Pourquoi les femmes vivent plus longtemps que les hommes ? Les chercheurs trouvent la réponse chez le singe !
C’est une étude de l’Institut d'anthropologie évolutive Max Planck situé à Leipzig en Allemagne qui vient de confirmer la réponse à une énigme qui occupe les scientifiques depuis des décennies : pourquoi les femmes vivent-elles plus longtemps que les hommes ?
Car c’est bel et bien une réalité, il existe un écart de plusieurs années dans l’espérance de vie des hommes et des femmes. Cet écart a toutefois fluctué au cours des dernières décennies.
Les femmes vivent en moyenne entre cinq et sept ans de plus que les hommes
“Dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il a ainsi augmenté au cours de la période 1950-1970, puis il s’est réduit dans les décennies suivantes, détaille l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Des travaux avaient suggéré que cela pouvait s’expliquer par une diminution plus rapide de la mortalité due aux maladies cardiovasculaires chez les hommes que chez les femmes, en particulier chez les personnes âgées de 70 à 74 ans, et par une consommation tabagique croissante chez les femmes, de plus en plus similaire à celle des hommes.” Mais depuis la tendance s’est de nouveau inversée, et les femmes ont regagné des années de vie par rapport aux hommes.
Longévité homme-femme : une histoire de chromosomes, vraiment ?
Une étude publiée en 2024 dans la revue JAMA Internal Medicine montre que l’écart entre les femmes et les hommes s’est à nouveau allongé pour atteindre 5,8 ans, son niveau le plus élevé depuis 1996.
Si effectivement, les progrès de la médecine ou les comportements des hommes et des femmes peuvent expliquer pour partie les écarts dans l’espérance de vie des sexes, ils ne peuvent être donnés pour seuls responsables.
“Partout dans le monde, les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes. Cette tendance frappante se vérifie dans presque tous les pays et à toutes les époques", expliquent ainsi les scientifiques allemands qui ajoutent que “les causes sont profondément ancrées dans l'histoire évolutive et peuvent être observées chez de nombreuses espèces animales.”
Les femelles singes vivent plus longtemps que les mâles, mais c’est l’inverse chez les oiseaux !
“Chez les mammifères, les femelles vivent généralement plus longtemps ; par exemple, chez les babouins et les gorilles, elles survivent souvent aux mâles. Pourtant, ce schéma n'est pas universel : chez de nombreux oiseaux, insectes et reptiles, les mâles sont le sexe le plus longévif.”
Face à ce constat, des travaux précédents avaient mis en avant le rôle des chromosomes dans la longévité : en effet, chez les mammifères, les femelles possèdent deux chromosomes X, tandis que les mâles n'en possèdent qu'un X et un Y, on dit alors du mêle qu’il est le sexe hétérogamétique. Chez les oiseaux en revanche, ce sont les femelles qui sont le sexe hétérogamétique. Les gènes pourraient-ils expliquer ces écarts de longévité ? C’est l’hypothèse soutenue ces dernières années, mais elle n’est pas suffisante d'après les chercheurs allemands qui ont passé au crible près de 2 000 espèces d’oiseaux et de mammifères et ont constaté des disparités chez des animaux ayant pourtant les mêmes caractéristiques chromosomiques.
Et c’est à ce point que les chercheurs allemand avancent une autre hypothèse : la longévité dépend aussi de la vie amoureuse et parentale.
Les femelles mammifères vivent plus longtemps car elles s’occupent de leurs petits !
“Chez les mammifères polygames soumis à une forte compétition, les mâles meurent généralement plus tôt que les femelles. De nombreux oiseaux, en revanche, sont monogames, ce qui signifie que la pression concurrentielle est plus faible et que les mâles vivent souvent plus longtemps.” A cela s'ajoute un autre élément clé du vieillissement : les “enfants”.
Les chercheurs ont constaté que le sexe qui investit le plus dans l'éducation de sa progéniture – chez les mammifères, il s'agit souvent des femelles – a tendance à vivre plus longtemps.
Mises bout à bout, toutes ces causes identifiées peuvent expliquer ces écarts de longévité qui existent chez l’humain depuis la nuit des temps et ce quel que soit le lieu de la planète où il vit. “Ces résultats suggèrent que les différences de durée de vie entre les sexes sont profondément ancrées dans les processus évolutifs, façonnés par la sélection sexuelle et l'investissement parental, concluent les anthropologues allemands. Les différences entre les sexes ne sont donc pas seulement le produit de l'environnement, mais font partie intégrante de notre histoire évolutive – et elles perdureront très probablement à l'avenir.”
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Communiqué de presse de l’Institut Max Planck d'anthropologie évolutive, octobre 2025.