Solitude : les plus de 60 ans de plus en plus isolés en France

De plus en plus de seniors souffrent de solitude et d’isolement selon un rapport publié plus tôt cette semaine par l'association les Petits Frères des Pauvres. Ce qui impacte directement leur santé mentale. 

L’étude annuelle de la Fondation de France sur les solitudes, parue en novembre 2021 indiquait déjà que “24 % de la population est en situation d’isolement relationnel (contre 14 % “seulement” en janvier 2020, soit 10 points de plus), c’est-à-dire qu’ils n’ont eu aucune (ou uniquement de très rares) rencontres physiques avec des membres de leur famille, des amis, voisins, collègues de travail ou via des activités associatives". Et le nombre de personnes qui ne sont pas dans cette situation extrême mais qui voient leurs échanges sociaux se raréfier augmente également de façon proportionnelle. 

Pourquoi les seniors sont-ils de plus en plus seuls ? 

Depuis qu’elle a perdu son mari il y a deux ans, Josette, 87 ans, qui habite un petit hameau en pleine campagne, sort très peu. “Heureusement que j’ai mon fils”, nous confie-t-elle, car ses relations sociales se sont raréfiées. L’éloignement des uns, les difficultés de transport, le physique un peu moins alerte, le deuil, le déclin cognitif… les raisons de l’isolement sont plurielles. Une personne âgée sur deux ne sort pas de chez elle tous les jours. 

En 2021, on estimait ainsi à 2 000 000 le nombre de personnes de 60 ans se sentant éloignées de leur famille, leurs amis, leurs voisins, le réseau associatif.  Ils étaient “seulement” 900 000 en 2017. Les seniors en situation de “mort sociale” autrement dit n’ayant pratiquement aucun lien avec des amis ou des voisins, la famille ou les réseaux associatifs, s’élevait à 500 000 personnes de plus de 60 ans. Mais on aurait pu imputer ces mauvais chiffres à la période Covid. 

750 000 seniors en situation de “mort sociale” en 2025 

Toutefois, nous sommes à cinq ans de distance des confinements, et pourtant la courbe ne fléchit pas. Pire, aujourd’hui, le chiffre continue de grimper à la vitesse grand V : le nombre de seniors vivant en situation de "mort sociale" explose selon les chiffres des Petits Frères des Pauvres :  “En 2025, 750 000 personnes âgées de 60 ans et plus - c’est plus que le nombre d’habitants du département de la Vendée ou du Calvados - sont en situation de mort sociale. Elles ne rencontrent jamais ou quasiment jamais d’autres personnes des réseaux familial, amical, de voisinage ou du tissu associatif. Cela représente une hausse de plus de 40 % depuis 2021 et 150 % depuis 2017”. Si rien n’est fait, le cap du million pourrait être franchi d’ici 2030.

“Les contacts avec les commerçants de proximité et les professionnels à domicile (soignants, personnel de ménage, facteurs) s'effritent aussi, avec moins d'un échange par mois pour 30% des seniors (+2 points par rapport à 2017)” note de son côté France Info qui relaie l’étude. 

Seniors : solitude et santé mentale, le cercle infernal 

Deuil, perte d’autonomie, maladie, départ à la retraite… la santé mentale peut être affectée par des changements notables après 60 ans, mais insiste le ministère de la Santé et des Solidarités “l’isolement social des personnes âgées constitue un facteur aggravant de troubles de la santé mentale, notamment la dépression et l’anxiété.” La solitude “en limitant les stimulations intellectuelles et les interactions sociales, pourtant essentielles au maintien des fonctions cérébrales”. C’est la double peine. 

Face à cette situation inquiétante, Yann Lasnier, Délégué général des Petits Frères des Pauvres, enjoint les pouvoirs publics à prendre le problème à bras le corps : “Ce baromètre est un cri d’alerte. L’isolement des personnes âgées n’est pas une fatalité, mais un enjeu de société que les pouvoirs publics doivent enfin prendre à bras-le-corps. Il est urgent de sortir de l’indifférence.”