Glaucome : beaucoup de personnes ignorent qu’elles sont touchées Adobe Stock
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Le glaucome est une pathologie chronique de l’œil qui endommage progressivement le nerf optique, souvent en raison d’une pression trop importante à l’intérieur de l’œil, appelée hypertonie oculaire.

Cette maladie oculaire constitue la seconde cause de cécité en France, après la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Elle affecte 1 personne sur 10 après 70 ans et 1 à 2 % de la population française de plus de 40 ans. Et 800 000 patients sont traités en France pour un glaucome, selon l’Inserm.

Mais ces chiffres pourraient être largement sous-estimés : beaucoup de personnes ignorent en effet qu’elles sont touchées par cette maladie. Dans l’Hexagone, on estime que 400 000 à 500 000 seraient porteuses de cette pathologie sans le savoir.

Glaucome : une maladie asymptomatique

Cette difficulté s’explique par le fait que la maladie est asymptomatique pendant 10 à 20 ans : elle ne présente pas de signes visibles qui permettent au porteur de la repérer.

Seuls des examens opthalmologiques (mesure de la pression intraoculaire, examen du fond de l’œil et de la papille optique, gonioscopie et relevé du champ visuel) permettent à l’opthalmologiste de poser le diagnostic, selon l’Association France Glaucome.

Dépister tôt la maladie avant que ne s’aggrave le déficit visuel

Les premiers signes cliniques liés au glaucome se manifestent par une perte de la vision périphérique et, à un stade avancé, par une cécité irréversible.

Les traitements actuels permettent d’éviter l’aggravation de la maladie et l’atteinte importante de la vision, à condition que le glaucome soit dépisté suffisamment tôt. "L’atteinte fonctionnelle peut être évitée par un traitement médicamenteux au long cours bien suivi, à condition de le débuter avant la destruction des cellules nerveuses", précise l’Inserm.

Problème, la méconnaissance constatée de la maladie par les concernés pose un sérieux frein au dépistage et à la prise en charge précoces du glaucome. Une étude suédoise de l’Université de Göteborg, parue dans la revue Acta Ophtalmologica, nous en apporte la preuve éclatante.

Des symptômes tardifs qui retardent le dépistage

Lena Havstam Johansson, doctorante à l'université de Göteborg et infirmière spécialisée à l'hôpital universitaire Sahlgrenska, a constaté que près de 5 % des personnes âgées de 70 ans, participantes à l’étude, étaient atteintes de glaucome. Et que parmi ces patients diagnostiqués, la moitié ignoraient qu'ils étaient porteurs de la maladie.

"Parmi les personnes dont le glaucome a été diagnostiqué dans le cadre de l'étude, 15, soit 2,7 % de l'ensemble des participants, ignoraient qu'elles étaient atteintes de la maladie avant d'être examinées", explique Lena Havstam Johansson dans un communiqué. "La moitié des personnes atteintes de glaucome ont donc été diagnostiquées parce qu'elles ont participé à l'étude.

La pression intra-oculaire, un facteur de risque pas systématique

L’augmentation de la pression intra-oculaire constitue un facteur de risque de glaucome, mais cette hypertonie oculaire n’est pas nécessairement associée à la maladie. Certaines personnes "ayant une hypertension intra-oculaire modérément élevée peuvent ne jamais développer de glaucome alors que d’autres peuvent avoir un glaucome sans jamais avoir eu une pression intra-oculaire élevée", rappelle la Haute Autorité de Santé, dans un rapport sur le dépistage et le diagnostic précoce en France.

Un constat partagé par l’Université de Göteborg qui confirme de son côté que le glaucome entraîne une augmentation de la pression oculaire. Dans le même temps, l’étude montre que la majorité des personnes nouvellement diagnostiquées (67 %) avaient encore une pression oculaire normale au moment du diagnostic.

Glaucome : l’existence de facteurs héréditaires

Autre élément qui brouille le repérage de la maladie à ses premiers stades, également souligné par l’étude suédoise : les deux yeux ne sont pas forcément touchés. Dès lors, l’œil sain peut compenser la perte de vision, ce qui peut donner l’impression aux malades de ne pas avoir perdu d’acuité visuelle, retardant d’autant plus le dépistage de la maladie.

Les travaux suédois mettent en avant l’hérédité parmi les facteurs de risque de glaucome. Les personnes diagnostiquées avec un glaucome étaient en effet plus susceptibles d'avoir un parent proche avec le même diagnostic.

Les travaux ont été conduits dans le cadre de l'étude H70, pour laquelle les septuagénaires 1 203 personnes de plus de 70 ans ont passé plusieurs examens physiques et cognitifs complets. Dans ce cadre les participants ont répondu à des questionnaires sur leur santé oculaire et la présence de glaucome dans la sphère familiale. Des ophtalmologistes de l'hôpital universitaire de Sahlgrenska ont également examiné 560 des participants.

Glaucome : la baisse de la vision amoindrit la qualité de vie

Les résultats illustrent aussi un autre pendant de la maladie : les participants à l’étude et atteints de glaucome ont déclaré que la baisse de vision a altéré leur qualité de vie.

"Il est plus difficile de monter les escaliers, de voir les trottoirs le soir et de remarquer les choses dans la vision périphérique, corrobore Lena Havstam Johansson. Cela signifie que les personnes atteintes de glaucome peuvent éviter de rendre visite à d'autres personnes, d'aller au restaurant ou à des fêtes, et préfèrent rester chez elles". Une perte d’indépendance qui génère de la frustration, conclut-elle.

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