[La parole aux associations] Cancer du sein : Medisite.fr

Un cancer du sein n’est pas sans impact sur la sexualité. La fatigue, la diminution du désir sexuel, les douleurs, l’image du corps qui change, la ménopause précoce… Ces répercussions affectent la vie intime et sexuelle de la femme et du couple. Or, malgré ces désagréments, une vie intime est envisageable.

Il est même essentiel d’évoquer cette sphère de la vie au début de la maladie. "Le médecin ne va pas toujours évoquer la question puisque ce n’est pas son rôle, la malade n’y pensera pas ou n’osera pas et c’est souvent pareil pour le conjoint. Pourtant, c’est un sujet qui devrait être abordé assez vite", nous partage Catherine Adler-Tal, onco-psychologue, onco-sexologue et présidente de l’association Etincelles IDF.

En effet, la sexualité ne doit pas s’arrêter ou passe au second plan à l’annonce d’un cancer. Non seulement, elle pourra vous aider à traverser la maladie, mais en plus, elle permettra à votre corps de ressentir du plaisir à une période où il est malmené par la maladie.

Intervenante à l’édition 2022-2023 du Festival de la Communication Santé – pour lequel Medisite est partenaire – Catherine Adler-Tal propose, à travers l’association, des soins de support aux femmes touchées par le cancer.

"Mon rôle, c’est aussi de faire circuler la parole au sein du couple afin d’éviter les malentendus".

"Certaines patientes se disent ‘je n’aime plus mon corps, donc comment va-t-il l’aimer ?’ "

La perte de libido est un des effets du cancer. La peur, la baisse de moral liées à la maladie font que la sexualité n’est plus une priorité. L’image du corps qui change suite aux traitements n’aide pas non plus. "Certaines patientes se disent ‘je n’aime plus mon corps, donc comment va-t-il l’aimer ?’. Résultat : elles vont se mettre en retrait. Et bien souvent, elles se trompent !", estime Catherine Adler-Tal.

Nous avons tendance à penser qu’une fois en rémission, le plus dur est passé. Selon notre experte, les choses ne sont pas toujours si simples. "Il peut y avoir un syndrome dépressif après la maladie : j’appelle ça le ‘cancer blues’. On a peur, on ne se retrouve plus comme on était. Ce n’est pas sur les champs de bataille que les soldats font des dépressions, c’est après. Cela peut aussi entraver la vie sexuelle".

Il existe des solutions pour vous aider à retrouver une sexualité pendant et après le cancer. En fonction de vos traitements, du stade de la maladie et de votre couple, les spécialistes pourront vous orienter. "Je conseille d’évoquer la sexualité à un gynéco-sexologue formé à l’oncologie. Il va pouvoir anticiper les éventuels effets que vous allez ressentir et vous aider à trouver des solutions", préconise Catherine Adler-Tal.

"Face à une libido qui s’est endormie, il s’agit de trouver comment la réveiller"

Avant toute chose, il faut savoir qu’on peut très bien avoir une sexualité pendant un cancer. Ce n’est pas contre-indiqué et cela ne risque pas d’aggraver la maladie.

Or, certains cas particuliers peuvent toutefois rendre les rapports plus douloureux. "Vous pouvez souffrir d’assèchements vaginaux qui font que la pénétration va faire mal. Or, si vous êtes concernée, sachez qu’il existe des solutions", déclare l’onco-psychologue. Face à ce désagrément, il y a plusieurs solutions :

  • Traiter en amont : il faut parler sexualité très tôt au début des traitements. Le gynéco-sexologue va anticiper les effets que vous pourriez ressentir. Il peut vous prescrire des gélules… en fonction des types de cancer dont vous souffrez.
  • Les lubrifiants : lubrifier votre partenaire pourra aussi vous aider.
  • Les injections d’acide hyaluronique.
  • Le laser : indolore, il permet une amélioration de la lubrification et une réduction de la sécheresse vaginale. Le problème, c’est que ce n’est pas remboursé. Il est efficace chez 70 à 80 % des patientes.

Pour d’autres patientes, ce sera la fatigue, les préoccupations et la peur qui vont contribuer à une perte de libido. "C’est une libido qui s’est endormie. On ne la perd pas. Il s’agit simplement de trouver comment la réveiller, assure Catherine Adler-Tal. Parfois, il suffira de tester de nouvelles positions en cas de douleur. Pour d’autres couples, casser la routine en organisant des escapades et des soirées en duo sera bénéfique".

La spécialiste propose aussi la masturbation pour se réapproprier son corps. "C’est un excellent moyen d’explorer son corps et de le redécouvrir. Oubliez l’idée de performance et d’orgasme. Seul le plaisir compte", ajoute-t-elle. Si vous avez besoin de temps pour y arriver, prenez-le. Suivez votre rythme. "Je conseille aussi la littérature érotique pour éveiller une libido en berne".

Sources

Merci à Catherine Adler-Tal, onco-psychologue, onco-sexologue et présidente de l’association Etincelles IDF.

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