Et si les virus pouvaient un jour soigner le cancer ? Une piste prometteuse explorée

Publié par Elodie Vaz
le 04/12/2025
Virus
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Et si les virus n’étaient pas seulement des ennemis ? De nouvelles thérapies explorent leur pouvoir pour cibler et détruire certains cancers, ouvrant une piste médicale aussi surprenante que prometteuse.
 

Et si l’ennemi devenait un allié ? L’idée semble sortie d’un film de science-fiction et pourtant, elle prend corps dans les laboratoires du monde entier : utiliser certains virus pour soigner des pathologies humaines graves — y compris le cancer. Une façon, peut-être, d’apprendre à regarder la nature autrement. Comme le rappelle le 30 octobre dernier dans The Conversation, Dr María Teresa Tejedor Junco, professeure de microbiologie à l'université de Las Palmas de Gran Canaria en Espagne. , « Nous ne devons pas analyser la nature d’un point de vue anthropocentrique. » Si les virus nous effraient, c’est peut-être aussi parce que « les virus ont “mauvaise réputation”. »

Pour la plupart d’entre nous, un virus rime avec maladie. Mais la réalité est plus nuancée. « Impossible de résumer dans un seul article tout ce que les virus apportent à notre existence. », souligne-t-elle. Et certaines découvertes récentes pourraient bouleverser notre vision du vivant.

Des virus qui s’attaquent aux cellules cancéreuses

Le cas le plus spectaculaire concerne le rétinoblastome, un cancer de l’œil qui touche les jeunes enfants et peut conduire à la cécité, voire nécessiter l’ablation des yeux. Des médecins ont utilisé avec succès « un adénovirus génétiquement modifié » capable d’attaquer uniquement les cellules tumorales. Résultat : les cellules cancéreuses sont éliminées sans endommager les cellules saines. D’autres essais cliniques suivent : mélanomes, glioblastomes, cancer du col de l’utérus… la piste virale se fraye un chemin dans des cancers souvent difficiles à traiter.

Cette approche ne se limite pas aux tumeurs. Dans les maladies chroniques comme la mucoviscidose ou la colite ulcéreuse, des études s’intéressent au rôle des bactériophages — ces virus qui n’attaquent pas les humains mais les bactéries. « Quelques études montrent que les personnes en bonne santé ont une composition en phages dans leur intestin différente de celle des personnes atteintes de colite ulcéreuse », explique la scientifique. 

Encore plus étonnant : un virus, le GBV-C, améliore le pronostic des personnes atteintes du sida. « Elles présentent moins de symptômes et la mortalité dans ce groupe est plus faible. »

L’alternative aux antibiotiques

Face à la montée de l’antibiorésistance, la phagothérapie suscite un regain d’intérêt. « Ils peuvent attaquer les bactéries pathogènes sans avoir aucun effet sur notre microbiome “bénéfique” », affirme Dr María Teresa Tejedor Junco, dans le média scientifique. Utilisée aujourd’hui de manière très contrôlée, elle constitue parfois le dernier recours lorsque les antibiotiques ne fonctionnent plus.

Vers un changement de regard

Les virus, longtemps perçus uniquement comme une menace, jouent un rôle majeur dans l’évolution du vivant et même… dans l’existence de l’être humain. « Le génome humain contient 8 % d’ADN viral. » Cet héritage ancien semblerait indispensable : cette portion du code génétique produit la syncytine, « essentielle à la formation du placenta ». Sans elle, pas de grossesse telle que nous la connaissons.

Ce paradoxe amène les scientifiques à pousser plus loin la réflexion. Peut-être faut-il apprendre à considérer les virus non comme des ennemis absolus, mais comme des pièces clés des écosystèmes — parfois dangereuses, parfois vitales.

Alors, les virus soigneront-ils un jour le cancer ? Rien n’est encore certain. Mais le mouvement est lancé, prometteur, déroutant et porteur d’espoir. Après tout, « il existe de nombreux autres aspects dans lesquels les virus contribuent à améliorer notre existence. N’oublions pas que seul un faible pourcentage d’entre eux peut l’aggraver… mais de manière drastique. »

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