consulté le 21 janvier 2020]

 La réévaluation de la stratégie de dépistage de la Haute Autorité de la Santé [consulté le 21 janvier 2020]