Covid-19 : il multiplie les risques de retard de neurodéveloppement

C’est une étude qui risque de faire du bruit, alors que l’on continue de découvrir des effets délétères au coronavirus. Publiée le mois dernier et menée par une équipe de chercheurs américains, elle s’est intéressée aux effets à moyen terme du virus sur le développement neurologique et moteur des enfants nés alors que leur mère avait contracté le virus pendant leur grossesse. Les résultats sont sans appel : les enfants nés de mères ayant contracté le Covid-19 pendant leur grossesse présentent un risque accru de troubles du développement à l'âge de 3 ans, notamment des retards de langage, de l'autisme, des troubles moteurs et d'autres retards de développement. 

Le Covid-19 associé  à une augmentation de 29 % du risque de trouble neurodéveloppemental chez l’enfant.

“Ces résultats soulignent que le Covid-19, comme de nombreuses autres infections pendant la grossesse, peut présenter des risques non seulement pour la mère, mais aussi pour le développement cérébral du fœtus”, explique ainsi la Dre Andrea Edlow, auteure principale de l'étude et spécialiste en médecine materno-fœtale au sein du département d'obstétrique et de gynécologie du Mass General Brigham, le plus grand hôpital universitaire du Massachusetts aux Etats-Unis. 

Des troubles neurodéveloppementaux avant l’âge de trois ans

En détail, les chercheurs ont étudié 18 124 couples mère-enfant et passé en revue les données relatives aux naissances survenues entre mars 2020 et mai 2021. Parmi les 861 enfants dont la mère était positive au SARS-CoV-2 pendant la grossesse, 140 (16,3 %) ont reçu un diagnostic de trouble neurodéveloppemental avant l’âge de 3 ans, contre 1 680 (9,7 %) des 17 263 autres enfants issus de grossesses sans infection au SARS-CoV-2. Après ajustement pour d’autres facteurs influents, l’infection au SARS-CoV-2 pendant la grossesse était associée à une augmentation de 29 % du risque de trouble neurodéveloppemental chez l’enfant.

Cette étude met en évidence deux autres points intéressants : les petits garçons étaient plus susceptibles de souffrir de retard de développement et l’impact du Covid était plus important sur le développement des enfants à naître quand la maman tombait malade pendant le troisième trimestre de la grossesse. 

Ces effets s’ajoutent à la longue liste des troubles ou handicaps imputés au Covid-19, parfois à long terme, chez de nombreuses personnes infectées pendant la pandémie. 

Les effets à long terme du Covid mieux connus aujourd'hui ? 

Une autre étude, menée cette fois par des chercheurs de l'Institut Pasteur et publiée fin juillet 2025 dans Nature Communications confirme que le SARS-CoV-2 infecte le cerveau et persiste jusqu’à 80 jours après la phase aiguë de l’infection dans une partie du cerveau appelée le tronc cérébral. 

“La présence du virus est liée à des signes de dépression, de troubles de la mémoire et d'anxiété” chez les animaux testés pour cette étude, détaille le communiqué de presse de l'Institut Pasteur. 

De précédents travaux avaient déjà montré que le Covid long - qui  touchait 4 % de la population adulte française fin 2022 d’après Santé publique France - pouvait se manifester via des symptômes chroniques et invalidants, notamment une fatigue profonde, des troubles neurologiques (“brouillard cérébral”), des difficultés respiratoires (essoufflement, tachycardie) ou des maux de tête. 

On comprend aujourd'hui que ces symptômes post-Covid pourraient plus directement être liés à une atteinte sur le long terme de certaines zones du cerveau. "Nous poursuivons nos travaux afin de comprendre comment l’infection induit la perte de fonction des neurones à dopamine”, indique encore Guilherme Dias de Melo principal auteur de l’étude et chercheur dans l’unité Lyssavirus, épidémiologie et neuropathologie à l’Institut Pasteur. Le Covid-19, cela est certain, n’a pas encore révélé tous ses secrets !